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Une journée avec les deux grévistes de la faim

14 avril 2016, 22:44

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Une journée avec les deux grévistes de la faim

«On a réussi dans notre combat. On était disposé à aller jusqu’au bout car il fallait que le gouvernement bouge», affirme Rashid Imrith. Ce dernier et Bhoopa Brizmohun bouclaient leurs valises en vue de regagner leur domicile à St-Paul et Triolet respectivement. L’air victorieux. Cela, après leur rencontre avec le ministre de la Fonction publique, Alain Wong, ce matin, jeudi 14 avril.

Bhoopa Brizmohun constate avec plaisir que sa décision d’entreprendre une grève de la faim «n’a pas été vaine». Elle avait entamé sa grève, lundi dernier, pour crier sa colère après la publication du rapport du Pay Research Bureau(PRB) 2016. Soutenue par la suite par le syndicaliste Rashid Imrith. Et, ce jeudi, ils ont décidé d’ajourner cette grève. Quelle est donc leur «victoire» ? Puisque, pour le ministre de la Fonction publique, «ils voulaient simplement une lettre pour dire qu’il peut aller vers le PRB directement.» C’est ce qu’il a déclaré peu après sa rencontre avec Rashid Imrith, ce matin.  

Mais, pour les syndicalistes, l’enjeu était de taille, fait-on comprendre. Car, lundi, le ministre Wong avait envoyé une correspondance aux fédérations syndicales les informant que ce sont les chefs de département qui devront faire leurs recommandations au ministère. Cela, pour  l’élaboration du rapport «Omissions and Errors». Et c’est le ministère qui se chargera de les transférer au PRB.

Cette démarche ne fera que mettre le feu aux poudres car, selon ces syndicalistes, «un organisme indépendant (ndlr : le PRB)doit pouvoir fonctionner de manière indépendante», sans que le gouvernement n’intervienne. Les deux grévistes ont alors réclamé que la Government General Services Union (GGSU) puisse directement soumettre ses recommandations au PRB. Une requête à laquelle a accédé le ministre Wong. D’où la décision  d’ajourner la grève de la faim.

Pourtant, à 7 h 30 ce matin quand nous leur avons rendu visite, Rashid Imrith croyait que lui et Bhoopa Brizmohun «pu pass siklon en plein er». Les deux grévistes commençaient à recevoir la visite matinale des fonctionnaires qui demandaient des nouvelles. «Je suis solidaire avec toi, bon courage», «Je prie que cela termine vite »… Les fonctionnaires et sympathisants n’ont pas manqué d’encourager les grévistes, certains avec des fleurs. «C’est important de les encourager dans leur lutte pour les travailleurs. Je suis tout aussi concerné par le PRB», laisse entendre un ancien fonctionnaire de 66 ans qui a fait le déplacement de Rose-Hill.

 

La scène attirait aussi des passants qui ignoraient l’action syndicale entreprise par les dirigeants de la GGSU. «Toutes ces bouteilles d’eau que vous voyez, on en a acheté aucune. Ce sont des gens qui nous les ont offertes», relate Rashid Imrith. Depuis mercredi, un livre d’or circulait parmi les visiteurs pour qu’ils y apposent leur signature en signe de solidarité. D’autres syndicalistes dont Ashok Subron, Reaz Chuttoo, Fayzal Ally Beegun et Rehana Ameer sont aussi venus rendre visite aux grévistes.

 

C’est vers 13 h 30, cet après-midi, que le président et la secrétaire de la GGSU ont quitté le bâtiment Emmanuel Anquetil. Bhoopa Brizmohun pouvait à peine cacher sa joie à l’idée de retrouver ses proches à l’ajournement de cette grève de la faim.  Avec des larmes aux yeux, Rashid Imrith confie qu’ils auraient dû préparer leurs proches en vue de ce mouvement de grève. Rashid Imrith raconte : «Mon épouse m’a appelé aujourd’hui, elle m’a dit que ma mère lui reprochait de ne pas l’avoir informée que j’entrais en grève de la faim. C’était une décision spontanée. Je dois rentrer pour dire à ma mère que je suis toujours vivant.»

 

Rashid Imrith compte reprendre le chemin du travail dès demain. «Hormis la routine, on doit se mettre à la préparation du mémoire qui sera déposé au PRB», fait-il ressortir.

 

Bhoopa Brizmohun devrait lui emboîter le pas. «Si j’arrive à me ressaisir car je me sens très faible. Si je trouve que j’ai suffisamment d’énergie, je reprendrai le travail immédiatement», confie la fonctionnaire.