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Sur la plage: Sanjay construit d’impressionnantes sculptures

16 juin 2014, 19:45

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Sur la plage: Sanjay construit d’impressionnantes sculptures

Contre vents, marées, réticences familiales, moqueries et vandalisme, Sanjay Jhowry a suivi son chemin. Ce sculpteur de sable autodidacte est aujourd’hui une figure incontournable de Péreybère, mais aussi de l’île. Nous l’avons rencontré hier, dimanche 15 juin, pendant qu’il façonnait un portrait d’un orchestre de jazz.

 

Sanjay Jhowry ne sculpte pas le sable pour l’argent, la reconnaissance ou la gloire. Il le fait pour l’amour de l’art. Malgré les difficultés, il se rend depuis plus de six ans dès qu’il le peut sur la plage publique de Péreybère, juste en face de chez lui.

 

Cette plage de sable fin est autant son studio que la salle d’exposition de ses œuvres éphémères. Il passe souvent des heures, voire des journées, à peaufiner ses créations. Des personnages de fiction, issus de contes ou de légendes, prennent forme sous ses doigts agiles.

 

Hier, dimanche 15 juin, l’artiste a réalisé sa plus grande sculpture jusqu’ici, un orchestre de jazz grandeur nature, sous le regard du ministre de la Culture et de nombreux badauds émerveillés.

 

Toutefois, ce matin, la joie et la fierté ont vite fait place à l’amertume et à la tristesse. Les statues de sable de Sanjay Jhowry ont été saccagées. «Chaque matin, je ressens une grande appréhension lorsque je me rends sur la plage pour voir si mes sculptures sont encore debout, confesse le sculpteur avec des trémolos dans la voix. Et ça me fait mal au cœur quand je vois des œuvres, que j’ai sculptées avec amour pendant des heures, anéanties.»

 

Vivre de son art

 

Cet homme au regard rêveur, que nous avons également rencontré il y a deux ans nous confiait alors que parmi les nombreuses difficultés qui l’empêchaient d’assouvir pleinement sa passion, il y avait les réticences de sa famille. Surtout celles de sa mère, qui ne comprenait pas pourquoi il accordait tant de temps à une occupation qui ne rapportait rien.

 

A l’époque, le sculpteur autodidacte émettait le souhait de pouvoir un jour vivre de son art, afin de faire taire une fois pour toutes les mauvaises langues et les critiques. Aujourd’hui, c’est quasiment chose faite. 

 

Grâce au bouche-à-oreille et à sa page Facebook, sur laquelle il poste régulièrement des photos de ses réalisations, il a décroché plusieurs contrats. «J’ai réalisé des sculptures pour plusieurs hôtels», confie-t-il, non sans fierté. Parmi ses clients, Sanjay Jhowry compte le Dinarobin, le Royal Palm, ou encore le Lux* Belle-Mare. «J’ai aussi sculpté pour deux événements organisés par une marque de boisson gazeuse», ajoute-t-il.

 

Il a aussi refusé quelques commandes, «car le sable de la plage de ces hôtels n’était pas adéquat». S’il ne gagne pas encore suffisamment bien sa vie pour abandonner son travail d’animateur hôtelier et de saxophoniste, le sculpteur de sable est désormais une figure incontournable, et possède même un petit groupe de fans invétérés.

 

Le sable n’est certes pas le plus durable des matériaux, mais c’est aussi ce qui fait sa beauté. Que les vagues ou le vent prennent leur tribu sur son art, c’est inéluctable. Mais ce que l’artiste n’arrive toujours pas à comprendre, c’est la méchanceté gratuite des êtres humains qui prennent plaisir à détruire prématurément les fruits de son dur labeur. Espérons que Sanjay Jhowry ne cédera pas au découragement, et continuera d’émerveiller petits et grands grâce à ses personnages de sable. Avec l’aide évidemment de ses «assistants»: son fils Girish et son ami maître-nageur, Subash, qu’il tient à remercier chaleureusement.