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Joe Lesjongard: «Jeeha ne mérite pas d’être leader adjoint du MMM»

28 février 2015, 12:48

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Joe Lesjongard: «Jeeha ne mérite pas d’être leader adjoint du MMM»

Le député du n°14 Joe Lesjongard n’y va pas par quatre chemins. Paul Bérenger et les dinosaures du parti du coeur doivent céder la place aux jeunes. Il déplore certaines nominations et déclare que Kavi Ramano aurait été un meilleur choix que Pradeep Jeeha comme leader adjoint.

 

Tout le monde en parle. Quand comptez-vous quitter le MMM ?

Je suis et je reste un député du MMM. J’ai été élu dans la circonscription n°14 principalement, grâce à l’électorat du MMM. Cela n’a pas été un exercice facile. Alan Ganoo a été le fer de lance du triplé gagnant de la défunte alliance PTr-MMM et je ne peux que l’en remercier.

 

Depuis mon retour au pays cette semaine, je me suis fait un devoir de rencontrer des têtes pensantes au n°14. Je ne vous cacherai pas qu’il y a un mécontentement, pour ne pas dire un malaise, visà-vis du parti. J’ai donné la garantie que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir afin que la situation retourne à la normale au MMM.

 

Qu’est-ce qui ne va pas au MMM ?

Il y a un enchaînement d’événements… Dans une interview à l’express en mai 2014, j’avais fait ressortir que les militants n’étaient pas prêts à accepter n’importe quoi pour remporter les élections. J’avais aussi affirmé qu’il n’y avait pas d’hémorragie au sein de la base mais plutôt une démobilisation. Neuf mois plus tard, je ne peux que constater qu’il y a désormais un début d’hémorragie…

 

Depuis votre départ du MSM, vous confirmez votre statut d’éternel insatisfait…

J’ai ma liberté de pensée. Si je prends position, c’est parce que j’ai à coeur l’avenir du parti. Durant la dernière campagne électorale, j’ai rencontré beaucoup de jeunes militants. Tous s’attendent à une réforme en profondeur au MMM. Afin que les principes fondamentaux du parti priment. 

 

Si j’ai rejoint le MMM,c’est avant tout parce que je me suis retrouvé dans ses valeurs. Il y a aujourd’hui un rejet total de notre électorat traditionnel vis-à-vis de certaines pratiques qui ont perduré au sein du parti…

 

Êtes-vous aussi en train d’évoquer les nominations faites sur la base de la communauté la semaine dernière ?

Une telle orientation fait déjà face à l’opposition de notre électorat. Il nous faut retourner à nos valeurs premières : enn sel lepep, enn sel nation. Beaucoup au sein du MMM ne sont pas d’accord avec les manœuvres du leader et du secrétaire général autour de l’élection du comité exécutif. Certains noms étaient déjà connus sur la place avant même cet exercice. Je ne suis pas le seul à le penser : il faut revoir la constitution de cet exécutif.

 

L’électorat est en train de contester les décisions de son leader. C’est la première fois qu’on fait face à une telle situation. L’électorat a toujours été aux côtés de celui-ci dans les pires moments de l’histoire du MMM.

 

Qui le leader écoute-t-il ? Prend-il seul des décisions ?

Cette question est secondaire. Si je vous accorde cette interview, c’est pour m’adresser à cet électorat qui a des attentes. Je ne peux que leur dire : comptez sur nous pour que le parti renoue avec ses valeurs…

 

Êtes-vous en train de créer un parti au sein d’un parti ?

La direction choisie n’est pas celle qui regarde l’avenir avec sérénité. Elle n’est pas celle qui veut faire vivre l’espoir chez nos partisans. Je suis en opposition avec certaines décisions prises récemment au sein du MMM.

 

Avez-vous accepté votre nomination au bureau politique ?

Non. Il faut mériter sa place. J’ai été élu à la 7e place au comité central mais je n’étais pas parmi les 20 au bureau politique. Il y a eu une forte opposition du leader pour coopter des députés. Il a raison. Il faut respecter le verdict des urnes. De 2006 à 2014, une quinzaine de membres ont été cooptés au bureau politique et ce n’était pas normal.

