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Affaire Toofany: une foule hostile menace les cinq policiers

20 mars 2015, 22:20

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Affaire Toofany: une foule hostile menace les cinq policiers

Colère, chagrin, incompréhension... Autant d’émotions qui animaient la foule massée aux abords du tribunal de Bambous, ce vendredi 20 mars, où comparaissaient les cinq policiers arrêtés dans le cadre de l’affaire Iqbal Toofany. Il aura fallu une forte mobilisation policière, dont la Special Supporting Unit, pour assurer la protection des suspects et éviter que les choses ne dégénèrent.

 

En effet, injures, menaces et tentatives d’agression ont fusé de toutes parts. Ceux présents ont réclamé que la lumière soit faite sur le décès d’Iqbal Toofany alors qu’il était sous surveillance policière et que justice soit rendue.

 

Initialement inculpés de torture, les cinq policiers font désormais face à une charge provisoire d’assassinat. La police étant en possession d’un nouveau rapport du Forensic Science Laboratory, elle planche sur la thèse de préméditation. En cour de Bambous ce matin, elle a objecté à la remise en liberté des suspects. Ces derniers ont été reconduits en cellule policière en attendant leur prochaine comparution fixée au 26 mars. Ils ont tous nié les accusations de brutalité formulées contre eux.

 

Il s’est «senti mal»

 

C’est le dimanche 1er mars qu’Iqbal Toofany avait été arrêté à Rivière-Noire lors d’un contrôle de routine. Selon la police, la voiture dans laquelle il se trouvait n’avait ni vignette d’assurance ni déclaration. Plusieurs objets suspects y auraient également été trouvés. N’ayant pu expliquer pourquoi ceux-ci étaient en sa possession, Iqbal Toofany a été conduit en cellule policière. Mais il se serait «senti mal» dans la journée de lundi et a dû être conduit à l’hôpital, où il a rendu l’âme.

 

Le rapport d’autopsie du chef du service médico-légal de la police, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, révèle qu’Iqbal Toofany a été terrassé par un œdème pulmonaire à la suite des coups qui lui ont été infligés.

 

«Il criait ‘ne me frappez pas,mo pa finn coquin’»

 

Que s’est-il passé durant cette nuit-là ? La question tourmente la famille d’Iqbal Toofany. Les déclarations d’un témoin oculaire, qui travaillait à proximité du poste de police de Rivière-Noire, sont venues donner une nouvelle tournure à l’affaire.

 

Ce vigile d’une cinquantaine d’années affirme avoir vu quatre policiers de la Criminal Investigation Division brutaliser un homme durant la nuit du 1er au 2 mars. Il dit avoir par la suite entendu un individu hurler à répétition dans ce poste de police.«Il criait ‘ne me frappez pas, mo pa finn coquin’», a soutenu le témoin qui a participé à une reconstitution le samedi 14 mars.

 

Trimbalé de poste en poste

 

Entre-temps, le Directeur des poursuites publiques a décidé d’instituer une enquête judiciaire. Pour le DPP, «il est d’intérêt public que cette enquête soit faite sous la supervision d’un magistrat». Au fil des audiences, il est apparu qu’il y avait un flou sur le lieu où Iqbal Toofany avait été détenu. Et il semblerait qu’avant d’être transporté à l’hôpital, Iqbal Toofany aurait été emmené au poste de police de Rivière-Noire puis à celui de Bambous et à Rose-Hill.

 

En cour, l’avocat de la famille Toofany avait demandé à ce que le surintendant de l’hôpital Victoria produise en cour les enregistrements des caméras de surveillance pour la période allant de cinq heures du matin le lundi 2 mars à 23 heures. Mais Jayshree Chuckory,Acting Regional Health Services Administrator, a indiqué que les enregistrements vidéo avaient été effacés.«Après cinq jours, les données sont automatiquement effacées»,a-t-elle souligné.

 

Ce qui n’a pas manqué de provoquer la colère de Yousouf Toofany, le père de la victime. «Où sont passés les documents ? Camera footage la inn perdi. Bizin coner kot linn aler.Mo pa pou rest calm

 

La famille et les proches du suspect sont plus que jamais mobilisés pour que la lumière soit faite sur cette affaire. «Je ne souhaite pas que quelqu’un d’autre passe par ce par quoi je suis passée», avait déclaré la veuve du quadragénaire lors d’une marche pacifique organisée le dimanche 15 mars. «Mo misie inn alé an bonn santé, inn retourn li kadavr.»