Publicité

Maltraitance présumée de travailleurs étrangers

Que se passe-t-il à Petit-Gamin ?

2 mai 2024, 22:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Que se passe-t-il à Petit-Gamin ?

Rama Valayden avec des employés du Sri Lanka battus, sur Radio Mo Pep.

Des rumeurs ont fait écho d’une situation non réglementaire à Petit-Gamin. Plusieurs travailleurs étrangers illégaux travailleraient avec les chevaux et à l’entretien du gigantesque centre équestre. Après le syndicaliste Fayzal Ally Beegun à la mi-avril, c’est au tour de Rama Valayden de tirer la sonnette d’alarme. Il dénonce, lui, le mauvais traitement qu’auraient subi deux travailleurs sri-lankais aux mains de bouncers. Par ailleurs, une dizaine de travailleurs étrangers, dont la situation légale est inconnue, ont quitté le pays ces deux derniers jours. l’express a enquêté !

Débutons par la situation actuelle à Petit-Gamin où Global Equestrian Ltd (GEL) a son siège. Cette compagnie, en sa capacité de satellite de l’empire Jean Michel Lee Shim, emploie des travailleurs mauriciens ou étrangers, tout en offrant des assurances et contrats de travail aux cavaliers du giron hippique. People’s Turf Plc (PTP) et GEL font, en effet, partie d’une même nébuleuse. Les deux entités ont le même actionnaire majoritaire en JMLS. GEL emploie les jockeys pour monter les courses de PTP, et des palefreniers et autres travailleurs pour faire tourner une industrie dont PTP en est la locomotive. Kamal Taposeea est toutefois venu préciser, du moins a-t-il tenté, lors de sa conférence de presse mardi, que les deux entités sont bien légalement distinctes.

On peut maintenant passer à l’étape suivante en vue de mieux cerner les tenants et les aboutissants de la situation à Petit Gamin. Que se passe-t-il là-bas et chez GEL ? Il s’avère que plusieurs employés mauriciens ont été licenciés pour faire de la place à des étrangers. D’une part, les étrangers «coûtent moins cher» et, d’autre part, «ils sont plus aptes à travailler peu importe le jour de l’année». Sont-ils tous légaux ? Non, à en croire le syndicaliste Fayzal Ally Beegun. «Est-ce que ces étrangers disposent d’un contrat de travail, d’un permis de résidence et d’un permis de travail ?», se demande le syndicaliste. Ces étrangers seraient payés en liquide et ne recevraient même pas une fiche de salaire. Rama Valayden a, lui aussi, fait savoir que «certains travailleurs n’ont pas le permis à Petit-Gamin». Il a dit avoir déjà informé la police ainsi que la section policière chargée du trafic humain. Le Labour Office a aussi été alerté.

Selon un ancien employé de GEL, il y aurait bel et bien eu des travailleurs illégaux sur le site. Des travailleurs qui auraient vite quitté l’île tout récemment. Cela, en partie, en raison de la levée de poussière occasionnée par les deux Sri-Lankais supposément battus. Pour l’heure actuelle, seuls des travailleurs légaux seraient sur le site. Dont des Malgaches, qui avaient récemment participé à un match de foot contre des éléments de PTP. À première vue, sans s’essayer au délit de faciès, l’équipe de GEL serait essentiellement composée de Malgaches dont le permis serait aux normes.

Revenons justement aux dénonciations de Rama Valayden. Il a déclaré que deux Sri-Lankais ont été battus par des bouncers. Ces derniers, nommément Subramanien et Ruben, cumulent les métiers de track rider et de palefrenier. Si les deux Sri-Lankais, aux dires de Valayden, n’ont pas eu de souci avec leur salaire, ils ont été battus par des bouncers à la suite de soucis avec les responsables du site. «Zot ti pe dir aret zour zot mama», a informé l’avocat. Ils ont été battus avec une matraque et ont été menottés.«Inn amen zot lamer ek inn met zot dan dilo pou rebat zot.» La scène aurait été filmée.

Une source qui a tenu à garder l’anonymat explique, pour sa part, que les «deux Sri-Lankais avaient bu de l’alcool et avaient refusé de travailler. Zot ti pe fer dezord». Notre source a ajouté qu’un certain «Akilesh inn pran dé srilankéla inn alé». Il nous revient que cet Akilesh serait le responsable des travailleurs étrangers sur le site de Petit-Gamin. «Liem ki okip zot kan zot vini ek kan zot travay», fait-on savoir.

Invitée à réagir, la GEL, à travers sa cellule de communication, a fait savoir qu’il s’agit de «mensonge». Que la «sortie de Valayden était sans doute motivée par des raisons politiques». «Ki zot pe kozé? Rama em inn dir sa dé boug-la ena zot permi travay. Zot pé gagn trant-mil roupi par mwa plis lakaz, wifi ek transpor. Kifer zot pou al denons kit zafer? Ou pansé sa vré? Ou bien naif !».

GEL a énuméré une liste de dispositions pour « améliorer le confort des travailleurs à Petit-Gamin». Entre cantine flambant neuve, espace loisir, dortoir individuel et toilettes de qualité, GEL estime faire tout correctement «dans le respect humain». Par ailleurs, GEL a confirmé le départ d’au moins 11 travailleurs pour Dubaï et ensuite Colombo. «Ces personnes voulaient tout simplement rentrer chez elles», nous explique-t-on. Des captures d’écran nous ont été envoyées, sans pour autant qu’on soit arrivé à tout authentifier. «Boss I want to go home», peut-on lire. Un message supposément destiné à Jean Michel Lee Shim. «On nous fait croire que ces pauvres travailleurs ont directement accès à JMLS !», ironisera un adversaire de l’empire Lee Shim.

Questionné sur l’identité du fameux Akilesh, un officiel de GEL dit qu’il s’agit d’un employé qui s’occupe principalement des travailleurs sur le site de Petit-Gamin. Qu’il s’agit du fils d’un ancien du MTC. On a fait savoir qu’Akilesh n’a jamais pratiqué de la torture ou toute équivalence du genre sur aucun travailleur. Quid de la vidéo enregistrée ? «Zot pe dir ena video. Kot video la? Se en kabal kont la GEL e JMLS avan lekours koumanse», s’est défendu cet officiel de GEL qui n’a pas voulu qu’on dévoile son identité. «Zordi kouma ou koz an enn faver lekours, mem si li vre, ou enn chatwa», a-t-il ajouté.