Publicité

Maya Hanoomanjee candidate MSM de l’alliance Lepep «La MBC est bannie jusqu’à nouvel ordre»

16 novembre 2014, 12:44

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Maya Hanoomanjee candidate MSM de l’alliance Lepep «La MBC est bannie jusqu’à nouvel ordre»

Semaine à plein gaz pour la team Lepep : annonce des candidats, meeting à la lacrymo et boycott de la MBC. Et si la campagne avait enfin démarré ?

 

 


Sur les 60 candidats annoncés hier, à combien confieriez-vous vos petits-enfants ?
À tous ! Je leur fais tous confiance. C’est une liste de vainqueurs, avec un bon mélange de jeunes et  d’anciens, de fraîcheur et d’expérience.

 



L’atout numéro un ?
Sir Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo.

 



Que vous inspire la présence de Raouf Gulbul ?
Je ne le connais pas personnellement mais j’apprécie ses analyses. Ce monsieur est une excellente recrue.

 



Que manque-t-il à cette liste ?
J’aurais aimé voir plus de femmes pour que cette liste soit totalement parfaite.

 



Pourquoi Hervé Aimée vous a-t-il dit non ?
Je ne sais pas. Lui a-t-on vraiment offert un ticket ? Je n’en suis pas sûre.

 



J’ai droit à combien de questions avant d’être éjecté de votre canapé ?
(Souriante) Autant que vous voulez. J’ai planifié mon emploi du temps en fonction de vous, il n’y a pas de problème.

 



Vous êtes de meilleure humeur qu’en début de semaine, on dirait.
Écoutez, je n’ai ni insulté ni intimidé personne. J’ai été bien plus gentille qu’on ne l’a dit avec les journalistes de la MBC.

 



C’est quoi votre définition de la gentillesse ?
Laissez-moi vous raconter ce qui s’est réellement passé. Avant que le congrès ne commence, alors que nous étions en train de préparer la salle, un activiste m’interpelle. Il était furieux : «Qu’est-ce que la MBC fait là ?» Je vais voir le cameraman en train de filmer, je lui pose la question gentiment. Il ne me répond pas, regarde son collègue et me renvoie un sourire narquois. Je leur dis une première fois qu’il est préférable de partir. (Elle mime la scène d’une voix douce) «Messieurs, je n’ai rien contre vous, je sais que vous avez reçu des directives mais nos sympathisants sont hostiles à votre présence. Pour votre sécurité, je préfère que vous partiez.»

 

 


Mais ils ne sont pas partis…
Ils ont fait semblant. Dans un premier temps, ils ont effectivement quitté la salle. Un peu plus tard j’entends la foule gronder, je comprends qu’ils sont revenus. C’est là que je leur redemande, au micro cette fois, de bien vouloir partir. «Vo mie ale parski nou pa finn fer invitasion.» C’est ce que j’ai dit, ce n’est pas insultant. La foule était remontée, je ne voulais pas que mon congrès dérape. S’il y avait eu un incident, j’aurais été responsable.



 

En gros, la MBC aurait dû vous remercier.
Complètement !



 

Vous n’en faites pas un peu trop ?
J’ai voulu les protéger. Ils sont gentiment partis et tout s’est bien passé.



 

D’où le proverbe : «Maya, zame linn fail» ?
(Le ton monte) Zot ki fail totalman ! La MBC est censée être une télévision, pas la vitrine du pouvoir.

 



Dan Callikan voit les choses différemment. Pour lui, votre attitude est «une attaque directe et brutale contre la liberté d’informer».
(Ferme) Depuis quand la MBC fait-elle de l’information ? C’est une machine à  propagande. Chaque soir, c’est la même histoire : la MBC désinforme le pays en images et manipule l’opinion publique. Tout le monde le sait, tout le monde s’en plaint, y compris Paul Bérenger. Il y a quelques mois, il traitait M. Callikan de tous les noms. «MBC pa mem pass mo moustas», disait-il quand il était avec nous.

 



Aujourd’hui, il estime que vous avez «piqué une crise»…
D’abord, je n’ai aucune leçon à recevoir de ce monsieur. S’il n’était pas en alliance avec le Parti travailliste, Bérenger aurait fait pire que moi, il aurait massacré la MBC. (Elle fulmine à voix basse) Hanoomanjee a piqué sa crise, non mais franchement… Il en pique combien par jour, lui ? Vous l’avez entendu comme moi quand il a fait sa crise sur le DPP. Mardi, il s’est fait l’avocat de la MBC. Jeudi, il est tombé sur Dan Callikan. Le renouvellement de son contrat, pourtant, ne lui a pas posé problème. Cet homme change d'avis tous les jours, il me dégoûte. Le pire, c’est qu’il aspire à devenir Premier ministre. Un jour ou l’autre, il faudra qu’il examine sa conscience.

