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À Cassis: le cimetière, son domicile depuis trois ans

27 avril 2019, 21:28

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À Cassis: le cimetière, son domicile depuis trois ans

Assis devant une tombe, Hussain Amar Kurmallee, un homme d’une cinquantaine d’années, est seul avec sa solitude et sa misère. La fatigue se lit sur son visage. Ses vêtements sales n’échappent pas aux regards. Lui, il n’en a cure. Cela ne le gêne pas. Voilà au moins trois ans qu’Hussain Kurmallee, plus connu comme Bhai Hussain, a élu domicile au cimetière de Cassis. 

Hussain Amar Kurmallee s’est installé au cimetière de Cassis étant «un fardeau» pour sa famille.

Pluies torrentielles, cyclones… Il brave les intempéries, en trouvant refuge sous le mausolée du cimetière. La nuit, c’est au fond du lieu de repos, au pied de la tombe où il nous a reçus qu’il dort. À la belle étoile et dans le froid. Ce cas interpelle des habitants de la région. Parmi eux : une policière, qui a sollicité notre rédaction. Elle est de ceux qui vont donner à manger au quinquagénaire chaque après-midi. 

Père de deux fils, Bhai Hussain, que nous avons rencontré à la mi-journée, lundi, allègue que ses enfants l’ont mis à la porte. «Je suis devenu un fardeau pour eux depuis que chacun a fondé sa famille. Mon ex-épouse a refait sa vie.» D’ajouter qu’il a également subi des interventions chirurgicales au cœur et à la vessie, notamment. Nous avons essayé de retrouver des membres de sa famille pour avoir leur version. En vain. 

Pourquoi donc choisir de vivre parmi les morts ? «Je n’ai pas peur des morts. Je me sens protégé ici», soutient notre interlocuteur. Des habitants ainsi que ceux qui fréquentent ce lieu s’approchent pour lui donner à manger, des sous ou même des vêtements. Mais ce n’est pas suffisant.
 
Lors de l’entretien, Bhai Hussain sort de sa poche un papier de la Mauritius Housing Company (MHC). «Regardez, j’ai fait un dépôt totalisant Rs 50 300 à la MHC pour pouvoir obtenir une maison. Cette somme, je l’ai économisée petit à petit en nettoyant et en surveillant ce cimetière. Sauf que la dame qui m’a donné rendez-vous à la MHC m’a dit que c’est mieux que j’aille en prison au lieu d’être SDF. Sa finn tous mwa», lâche Bhai Hussain.

À la suite de quoi nous avons interrogé Deepak Balgobin, le président de la MHC. Ce dernier explique que «la MHC ne construit pas de low cost housing car c’est le rôle de la NHDC. Des gens versent leur argent dans leur compte de Plan épargne logement pour qu’ils puissent acheter un terrain ou une maison dans le futur. La MHC et la NHDC sont deux entités différentes avec différents objectifs. Probablement que ce monsieur a fait une confusion entre la MHC et la NHDC».
 
De son côté, le directeur de la NHDC, Gilles L’Entêté, nous a fait comprendre qu’il n’était pas disponible pour répondre à notre requête. Cela, malgré nos maints appels et un courriel.