Publicité

Abattage de chauves-souris: le Washington Post critique Maurice

24 octobre 2015, 11:54

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Abattage de chauves-souris: le Washington Post critique Maurice
Ils ne comptent pas lâcher l’affaire. La Mauritian Wildlife Foundation (MWF) a tenu une conférence de presse hier, vendredi 23 octobre. Le but : dissuader les autorités de procéder à l’abattage des chauves-souris. Le Dr Vikash Tatayah de la MWF a fait part des conclusions de plusieurs études menées sur les chauves-souris. De plus, des pétitions organisées à Maurice et en Allemagne contre l’abattage des chauves-souris mauriciennes ont rassemblé plus de 18 000 signatures.
 
Dans la presse internationale, d’ailleurs, l’information a aussi été relayée. En effet, le Washington Post a consacré un article intitulé «The island that was once home to the Dodo wants to kill off thousands of protected bats» à la cause des chauves-souris de Maurice. Un article qui ne fait pas l’éloge de la décision de l’État. 
 
Rejoignant l’opinion de la MWF, l’article condamne l’abattage imminent des chauves-souris, en rappelant que «it wouldn’t be the first time human actions have threatened a Mauritian animal», faisant bien entendu référence au dodo. Et d’ajouter que les Mauriciens devraient être conscients des retombées d’abattages d’animaux sauvages.
 
La presse américaine a également évoqué le boycott des fruits en provenance de Maurice, dans le cas où cette pratique serait adoptée. Cela, par le biais de Ryszard Oleksy, un chercheur de l’université de Bristol impliqué dans l’étude de l’impact des chauves-souris sur les arbres fruitiers à Maurice. «People can punish this kind of decision and boycott the fruit, because [nobody] wants to buy fruit from an industry which is so destructive to the environment» a-t-il déclaré. «That’s one thing which I think is our last resort.»

 

«En état d’extinction»

 
Classées comme «vulnérables» par l’International Union for Conservation of Nature, les chauves-souris de Maurice pourraient se voir libellées comme «en état d’extinction» si l’Etat va de l’avant avec leur abattage. Selon le Dr Vikash Tatayah, cette espèce endémique pourrait même disparaître. En effet, la chauve-souris frugivore de Maurice, «Pteropus niger», est présente à Maurice uniquement, les populations de cette espèce à Rodrigues et à La Réunion ayant disparu.
 
Déjà, affirme la MWF, les chauves-souris sont grandement affectées par les cyclones. «60 % à 90 % de la population peut disparaître lors d’un cyclone.» Ainsi, à l’approche de la saison cyclonique, une élimination de 20 % de la population pourrait à jamais effacer ces animaux de Maurice, «d’ailleurs nous serons le premier pays à éliminer 20 % de la population d’une espèce endémique».

 

Les femelles portent leurs petits

 
De plus, si l’abattage se fait durant les cinq prochains mois, il y a un risque que de jeunes chauves-souris perdent la vie, explique le Dr Vikash Tatayah. Car à cette période de l’année, les femelles mettent au monde leurs petits et les portent durant quatre mois.
 
Quant aux chiffres avancés par le gouvernement, la MWF affirme qu’ils sont erronés. Le gouvernement fait état de plus de 90 000 chauves-souris à Maurice, alors qu’en 2013 il annonçait 55 000. La MWF explique que cela ne serait pas scientifiquement correct. 
 
En effet, en assumant que 50 % de la population est constituée de femelles et que chaque femelle met au monde un petit sans qu’il n’y ait de mortalité à la naissance, le chiffre passerait difficilement de 55 000 à plus de 90 000 en deux ans, disent-ils. «Il y a eu erreur car il y a moins de 50 000 chauves-souris à Maurice.» 
 
La meilleure méthode de contrôle, selon l’organisation, est d’utiliser des filets et que les arbres soient plus bas car les chauves-souris ne volent qu’à haute altitude.
 
Qui plus est, souligne le Dr Vikash Tatayah, il y a d’autres animaux qui sont responsables de la baisse dans la production de fruits, notamment les rats, les oiseaux et le gaspillage. «Avec un arbre trop grand, les fruits se trouvant en haut de l’arbre sont très rarement cueillis et sont gaspillés.»