 

 


Allez-vous interdire à la MBC l’accès à vos congrès ?
Absolument, je ne veux plus les voir. La MBC est bannie jusqu’à nouvel ordre. Pour le MSM et l’alliance, les leaders décideront. Pour moi, c’est tout vu : ils sont bannis de mes réunions et congrès.

 



Jusqu’à quand ?
Jusqu’à ce que mon parti me donne une directive contraire.

 

 


L’express, Radio One et maintenant la MBC. Le MSM souffre de «boycottite» aiguë. Est-ce qu’au moins vous vous soignez ?
Tant qu’un média opère dans les paramètres de la loi, le MSM n’a pas de problème.

 



Opérer dans les paramètres de la loi, est-ce ramper à vos pieds ?
Mais pas du tout ! C’est exercer son métier de journaliste avec honnêteté, en faisant du fair reporting.

 



L’unfair reporting, combien de fois vous en êtes-vous offusquée quand vous étiez au pouvoir ?
Il n’y avait pas de manipulation aussi grossière.

 



Combien de fois, s’il vous plaît ?
Ils ne bernaient pas la population à ce point.
 

 


Vous l’avez fait tourner, la «machine à propagande», n’est-ce pas ?
Ce n’est pas vrai, la MBC ne m’a jamais fait de cadeau. Les images de mon arrestation dans l’affaire Medpoint ont tourné en boucle alors que j’étais encore ministre en fonction.

 

 


C’est donc ça, vous avez un vieux compte à régler ?
Pas du tout. Ils ont fait leur travail, je n’ai aucune rancoeur. Dans cette campagne, ils ne font pas leur travail. S’ils étaient restés à mon congrès, ils auraient diffusé des images prises avant l’arrivée des gens. On aurait vu des chaises vides, un chien qui se promène, ils nous font le coup à chaque fois. L’autre jour, au congrès de Xavier-Luc Duval, tout ce qu’il a dit sur les dangers de la IIe République, rien, pas un mot. Ils ont préféré passer l’extrait où il demande à ne pas être interrompu. Ce n’est pas de la désinformation, ça ?

 

 


Donc les voilà bannis. Vous priver d’images, n’est-ce pas suicidaire en pleine campagne ?
Zéro couverture nous fera moins de tort qu’une couverture de la MBC. Comprenez-moi bien : je ne suis pas anti-journaliste. Je suis anti-propagande et donc anti-MBC.

 

 


L’autre incident de la semaine, c’est la bombe lacrymogène au meeting de Nouvelle-France. Vos adversaires vous accusent d’en être à l’origine pour gagner la sympathie des électeurs.
C’est grotesque et mensonger. Quel intérêt aurions-nous à faire une chose pareille ? Gazer nos propres sympathisants serait prendre le risque de les faire fuir, ça n’a aucun sens. Nos adversaires sentent le sol se dérober sous leurs pieds. Ils utilisent la violence, l’arme des faibles.



 

Cela fait neuf ans que vous êtes députée de Savanne–Rivière-Noire (n° 14), est-ce méchant de vous demander votre bilan ?
Du tout. Notez que sur ces neuf années, je n’ai été que 18 mois au gouvernement. Malgré tout, je me suis démenée pour des milliers de gens, je dis bien des milliers : ceux qui ne touchent plus leur pension, ceux que l’on maltraite à l’hôpital, ceux dont les droits ne sont pas respectés... Au Parlement aussi j’ai fait le maximum pour concrétiser des projets. Prenez un village comme Bassin, 9 000 électeurs et il n’y a ni station de police, ni bureau de poste, ni gymnase, ni terrain de foot, je me suis battue pour ça… (on coupe)


 

 

Avec quels résultats ?
Écoutez, j’ai gardé toutes les correspondances...

 



Quels résultats donc ?
La plaine de foot, le ministre Faugoo a dit non. La poste, Pillay Chedumbrum a refusé trois fois. On m’a coupé les ailes.

 

 


Vos détracteurs prétendent que votre proximité avec les habitants est surtout religieuse…
(Outrée) Quoi ? Mais qu’est-ce que vous racontez ?

