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Catastrophes naturelles: ces moyens de «lépok lontan» pour prédire un cyclone

20 décembre 2018, 19:31

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Catastrophes naturelles: ces moyens de «lépok lontan» pour prédire un cyclone

Comment faisait-on autrefois pour savoir qu’un cyclone s’approchait ? Y avait-il des signes avant-coureurs ? Des citoyens de la région nous en parlent.

C’est à travers les médias et sur la Toile que nous avons appris que la tempête tropicale modérée Cilida rôde dans les parages. En l’absence de ces moyens, comment faisait-on autrefois pour savoir qu’un cyclone s’approchait de l’île ? Nous avons posé la question à des citoyens mauriciens, rodriguais, réunionais, chagossien et agaléen.

Maurice

Autrefois, un cyclone était connu comme des «coups de vent», expliquent Vinod Ramdhony, ans, et Freddy Méyépa, 94 ans. Ce n’est que plus tard que le terme «cyclone» a été utilisé. Toutefois, le nonagénaire, un ancien ébéniste habitant Ste-Croix, affirme n’avoir remarqué aucun «coup de vent» avant la venue d’un cyclone.

Ce qui n’est pas le cas de Vinod Ramdhony, qui se souvient de plusieurs signes d’un cyclone. Entre autres, l’apparition de fourmis et d’insectes «lay», cancrelats volants, une abondance de fruits tels que les mangues, les litchis et les longanes, des escargots sur les murs, les oiseaux cherchant abri sous des auvents. Une explication qui pourrait lier ces phénomènes à la venue d’un cyclone ? Aucune. Mais le quinquagénaire a bien voulu transmettre ses observations à la jeune génération.

Pauline, 64 ans, domiciliée elle aussi à Ste-Croix, raconte que le seul signe qu’elle connaît, c’est un soleil de plomb, surtout au crépuscule. Cependant, cette enseignante du pré-primaire ne s’y fie plus. Elle préfère écouter les informations.

Chagos

Rosemond Saminaden, 82 ans, révèle que sur son île natale, il n’y a que deux signes de l’approche d’un cyclone. Des oiseaux qui cherchent un abri temporaire car les branches qui abritent leur nid ne seront pas épargnées par le cyclone. Ou encore les vents forts et la mer démontée. «C’est surtout à Diego que se passe la formation des cyclones, mais l’île n’est pas affectée par le cyclone en tant que tel», déclare l’octogénaire.

Depuis qu’il vit à Maurice, cet habitant de Baie-du-Tombeau a observé d’autres signes, tels que le ciel qui change de couleur, l’apparition de fourmis. «Sans compter la chaleur excessive. Dimounn fini koné sa, pou énasiklonn plitar sa. Li pa enn so natirel», lâche Rosemond Saminaden.

Agalega

L’apparition des «krab koko» qui fouillent des trous pour chercher un abri, des oiseaux rares qui auraient fui d’autres endroits où le temps était mauvais, «kan létan rouz», le temps sec et l’apparition des fourmis. Ce sont là les signes annonciateurs de la venue d’un cyclone à Agalega. Du moins, c’est ce que confie Yéline Poulay, 64 ans, une native de l’île.

Rodrigues

Au-delà de l’apparition des fourmis, il y a plusieurs autres signes avant-coureurs de l’approche d’un cyclone, avance Michael Leung Kei. Dans les souvenirs de ce Rodriguais de 80 ans, il y a aussi ces fois où les habitants observaient des guêpes qui construisaient leur nid sous les roches ou dans l’herbe.

Certaines personnes allaient, elles, observer les houles à Port-Mathurin. «Si ces houles venaient vers Port-Mathurin, on savait qu’un cyclone s’approchait. Par contre, si elles se dirigeaient vers Grand-Baie, on disait qu’on n’allait pas être touché par celui-ci», dit l’octogénaire.
 
D’ajouter que dans certains endroits de l’île, on pouvait avoir un type de poisson spécifique à l’approche d’un cyclone. Sans compter que lui possédait un baromètre, ce qui lui permettait de savoir si un cyclone allait s’abattre sur l’île. «Une baisse indiquait que le cyclone allait venir.»

La Réunion

La Réunionnaise Cindy Poiny, une habitante de Sainte-Suzanne âgée de 38 ans, se remémore le cyclone Féringa. À cette époque, elle avait neuf ans. «Je me souviens que ma mère me disait qu’il y aurait un cyclone parce que les hirondelles étaient plusieurs à voler ensemble. Les fourmis venaient en masse à l’intérieur de la maison et rentraient même dans les vêtements propres dans l’armoire.»

Ce n’est pas tout. «Ma mère attirait aussi mon attention sur le fait que le climat était chaud et lourd et cela annonçait le mauvais temps», indique-t-elle. Reste que désormais, c’est beaucoup plus difficile de prédire la venue d’un cyclone, le changement climatique ayant tout bousculé.