 

Qu’avez-vous à dire sur le cas Jean-Claude Barbier ?

Je suis triste pour lui. Je pense que les deux camarades qui ont été délégués par le bureau politique pour régler le problème n’ont pas fait leur travail comme il le fallait. Il y a eu un cafouillage énorme.

 

Jean-Claude Barbier a annoncé que d’autres allaient lui emboîter le pas ? Qui sont-ils ?

Je ne sais pas. Tout ce que je sais c’est qu’il y a un mécontentement à tous les niveaux au MMM.

 

Le coeur n’y est plus ?

Effectivement. Il y a d’abord eu l’intervention d’Alan Ganoo au comité central. Ensuite est survenu le refus de Kavi Ramano et Steeve Obeegadoo d’être nommés adjoints au secrétaire général. Il y a maintenant le départ de Jean-Claude Barbier et les remous au sein de différentes branches et comités régionaux. Sans compter la démobilisation de notre électorat…

 

Parlez-nous des choix faits par Paul Bérenger depuis l’an dernier.

Beaucoup de ses choix ont fait du tort au parti. Il est temps pour lui de reconnaître sa part de responsabilité. La grandeur d’un homme se mesure par ses actions. L’humilité chez un politicien est une qualité que le peuple apprécie grandement.

 

Quelles sont les erreurs tactiques commises par votre leader ?

Notre électorat n’a jamais accepté l’alliance avec le PTr. La raison fondamentale étant la différence de culture. Nous devons arrêter de parler de ce parti en nous rapportant à l’époque d’Emmanuel Anquetil et de Guy Rozemont. Ce temps est révolu. S’il est vrai que Navin Ramgoolam a été l’élément clé de la défaite au scrutin du 10 décembre, nous aussi nous devons assumer notre part de responsabilité. En toute humilité. Afin que notre électorat nous pardonne cette erreur.

 

Quelle est la part de responsabilité de Paul Bérenger ?

Tout le monde a sa part de responsabilité dans cette défaite. Beaucoup d’entre nous, au parti, accumulons des non-dits depuis la défaite. Nous devons commencer à en parler.

 

Vous penchez pour une séance de psychanalyse…

(rires) L’analyse de notre défaite a été un travail bâclé. Il est important de constituer un comité de personnes d’expérience pour travailler dessus et venir avec des recommandations.

 

Êtes-vous prêt à dire «oui patron» à Pradeep Jeeha ?

(sourire) Le cas Jeeha est fort intéressant à étudier. Sincèrement, il ne mérite pas sa place de leader adjoint. Car l’une de nos valeurs est la méritocratie. Y en a-t-il eu dans son cas ? Kavi Ramano aurait été le choix idéal. C’est un avis largement partagé par l’électorat du MMM au vu de la performance de Pradeep Jeeha durant ces dix dernières années.

 

Quant à Reza Uteem et Deven Nagalingum, l’électorat adhère. Pour ce qui est d’Arianne Navarre-Marie, elle a voulu se mettre en retrait à un moment donné. Sinon je n’arrive toujours pas à comprendre l’utilité de nommer six secrétaires généraux…

 

Qu’est-ce qui serait l’idéal pour donner un coup de fouet au MMM ?

Le MMM est un grand parti. Il a dévié de ses principes fondamentaux au fil des années. Il y a des raisons : il s’est retrouvé dans des situations où il a dû faire alliance avec des partis n’épousant pas sa philosophie. Beaucoup de compromis ont été faits.

 

Moi, j’aspire à ce que le MMM retourne à ses racines. Le MMM a une histoire. Il a un combat à mener. Paul Bérenger représente l’histoire. Les anciens et lui-même doivent laisser la place aux jeunes. Afin que ces derniers reprennent le flambeau. Le MMM retrouvera alors sa sérénité et une synergie avec son électorat.