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Kaya, 20 ans après: les questions de Véronique Topize demeurent sans réponses

21 février 2019, 16:20

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Kaya, 20 ans après: les questions de Véronique Topize demeurent sans réponses

20 ans ont passés. Et Véronique Topize ne sait toujours pas comment Kaya, son mari, est mort à Alcatraz. Cinq rapports médicaux, une enquête judiciaire, une compensation. Mais sa liste de questions demeure toujours : Kaya est-il mort d’une crise ou après des sévices ? Quel a été le sort des policiers de service à la prison des Casernes centrales, dans la nuit du 20 au 21 février 1999 ? Ont-ils été poursuivis ?

Voilà pourquoi Véronique Topize réclame une commission d’enquête pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de Kaya. «Je ne vais pas m’associer aux commémorations organisées par le ministère des Arts et de la culture», affirme-t-elle. D’ajouter que «le ministère a le droit d’organiser tous les hommages qu’il veut, mais je ne pourrai pas monter sur un podium avec lui, alors que ma question est toujours sans réponse.»

Par contre, elle a prêté au Blue Penny Museum des vêtements, une paire de chaussures et le passeport de l’artiste. Ils sont visibles actuellement à l’exposition qui y est consacrée à Kaya. Véronique Topize justifie : Emmanuel Richon, conservateur du Blue Penny Museum, l’a approchée l’an dernier. Il lui a laissé le temps de réfléchir. «Il a montré du respect pour la personne décédée. Vrémem linn donn Kaya so valer.»

Et si le fond de la question était ailleurs ? «Il n’y a rien qui concerne l’argent dans cet hommage», souligne Véronique Topize. Les soirées-hommages dans des pubs, très peu pour elle. Elle répète : «Je ne vais pas m’associer à des hommages où il y a de l’argent, des intérêts qui sont en jeu.»

«Tirer profit de sa mort»

Elle se souvient d’un «dialogue» de Kaya. Il était «inpé ankoler parfwa» avec «certains producteurs» qui le prenait pour une «machine à sous». Véronique Topize est inflexible. Elle n’ira pas «dan bann plas kot pé fer larzan lor lédo Kaya». Lui rendre hommage, «sé parski ou kontan li», pas pour «tirer profit de sa mort».

L’argent, c’est aussi la compensation de Rs 4,5 millions que Véronique Topize a reçue de l’État. «La première chose que j’ai fait avec cet argent a été d’offrir une tombe digne de ce nom à Kaya», assure-t-elle.

D’où lui vient sa détermination ? La décision de ne pas s’associer à telle ou telle manifestation. Véronique Topize ne l’a pas prise seule. Elle a consulté ses «kamarad dan rénion». Le Mouvement Liberasion Fam (MLF), avec qui elle a mené «un long combat pendant huit ans».

Avec le MLF, Véronique Topize a connu les quêtes publiques, les veillées au flambeau, les nombreuses lettres écrites à des Premiers ministres successifs pour réclamer une commission d’enquête. La mère de famille se souvient avoir dû laisser ses deux enfants à la maison, «livrés à eux-mêmes. À un moment donné, je devais me présenter en cour trois fois par semaine». De quoi «gagn déprésion, gagn zis tou».

 Deux décennies après la disparition de son mari, la veuve a «grandi». Elle lance : «Minis sanzé alé vini.» Rendre véritablement hommage à Kaya, c’est «rann boug-la lazistis lor so lamor». Sans hésitation, elle dit : «Lam Kaya ankor pé soufer. C’est parce que ni moi, sa femme, ni les Mauriciens ne savons comment il est mort.»