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Amendement transitoire: les débats ajournés après l’intervention de Shakeel Mohamed

7 juillet 2014, 20:15

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Amendement transitoire: les débats ajournés après l’intervention de Shakeel Mohamed

Shakeel Mohamed: «Le BLS n’est pas un monstre»

Le ministre du Travail a fait durer le suspense. Durant toute la première partie de son discours, consacrée au texte de loi visant à amender la Constitution, Shakeel Mohamed a soutenu que le Best Loser System (BLS) était indispensable au pays et a permis «à toutes les composantes de la nation arc-en-ciel d’être représentées au Parlement». Il a notamment évoqué la position de Sir Seewosagur Ramgoolam et celle de Sir Abdool Razack Mohamed, son grand-père, à ce sujet avant l’indépendance.  

 

«Le BLS n’est pas un monstre», a soutenu le ministre. Il n’y avait «aucune garantie que le pays eut connu la stabilité et la paix sans lui», a-t-il ajouté. Il a notamment parlé de «guerre civile» et d’«effusions de sang» qu’aurait pu connaître le pays sans ce système. On aurait pu croire que Shakeel Mohamed allait se prononcer contre cet amendement, mais il a fini par déclarer qu’aujourd’hui, «nous avons atteint la maturité politique, et il est temps d’aller de l’avant». Le député rouge a avoué voir plutôt le BLS «comme une mère qui a porté toutes les communautés composant la société mauricienne en son sein. Maintenant, il est temps que nous volions de nos propres ailes».  

 

Le député a provoqué l’hilarité de l’Assemblée en remerciant «l’honorable leader de l’opposition pour avoir partagé ses pensées durant sa douche». Lui qui a eu nombre de désaccords avec Paul Bérenger par le passé s’est senti «très proche», voire «intime» avec lui suite à cet aveu. Il a également fustigé Nando Bodha, qui a critiqué le patron du MMM car il ne jouerait pas selon lui son «rôle de chef de l’opposition». «Je ne partage pas cette vision limitée», a répondu Mohamed. Selon lui, les parlementaires doivent mettre de côté leurs différends lorsqu’une question d’importance nationale comme celle-ci est d’actualité.

 

Nando Bodha: «Ce n’est pas un grand pas dans l’Histoire»

«Le MSM va voter pour une  raison uniquement : c’est inacceptable qu’un Mauricien ait à déclarer son appartenance ethnique afin de pouvoir participer aux élections.»  C’est ainsi que Nando Bodha a résumé la position de son parti sur l’amendement transitoire. Non sans avoir souligné que ces Transitional Provisions ne sont pas un grand pas comme le soulignent Paul Bérenger et Navin Ramgoolam. «We are supposed de ‘faire bouger les montagnes’. But we are standing on a molehill and declaring that we are making history», a notamment indiqué Nando Bodha.  

 

Ce dernier en veut pour preuve le fait que même Rama Sithanen a déclaré que pour ces prochaines élections, les candidats devraient déclarer leur appartenance ethnique. De plus, a-t-il ajouté, de nombreux autres députés ont indiqué qu’ils continueront à déclarer leur appartenance ethnique. «Que se passera-t-il au Nomination Day, s’est alors demandé Nando Bodha. Qu’avons-nous fait bouger ?»

 

Reza Uteem : «On votera pour renforcer la démocratie» 

Le député MMM s’est réjoui de la présentation de cet amendement transitoire.  Il a notamment décrit cette étape comme un pas vers une île Maurice «as one people, as one nation». Tout en reconnaissant que le Best Loser System a bien servi le pays, Reza Uteem a indiqué qu’il est temps pour une autre formule qui considère la ligne d’un parti politique plutôt que d’élire un candidat selon sa communauté.  «Pourquoi ne peut-on pas donner le pouvoir aux partis politiques de décider qui sont ceux qui auront droit aux sièges additionnels au Parlement selon notre nation arc-en-ciel ?» s’est demandé le député mauve.

 

Reza Uteem n’a également pas manqué de donner la réplique à Pravind Jugnauth et à Xavier Duval. Citant feu Gaëtan Duval, il est revenu sur la proposition du PMSD à l’effet qu’il faudrait un référendum sur la question. Sir Gaëtan Duval, a-t-il indiqué, était contre une telle idée, estimant que c’était une perte de temps et d’argent. De plus, il avait précisé qu’il était contre le Best Loser System mais pour la représentation proportionnelle, a souligné Reza Uteem, alors que Xavier Duval était absent de l’Hémicycle.« Au contraire, a-t-il souligné, c’est dangereux de mener un référendum.»

