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Solidarité face à la misère: Angéline vous dit «mersi, mersi, mersi…»

23 décembre 2019, 10:15

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Solidarité face à la misère: Angéline vous dit «mersi, mersi, mersi…»

Claque magistrale. Contraste saisissant. À cité Florida, Baie-du-Tombeau, la maison grise, fade, terne, triste, a pris des couleurs. Les murs sont peints en vert, et rose. Le plus radieux ? Le visage d’Angéline Baptiste, 27 ans. Ses larmes ont cédé la place à un sourire qui prend aux tripes.

Cette jeune femme avait livré un témoignage poignant lorsque nous l’avions rencontrée dans le cadre d’une série de reportages sur les circonscriptions durant les élections. Et de nombreux Mauriciens y ont été sensibles.

La salle à manger, dégarnie il y a peu de temps encore, respire la joie. Une télé y est apparue, un lecteur DVD, un lit, des vêtements, des jouets, de minuscules sandales neuves… «Mama, ena dimounn inn vini, mo anvi met mo soulié nef…»

Kewel, 3 ans, est nu comme un petit ver, il a chaud. Il s’empresse d’aller enfiler sa veste militaire, son short, offerts par des Mauriciens généreux. Sa maman sourit. «Mersi, mersi, mersi… Pena mot pou dekrir seki dimounn inn fer pou mwa ek mo zanfan…» L’émotion dans la voix de la jeune femme frêle de 27 ans n’est plus la même. La gratitude l’étouffe, lui serre le cœur, l’estomac. Sa cuisine vit de nouveau, comme elle. Fini le temps où elle partait cueillir des brèdes, où il fallait se contenter de deux-trois saucisses. «Tanto mo pe fer enn gratin makaroni ek corned beef…» Angéline et Kewel ne dorment plus le ventre vide.

Trouver du travail

L’électricité est également revenue, pas par magie, mais presque. «Mersi ankor, mo péna mot… Mo anvi dir enn mersi spesial Monsieur Jacques, linn payé mo kouran ek mo delo…» Angéline n’en finit pas de sourire…

Dans un coin de l’escalier, des provisions qu’elle a reçues des quatre coins du pays, entreposées avec soin, amour, précieusement. «Dimounn pe kontinyé vinn get mwa, ena ONG pou vinn aranz mo lakaz, pou ofer Kewel materiel scolaire en janvier… Mersi…»

La vie d’Angéline a changé. Grâce au grand cœur des Mauriciens. «Bondié inn fer so travay. Ek Morisien bien zénéré, péna mot pou dékrir sa, mersi, mersi…» Pour que son bonheur et celui de Kewel soient complets, elle souhaite désormais trouver du travail. «Monn anvi dibout lor mo dé lipié...»

Avant son accident, et que son pied ne lui fasse souffrir le martyre, elle était coiffeuse, danseuse. «Mo’nn fer ziska Form III, travay ki mo ganyé mo pou fer, ziss mo bizin gagn enn kot mo lipié pa pou fermal. Pena laont pou fer ti travay pou gagn enn bout dipain…» Angéline n’arrête pas de sourire. Dans ses yeux, la reconnaissance de ceux qui ont retrouvé l’espoir. Qui ont envie d’y croire.

«Mama, Blacky pou fer tata lor lili la…» Kewel surveille de près le nouveau membre de la famille. Le chiot coquin a «remplacé» Sat le chien, qui est parti rejoindre les anges. à la télé, des chansons entraînantes donnent le la. Ça sent bon le dîner du soir, la bonne humeur.

Angéline sourit, Kewel rit aux éclats. «Mersi, mersi, mersi…»