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Le FMI devrait entériner l'entrée du yuan dans son panier de devises

29 novembre 2015, 12:07

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Le FMI devrait entériner l'entrée du yuan dans son panier de devises

Le Fonds monétaire international (FMI) devrait entériner lundi l'entrée du yuan chinois dans son panier de devises qui sert à déterminer la valeur des droits de tirage spéciaux (DTS), son unité de compte.

 

Le conseil d'administration du FMI doit se réunir dans la journée de lundi pour se prononcer sur la recommandation de ses experts faite le 13 novembre. Ceux-ci s'étaient prononcés pour l'entrée du yuan dans ce panier, aux côtés du dollar, de la livre, du yen et de l'euro.

 

Il est très rare que le conseil d'administration, qui représente les 188 Etats membres de l'institution, aille à l'encontre des recommandations de ses propres experts. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, avait indiqué à la mi-novembre qu'elle soutenait elle-même cette recommandation.

 

Même si elle est favorable, la décision ne sera pas applicable avant fin septembre 2016 pour donner le temps aux acteurs financiers de se préparer au changement.

 

La dernière modification dans la composition des DTS remonte à 2000 quand la monnaie unique européenne avait remplacé le franc et le deutschemark.

 

La question qui reste toutefois en suspens est la pondération qu'obtiendra le yuan au sein du panier. Elle pourrait aller de 10% à 16% mais l'hypothèse basse semble la plus probable en raison de la convertibilité encore limitée de la devise chinoise.

 

Depuis la dernière révision de cette pondération en 2010, le dollar américain compte pour 41,9%, l'euro pour 37,4%, la livre britannique pour 11,3% et le yen japonais pour 9,4%. Cette pondération est basée sur la valeur des exportations de biens et de services pour le pays ou la zone monétaire qui émet chaque devise composante pour les cinq années qui ont précédé la révision (les précédentes avaient eu lieu en 2000 et 2005).

 

L'arrivée du yuan sera donc l'occasion de procéder à une nouvelle révision.

 

- Réussite diplomatique -

Mais l'entrée de la devise chinoise est surtout une réussite diplomatique majeure pour Pékin qui se voit ainsi consacré au rang des économies mondiales dominantes. Le vote des Etats-Unis, premier bailleur de fonds du FMI, sera donc étroitement observé, ainsi que les réactions politiques.

 

Washington accuse régulièrement les autorités chinoises de sous-évaluer leur monnaie pour favoriser leurs exportations. Si le ton s'est un peu adouci récemment, il n'en reste pas moins que son niveau est toujours considéré par l'administration américaine comme ""inférieur à sa juste valorisation sur le moyen terme", selon le dernier rapport officiel sur le sujet.

 

Paradoxalement, la dernière dévaluation du yuan en août dernier avait été plutôt bien accueillie par le FMI car elle renforçait l'importance des mouvements de marché dans la valorisation de la monnaie chinoise et ouvrait donc la porte à une future réévaluation. 

 

Pékin vient aussi d'autoriser l'accès des banques centrales étrangères au marché des changes chinois ce qui devrait favoriser l'internationalisation de sa devise dans les échanges mondiaux.

 

Selon l'agence de notation financière Fitch, l'inclusion du yuan, également appelé renminbi, au sein des DTS est probable mais ne devrait toutefois "pas conduire à un changement matériel de la demande pour des actifs libellés en renminbi mondialement". Elle pourrait toutefois aider à la solidité de la note de la Chine à long terme, selon l'agence.

 

La décision du FMI, si positive, risque d'être mal accueillie au Congrès américain, en pleine campagne présidentielle. Un congrès qui refuse par ailleurs obstinément de ratifier la réforme du FMI, votée en 2010, visant à donner plus de poids en son sein aux grands pays émergents comme la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil et l'Afrique du Sud.