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Charges rayées: Adeela Rawat à cœur ouvert

30 avril 2017, 21:30

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Charges rayées: Adeela Rawat à cœur ouvert

Ce qu’elle ressent aujourd’hui ? Une sorte de paix intérieure, lâche Adeela Rawat. Difficile cependant de tout effacer de sa mémoire quand on a été traitée «comme une criminelle». Et que ses enfants ont fait l’objet de moqueries…

C’est dans sa maison cossue, sise à Rivière-Noire, que la fille aînée de Dawood Rawat nous reçoit. Sur son visage, se lisent soulagement et détermination. «Cette épreuve nous a rendus plus forts», affirme l’ancienne directrice de Marcom, qui était une filiale de la défunte BAI. Au cours des deux dernières années, sa vie ainsi que celle de sa famille a basculé. Est devenue un enfer. Les séquelles sont à la fois physiques, morales, émotionnelles.

Ses enfants, fait valoir la jeune femme, ont été les cibles de brimades à l’école. «Mon fils avait 6 ans quand le cauchemar a commencé. Il est rentré à la maison et j’avais remarqué un changement dans son comportement. J’ai insisté, il m’a raconté ce qu’il avait sur le cœur… J’ai demandé à la direction de l’école de faire en sorte de le protéger.» Un douloureux épisode qu’elle a essayé de transformer en leçon de vie. «Il a appris à ne pas faire de tort aux autres.»

Adeela Rawat, son époux Claudio Feistritzer et leurs deux enfants comptent se reconstruire et reprendre le cours de leurs vies.

Qu’en est-il de sa vie de princesse, que certains lui ont tant reprochée ? Adeela Rawat confie qu’elle est partie aux États-Unis quand elle avait 6 ans. Et qu’elle est retournée à Maurice alors qu’elle avait 23 ans. Son accent, parfois raillé, c’est de son séjour prolongé aux States qu’elle l’a hérité. «Là-bas, nous vivions comme des Américains moyens. Nous nous rendions à l’école en autobus. Nous n’avions ni bonne ni chauffeur, ma maman était institutrice et mon papa travaillait dur…» Le flair de son père l’a conduit au succès. Et, elle avoue avoir mené la belle vie jusqu’à ce que ses comptes soient gelés, que les voitures et la maison soient saisies. «Ce que je retiens de tout ça, c’est un manque d’humanité.»

Comment occupe-t-elle ses journées ? Elle fait du sport, pratique un peu de yoga, pour se «sentir mieux». Mais «le travail me manque. J’étais dans le marketing et l’événementiel». Ses projets futurs ? S’occuper de son fils qui a 8 ans aujourd’hui et de sa fille de 10 ans. Elle souhaite également monter un petit business, elle a déjà sa petite idée en tête. Mais avant d’en arriver là, il y a d’autres combats à livrer.

D’autre part, Adeela Rawat déclare avoir reçu des menaces de mort. D’autres encore, même parmi les médias, prenaient un malin plaisir à l’insulter, allant notamment jusqu’à lui donner le surnom de «Femme qui valait Rs 7 millions». À tel point qu’elle a dû porter plainte contre eux au Central Criminal Investigation Department, en 2015. Mais, selon elle, rien n’a été fait jusqu’ici.

Elle a également été blessée, dit-elle, par les titres dans la presse. Dont «ceux qui disaient que mon papa s’est enfui du pays».

Le mari d’Adeela Rawat, Claudio Feistritzer, a également du mal à se remettre de ce long calvaire. Depuis la chute du groupe BAI, il a essayé de trouver du travail, mais en vain. «J’ai eu la chance de pouvoir accueillir mes parents, qui sont Autrichiens. Cela m’a aussi aidé à tenir le coup.»

L’ancien chairman de Bramcom – pôle commercial de la BAI – raconte qu’il a été appelé à passer de rares entretiens. Mais aucune offre n’a abouti. «Je ne cherchais pas de poste important, mais toutes les portes, quelles que soient les dimensions, restaient fermées.»

Ironie du sort, avant, c’était lui le patron, chargé de recruter les employés. «J’ai su ce que ressentait le chômeur quand j’étais de l’autre côté de la table…» admet Claudio Feistritzer. Il a été le premier membre de la famille Rawat à être arrêté, en 2015. Les nuits passées au Moka Detention Centre, ajoute le père de famille ont été humiliantes.

Désormais libres, mari et femme comptent rattraper le temps perdu. Même s’ils auront du mal à oublier ces moments sombres et traumatisants.