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Raja Pillay:«Vishnu m’a ouvert des portes»

28 février 2015, 14:08

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Raja Pillay:«Vishnu m’a ouvert des portes»

Raja Pillay, consultant aux casinos de Maurice, est un des rares nommés à ne pas cacher ses accointances politiques. Si le ministre des Finances lui a offert des opportunités tant dans le passé qu’aujourd’hui, son application, insiste-t-il, a fait le reste.

 

Ce septuagénaire, frère aîné de Megh Pillay, directeur de la State Trading Corporation, ne tient pas compte des dates. Si bien qu’il a du mal à se raconter chronologiquement. Ce qu’il laisse entendre, c’est qu’il a fait beaucoup de choses dans sa vie, notamment qu’il a été directeur de la compagnie nationale de transport, à la Meat Authority, du Mauritius Standards Bureau, président du comité de censure, Managing Director de SIC Management. Tout comme il a été le fondateur et le premier propriétaire des journaux Le Défi Maurice Soir.

 

Une passion commune pour la mécanique

 

Ancien élève du collège Royal de Curepipe, il a frayé pendant un certain temps avec le MMM. Lorsqu’on lui demande d’où vient son accointance avec Vishnu Lutchmeenaraidoo et s’il est vrai qu’il était le mécanicien de ce dernier, comme le prétendent les mauvaises langues, Raja Pillay explique qu’un ami et lui se sont, pendant un temps, intéressés à la mécanique.

 

Le but étant d’améliorer une voiture qu’ils avaient achetée et qu’ils retapaient chez lui. «Nous avons travaillé sur ce véhicule pendant deux à trois ans rien qu’à partir de connaissances livresques. C’était ma passion. Mais ce n’est pas vrai de dire que j’étais le mécanicien de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Lui, c’est un ami de longue date. Les gens disent n’importe quoi. Mais même si cela avait été vrai, il n’y a rien de dégradant dans le fait d’être mécanicien

 

Son autre passion, dit-il, était la culture de pommes de terre et de pommes d’amour en interlignes dans les champs de cannes. Et comme gagne-pain, il achetait des terrains qu’il revendait. «J’ai gagné ma vie honnêtement.»

 

Comme à l’époque, il sort beaucoup et fréquente le Casino Cabaret Club, il se lie d’amitié avec Roland Ferrat, directeur du Casino de Curepipe. C’est ainsi qu’il s’intéresse aux jeux. Apprenant qu’un poste de Personnel Manager y est vacant, il en parle à Vishnu Lutchmeenaraidoo qui est à l’époque ministre des Finances, et celui-ci le parraine. Raja Pillay est recruté.

 

Fascination pour le jeu

 

En sus du travail administratif, il est fasciné par l’univers des jeux et veut connaître son fonctionnement. Il travaille alors sept jours sur sept pour mieux apprendre les métiers liés. «À travers Vishnu, j’ai demandé à rencontrer Peter White, le directeur général de Lonrho à Maurice, afin de pouvoir être parrainé pour un stage au sein du groupe Métropole, filiale de Lonrho qui détient des casinos à Londres, Manchester, Brighton et dans d’autres villes.»

 

Stage qu’il obtient. C’est ce qu’on appelle être bien connecté, non ? «On peut le dire ainsi. C’est vrai que Vishnu m’a ouvert la porte des opportunités, mais je me suis appliqué aussi.»

