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Kavi Ramano, député mauve: «La liberté d’expression n’est pas respectée au MMM»

17 mars 2015, 08:18

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Kavi Ramano, député mauve: «La liberté d’expression n’est pas respectée au MMM»

 

Devenu depuis peu la bête noire du MMM, Kavi Ramano campe sur ses positions. Estimant avoir agi comme un vrai militant, le député mauve soutient que le parti doit se réformer. Il s’est confié à l’express...

 

Content ? Il semble que vous ayez finalement échappé à une sanction de la direction du MMM…

La question de sanction ne se pose pas. Je considère avoir réagi comme un militant respectueux de la constitution du parti. J’ai soulevé des questions posées par la base devant l’instance qu’est l’assemblée de délégués. J’ai donc été grandement étonné que la crise au MMM fi gure à l’agenda du bureau politique de lundi, plusieurs dirigeants ayant exprimé leur désaccord quant à la prise de position de Steve Obeegadoo et de moi-même la veille.

 

Un comité central spécial a donc été convoqué pour le mercredi suivant. Le leader a ainsi annoncé qu’il allait venir avec des recommandations car il estimait que le bureau politique ne pouvait fonctionner de la sorte.

 

L’assemblée de délégués du dimanche 22 mars ayant été annulée, seul le comité central pouvait se pencher sur notre cas. À la surprise générale, tout le monde a appris qu’il n’a jamais été question de sanctions.

 

Je ne saurais dire si ça a été l’oeuvre d’une certaine presse passant dans une phase d’hystérie. Il y a ensuite eu la conférence de presse où il a été annoncé qu’en temps normal, Steve et moi-même allions être sanctionnés mais qu’on passait l’éponge.

 

Qu’auriez-vous fait à la place de Paul Bérenger pour redresser le MMM ?

Toute personne, toute organisation doit nécessairement faire une remise en cause. Le temps n’est plus à l’idolâtrie, ni à la vénération. En tant que Mauricien ordinaire, je crois sincèrement que pour progresser, il faut avant tout avoir le courage, l’honnêteté et la volonté d’identifier ses faiblesses. En politique, il n’y a pas de place pour le dogmatisme. Il est plutôt l’apanage des religions.

 

Personne ne détient la vérité. Il faut savoir valoriser l’homme. Le MMM a des valeurs qui ont fait la fierté du parti. La situation est grave. Cessez de nous dire que l’échéance électorale est proche. Que sir Anerood Jugnauth arrive en fin de règne. Que l’alliance Lepep vit ses derniers jours.

 

Si on tombe dans cette facilité d’analyse, alors le danger serait qu’on revienne avec ces réflexes communaux et castéistes. De cette obsession maladive de donner l’impression de venir avec des nominations arc-en-ciel pour des raisons purement électoralistes...

 

Vous ne chercherez pas à être sanctionné par hasard ?

 

La question qu’on est en droit de se poser est pourquoi il y a quatre adjoints au leader ? Pourquoi huit adjoints au secrétaire général ? En l’absence d’un programme de relance défi ni et d’un calendrier de mise en oeuvre, l’on ne peut s’empêcher de remettre en cause certains choix bien que certains camarades n’aient pas démérité.

 

Je le dis sans détour : oui la réforme du MMM est une question de vie ou de mort. Il importe peu pour moi de savoir quel sera mon avenir politique. Ou celui de Steve Obeegadoo ou de Paul Bérenger. Nous devons un langage de vérité à ce parti qui a 45 ans et qui a été la raison d’être politique, sociale et humaine de plusieurs générations. À ces milliers de familles qui croient encore dans ces valeurs universelles dont le MMM a été le porte-drapeau.

 

Les raisons ethnocastéistes ont-elles toujours cours au MMM ?

Savez-vous que pour les élections internes du parti, une organisation sectaire s’est permise d’appeler certains de nos membres pour faire campagne pour un dirigeant ? On brandit la démocratie et la lutte pour le respect des droits fondamentaux qu’est la liberté d’expression alors qu’ils ne sont mêmes pas respectés au sein du MMM. La direction du MMM a fait preuve d’arrogance et d’intolérance, ce qui a irrité les Mauriciens.

 

Notre relation exécrable avec la presse, qui traditionnellement considérait le MMM comme le partenaire de lutte pour la démocratie, confirme cette intolérance hystérique... En période électorale, on s’est même permis de boycotter certaines émissions radios en raison de présumés journalistes mercenaires. L’arrogance des chiffres et des pourcentages électoraux a fini par effrayer cet électorat non partisan mais réceptif aux valeurs du MMM.

 

Cette arrogance et cette intolérance ont fait s’éloigner nos partenaires sociaux que sont les syndicats, les ONG et autres qui nous considéraient comme un frère d’armes. Le MMM a décidé d’accéder au pouvoir par les urnes. C’est vrai, le système électoral nous a poussés à faire des alliances contre nature par le passé. Nous avons compromis nos valeurs.

 

L’assemblée de délégués a voté pour le Remake, sans le Remake et l’alliance avec le PTr. Elle continue à dire oui à Paul Bérenger. Est-ce normal ?

Je me pose aussi la question... Les résultats des dernières élections démontrent que cette assemblée n’est pas représentative de l’électorat.

 

La réforme doit impérativement commencer au sein du MMM bien que cela mette en danger la zone de confort de certains. Des camarades évitent de froisser le «bezer caractère» du leader mais nombreux sont ceux à exprimer leur ras-le-bol sur certaines décisions. Dire que la démocratie interne est nécessaire est salutaire. Il faut juste savoir accepter les opinions contraires.

 

Le MMM accuse les francs-maçons de vouloir torpiller sa direction. À quelle loge appartenez-vous ?

(Rires) Une telle explicationme fait rire. Demain, onaccusera les extraterrestres.En 2005, la défaite avait étéattribuée au jeune âge dePravind Jugnauth. En 2010,c’était la force de l’argent. En 2014, c’était à cause de Navin Ramgoolam et du PTr.