 

 


Oui, on vous voit lors des prières et basta
(Agacée) Qui vous a dit ça ? C’est un mensonge. C’est bien simple, je suis en campagne électorale toute l’année, demandez à mon mari. Même quand j’étais ministre, je me faisais un devoir de faire du porte-à- porte chaque après-midi. Dans la circonscription, ils n’en croyaient pas leurs yeux : «Ayo madam, premie fwa enn minis vinn divan nou laport !» Je suis présente aussi lors des prières, ça fait partie de la politique.

 

 


Ah bon ?

On m’invite, j’y vais. Tous mes collègues le font, pourquoi pas moi ?

 



Lors des deux dernières élections, vous avez été élue derrière Alan Ganoo. Jamais deux sans trois ?
Non, l’histoire ne se répétera pas. Cette fois je serai élue en tête de liste, Alan Ganoo finira dan karo kann avec ses colistiers. Oui, il aura sa leçon, je vais l’envoyer à la retraite.

 

 


Dites donc, c’est quoi ce ton fanfaron ?
Alan Ganoo est député de la circonscription n°14 depuis presque 30 ans. Il a été ministre pendant 10 ans, dites-moi ce qu’il a fait de concret pour sa région. Rien, il dort depuis 30 ans. À Kennedy, l’eau des égouts s’infiltre dans les maisons, Ganoo est-il seulement au courant ? À Chemin-Grenier, les maraîchers travaillent dans des conditions d’hygiène déplorables. À Rivière-Noire, le dispensaire attend d’être converti en hôpital régional, les habitants du Morne sont obligés d’aller à Candos pour être soignés. Mais ce n’est pas le problème de M. Ganoo, il a mieux à faire depuis 30 ans.

 

 


Vous aurez également face à vous une vieille connaissance, Joe Lesjongard, et un jeune entrepreneur, Ezra Jhuboo. Qui est battable ?
Naaan, ces deux-là sont insignifiants ! La vraie bataille se joue entre Ganoo et moi. Lesjongard est un transfuge, il n’a pas été honnête envers son parti. Nous lui avions fait l’honneur de présider le MSM, il s’est couvert de déshonneur. Comme il n’a pas fait son travail au n° 4 (NdlR, Port-Louis Nord–Montagne-Longue), il se réfugie au n° 14, c’est un double transfuge. Quant à M. Jhuboo, il est très connu à Tamarin mais il s’est mis à dos les forces vives à cause d’un projet immobilier qui va nécessiter la déviation de la route côtière. Soyez patient, les dossiers arrivent…

 

 


Les dossiers ?
(À voix basse) Aujourd’hui même, j’attends un dossier sur M. Jhuboo, entre autres. On verra en temps et lieu ce qu’il faut faire éclater.



 

C’est une menace ?
Une mise en garde.

 

 


En parlant de dossier, pourrait-on consulter les vôtres sur l’affaire Medpoint ?Je vous rappelle, un, que j’ai été blanchie, et deux, que je n’ai pas le droit d’en parler car il y a une affaire contre Pravind Jugnauth. La plupart des choses que j’avais à dire ont été dites aux enquêteurs.

 


 

Et le reste ?
Un jour, j’écrirai peut-être un livre.

 

 

Ce jour-là, qui va mal dormir ?
(Elle hésite un moment) Rajesh Jeetah.

 

 


Si vous n’êtes pas élue, vous aurez du temps pour l’écrire.
Pas élue !? Ça ne m’a pas traversé l’esprit une seconde. J’ai déjà fait dix ans, j’en ferai quinze. Je serai élue en tête de liste, souvenez-vous en.

 


Et vous, vous souvenez-vous que vous étiez à deux doigts de claquer la porte du MSM, l’année dernière?
(Silence) Bérenger ne voulait pas de moi dans le Remake 2000, j’ai senti que mon parti pouvait me sacrifier pour lui plaire. J’ai donc réglé le problème tout de suite avec Pravind et Anerood. Ils m’ont garanti que je serai candidate au n° 14, ils ont tenu parole eux. Après la cassure PTr-MSM en 2011, j’aurais pu intégrer le gouvernement. J’ai refusé sa proposition parce que je ne mange pas de ce pain-là. Je ne veux pas que les gens m’arrêtent dans la rue en me demandant : «Komie milyon tonn gagne ?» De toute façon, je n’ai pas besoin d’être ministre.



 

De quoi avez-vous besoin ?
De dignité et de respect.

 


 

Les millions, non ?
Pas dans ces circonstances. Si je redeviens ministre, ce sera par la grande porte.

 



On termine par la grande porte ?
Dites-moi qui vous a dit pour les prières.