 

Le fondateur des Casinos de Maurice comme gourou

 

Pendant un an, il fait le tour des casinos de ce groupe, se familiarisant tant avec les différents métiers liés aux jeux qu’à l’administration. «J’ai eu pour gourou John Harris, celui qui a fondé les Casinos de Maurice et ma formation a été celle d’un Casino Manager.» À son retour au pays, le casino de Trou-aux-Biches est en faillite. Il y est envoyé pour y mettre bon ordre. Il relève ses manches et applique ce qu’il a appris en Grande-Bretagne. «Au bout de trois mois, les chiffres ont repris. On a éliminé les gaspillages et mis un frein aux vols

 

Il renvoie ceux qui avaient été complices du management, mais reprend une douzaine d’entre eux du fait qu’ils connaissaient bien le métier, tout en les ayant à l’oeil. «Je suis connu pour être quelqu’un de très rigide. Pour moi, payer les employés n’est pas un problème. Il faut cuire le gâteau d’abord. Au bout de six mois, j’étais en mesure d’aligner des profits, de payer toutes les dettes, de verser les salaires quatre jours avant et de payer les bonis», relate Raja Pillay. 

 

Lorsque son ami Vishnu Lutchmeenaraidoo démissionne en 1990, il est mis à la porte le jour même. «Notre confiance mutuelle est illimitée et s’il tombe dans le précipice, je l’y suis», explique-t-il. Il redevient alors le businessman qu'il était, jusqu'à ce que son ami reprenne du service au ministère des Finances, en décembre dernier. 

 

Le poste de Chief Executive Officer (CEO) des Casinos de Maurice est publié dans les journaux, mais il n’est pas candidat, bien qu’il se considère «le meilleur choix et le plus apte pour le poste. Maintenant que j’ai une femme et deux adorables enfants (NdlR : il est marié à Roshnee qui lui a donné un garçon de 13 ans et une fille de 11 ans) je ne veux pas les sacrifier sur l’autel des Casinos de Maurice. J’ai simplement offert mes services à Vishnu et j’ai eu un contrat de consultant pour six mois».

 

Une situation catastrophique

 

Il ignorait cependant, en prenant le poste, que la situation serait aussi «catastrophique». Il est choqué notamment par un personnel surnuméraire d’au moins 20 %, par des postes fictifs créés et rétribués «entre Rs 40 000 et Rs 60 000 alors qu’on ne sait pas ce que ces personnes faisaient. Le gouvernement subventionne les casinos par Rs 75 millions annuellement. C’est le couvent quoi ! Le syndicat et le rapport Gujadhur qui a recommandé le paiement d’une augmentation salariale de 16 % en 2014 ont porté un coup fatal aux Casinos de Maurice. Je ne suis pas contre le fait de payer, mais il faut produire d’abord», répète-t-il.

 

Entre 2008 et 2009, les Casinos de Maurice ont commencé à piquer du nez. «En 2007-2008, les casinos faisaient Rs 42 millions de profits. Selon le rapport Fokkan, ce chiffre est ensuite passé à Rs 5 millions. La dégringolade s’est poursuivie, et les pertes selon le rapport Gujadhur en 2014 sont estimées à Rs 111 343 769. C’est pour toutes ces raisons que je parle de situation catastrophique», soulève le consultant. 

 

Nouveau casino dans le Nord

 

Son rôle sera de remettre sur les rails les quatre casinos qui appartiennent encore à l’État. En attendant qu’un CEO soit recruté – Raja Pillay pense que c’est l’affaire d’un mois –, il commencera par nommer un directeur des ressources humaines. Ensuite, il déplacera le casino de Flic-en-Flac, qui est au sous-sol de Spar et qui a dû fermer il y a une semaine en raison d’inondations.

 

«Il me faudra trouver un autre emplacement attrayant entre Tamarin et Flic-en-Flac pour déplacer ce casino». Estimant que c’était une «erreur» de l’ancien gouvernement de vendre le casino de Trou-aux-Biches, il compte chercher un autre emplacement dans le Nord pour ouvrir un nouveau casino. «La tâche est gigantesque. Mais tout sera fait dans la transparence», promet-il.

 

Six mois suffiront-ils pour conseiller le CEO et faire en sorte que les casinos de Maurice retrouvent leur santé financière d’antan ? «Vishnu croit dans mes capacités. Je ferai tout mon possible…»