Publicité

Promesse électorale

Menstrual leave: Les règles changent

5 mai 2024, 18:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Menstrual leave: Les règles changent

Autrefois tabou, il est désormais un atout politique, une promesse électorale… Le «menstrual leave» est au cœur des débats après avoir été annoncé comme l’une des 20 mesures phares de l’opposition PTr-MMM-ND en cas de victoire, lors du meeting du 1er-Mai.

«Lorsque nous avons commencé à préconiser cette mesure en 2021, nous avons buté contre le mur du tabou. Le fait qu’il y ait un débat maintenant est en soi un premier pas positif vers la parité et l’équité entre les genres», note Prisheela Mottee de l’ONG Raise Brave Girls. Elle propose l’octroi d’un congé menstruel rémunéré aux femmes souffrant de crampes sévères pendant leurs règles, sur présentation d’un certificat médical en bonne et due forme, afin d’éviter les abus. «Le congé menstruel ne sera pas comptabilisé dans les congés maladie. Nous proposons également de l’étendre aux écoles, collèges et universités, et il ne devrait pas être considéré comme une absence», explique-t-elle.

Qu’en est-il des commentaires, tels que, «les femmes veulent être traitées sur le pied d’égalité que les hommes, mais exigent des privilèges» ? «Les femmes sont biologiquement différentes des hommes. La parité concerne l’accès équitable aux opportunités. Certaines ont des crampes menstruelles extrêmes tous les mois, souffrent d’endométriose mais cela n’affecte pas leurs compétences professionnelles. Cela implique simplement qu’elles ont besoin de conditions de travail équitables. Lorsque les employés savent qu’elles ne seront pas pénalisées si elles prennent un congé pour des raisons de santé, la productivité s’en trouve améliorée», soutient-elle.

Une fonctionnaire retraitée raconte :«Pendant 40 ans, j’ai pris l’autobus pendant une heure et demie pour aller travailler dans la capitale. C’était difficile pendant mes règles, j’avais des nausées et des douleurs abdominales. Je saignais beaucoup pendant le trajet et je me demandais toujours si ma robe était sale ; j’avais des migraines et je me sentais fatiguée (...) Mais on attendait de moi que je produise le même niveau de performance au travail.» Elle poursuit : «À mon époque, je n›avais pas le choix, ma santé passait au second plan, car à 18 ans, je travaillais déjà pour aider mes parents financièrement et, plus tard, j’ai contracté des emprunts pour que mes enfants puissent étudier à l’université. Je ne pouvais pas non plus prendre souvent des congés maladie. Les règles étaient également un tabou. Mais les femmes d’aujourd’hui méritent des mesures qui leur permettent de se sentir incluses et entendues. Nous avons fait des sacrifices pour cela.»

N.K., jeune professionnelle, estime qu’un cadre législatif adéquat est essentiel à cet égard. «Je souffre du syndrome des ovaires polykystiques. Mes règles peuvent durer cinq jours et j’ai des saignements intenses. Les deux premiers jours, je ressens des douleurs au dos et aux jambes, des maux de tête, des nausées et des migraines. En tant que femme travaillant principalement au bureau, je pense que les entreprises devraient nous permettre de travailler au moins à domicile pendant nos règles, car nous avons besoin de pauses régulières aux toilettes pour changer de serviette hygiénique, consommer des boissons chaudes ou travailler sur l’ordinateur portable en nous allongeant sur le lit et en plaçant des coussins pour soulager la douleur physique. Le travail est quand même fait à la fin.» D’autant plus que «la plupart des responsables étant des hommes, le manque de considération envers les femmes est évident : les toilettes des centres commerciaux, des lieux publics ou des bureaux n’ont même pas de points d’eau pour que nous puissions nous laver lorsque nous urinons pendant nos règles. Je dois porter une petite bouteille d’eau ou tremper des serviettes avec l’eau du lavabo avant d’entrer dans les toilettes. Ce n’est pas hygiénique et les mesures nationales sur la menstruation peuvent faciliter l’accès des femmes à un espace hygiénique», ajoute-t-elle.

Une femme sapeur-pompier estime pour sa part qu’une telle mesure devrait s’accompagner d’une éducation appropriée sur ce qui se passe réellement dans le corps des femmes pendant les règles et les raisons qui rendent cette mesure nécessaire, pour ne pas nourrir les préjugés. D’autres font remarquer que «des questions telles que ‘quand prévoyez-vous de vous marier ou d’avoir un enfant» font parfois partie de l’entretien d’embauche des femmes et que de nombreux employeurs préfèrent déjà embaucher des hommes car leur corps ne subit pas de changements majeurs, ce qui fait d’eux ‘des ressources à long terme’. Ce préjugé ne devrait pas être renforcé et les femmes ne devraient pas être considérées comme plus faibles ou malades pour toutes ces raisons».

Ce qui se fait ailleurs

Des pays comme le Japon, l’Indonésie, le Vietnam, l’Espagne et la Zambie proposent déjà le congé menstruel. En Inde, l’université des sciences et de la technologie de Cochin, entre autres, accorde le congé menstruel à ses étudiantes.L’université Thammasat de Bangkok permet également aux étudiantes souffrant de douleurs menstruelles de prendre un congé pendant leurs études.