 

Reza Uteem a aussi déploré les accusations de Pravind Jugnauth à l’encontre de la Commission électorale. « Que ce soit inscrit que le MMM a une confiance totale en les capacités et en l’impartialité de cette commission», a souligné le député.

 

Cehl Meeah : «Il ne faut pas modifier un système qui marche» 

De toutes les interventions des députés au Parlement ce lundi 7 juillet au sujet de l’amendement constitutionnel, celle de Cehl Meeah a été de loin la plus animée. Le leader du FSM, qui a placé son discours sous le signe de Dieu «en ce mois béni du Ramadan», a été très clair : il ne votera pas pour ce texte de loi. «Nous ne devrions pas modifier un système qui a marché aussi bien pendant 46 ans», a-t-il soutenu.
 
Le parlementaire a été le seul, jusqu’ici, à s’élever catégoriquement contre toute idée de réforme et à prendre la défense du Best Loser System. L’objectif de ce système, a-t-il argué, était de protéger les minorités et d’assurer «la paix et la stabilité». Digressant parfois fortement et s’éloignant irrémédiablement du sujet (il a notamment évoqué Israël), le député a été rappelé à l’ordre à plusieurs reprises par le Speaker
 
Certaines de ces phrases ont aussi causé l’ire des autres parlementaires. «Le poste de Premier ministre est-il réservé à une certaine communauté», a-t-il par exemple lancé, ce qui a poussé les membres de l’Assemblée à le houspiller en criant «Shame ! Shame !»
 

Aurore Perraud: «Le flou persiste, la confusion est grande»

«Le flou persiste, la confusion est grande», a pour sa part commenté Aurore Perraud, tout en indiquant que ce texte est «un pas vers la construction d’une nation». Mais qu’il y a toujours un long chemin à parcourir, souligne-t-elle. «Si l’amendement est voté, irons-nous vraiment vers l’élimination du communalisme?»
 
Elle a également mis au défi les politiciens «de faire campagne aux prochaines élections sans prendre en compte les lobbys sectaires». A plusieurs reprises, la députée bleue a été interpellée par le Speaker, qui estimait que son discours était hors sujet. Elle s’est finalement assise après avoir indiqué qu’elle avait «encore beaucoup de choses à dire».
 

Francisco François: «mauricianisme» et «rodrigalisme»

 
Le député rodriguais Francisco François a été beaucoup plus tempéré dans ses idées, tout en étant très expressif physiquement et vocalement. Son temps de parole a été consacré, principalement, à faire l’éloge du Constitution (declaration of community, Temporary provisions) Bill. «Il est temps de dissocier la communauté de la politique», s’est-il écrié. Il a notamment affirmé que «son but» est de permettre l’émergence d’une «nouvelle île Maurice collective». Selon le député, une réforme constitutionnelle devait nécessairement précéder une réforme électorale. Il s’est aussi fait le chantre du «mauricianisme» et du «rodrigalisme». 
 

Thierry Henry: «l’effet collatéral»

 
Prenant la parole à son tour, Thierry Henry a déploré «l’effet collatéral» de cet amendement sur le BLS. Il a profité de l’occasion pour répéter les paroles de son leader, Xavier-Luc Duval, en demandant un référendum. «Avant de modifier la Constitution, il est primordial de demander l’avis du peuple conformément au programme électoral 2012-2015 du gouvernement», a-t-il avancé. Tout comme Aurore Perraud, il a déploré «la confusion de la population à ce sujet» et a dénoncé «la façon dont l’amendement a été préparé, en catimini». Tout en se disant «convaincu qu’il n’est pas nécessaire de déclarer son appartenance ethnique»…
 

Von Mally: «Les communautés qui composent la nation mauricienne sont comme des fleurs dans un beau jardin»

 
Le ministre de la Pêche s’est, lui, lancé dans une apologie plus ou moins inspirée du mauricianisme et de ce projet de loi. Nicolas Von Mally a notamment vanté les mérites de l’amendement. «Les communautés qui composent la nation mauricienne sont comme des fleurs dans un beau jardin», a-t-il clamé.  
 
Usant de la métaphore du sang qui est toujours rouge, il a expliqué qu’il n’y a qu’«une seule race, celle des hommes». Des mots d’esprit ont fusé. Et on lui a fait remarquer que Paul Bérenger avait de son côté affirmé que les hommes ont «tous le même cœur». S’invitant aux débats, le Speaker s’est exclamé : «c’est la guerre des emblèmes !» 
 
Le leader du MR a également émis une étrange proposition : que les candidats n’ayant pas déclaré leur appartenance ethnique et qui seraient éventuellement élus soient classés selon la communauté sous laquelle ils se sont déclarés lors de précédentes élections. Cela éviterait les «problèmes» liés au calcul de la moyenne des Best Losers depuis les élections de 1976.