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Questions parlementaires

Les mystères du tirage au sort

2 mai 2024, 19:00

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Les mystères du tirage au sort

Le tirage au sort avant, où l’on savait qui posait la question, et maintenant (à g.) avec un code que seul le speaker connaît.

On se demandait comment seuls quatre backbenchers de la majorité réussissent presque à chaque séance de l’Assemblée nationale (AN) à faire passer leurs questions, surtout celles adressées au Premier ministre, en première ou en bonne position. Pourtant, 25 des 26 membres de l’opposition envoient régulièrement environ 20 questions pour la Prime Minister’s Question Time (PMQT) par semaine. Parmi elles, environ trois questions des backbenchers du gouvernement ont pu s’y retrouver. «Ils doivent songer à jouer au Loto», ironise le député travailliste Patrick Assirvaden. Cependant, c’est surtout lorsque des questions embarrassantes sont adressées au Premier ministre (PM) par l’opposition ou embarrassantes pour l’opposition venant d’un backbencher du gouvernement qu’une «tricherie», selon Patrick Assirvaden, Aadil Ameer Meea et Ehsan Juman, a lieu.

Pour mieux comprendre, revenons sur le système qui était utilisé avant mars 2022 pour choisir les questions qui seront posées au Parlement. Les députés de l’opposition et de la majorité envoyaient leurs questions par e-mail au bureau du speaker. C’étaient les premières envoyées qui passaient en premier. À l’heure prévue pour l’envoi, tous les députés qui avaient déjà préparé leur message tapaient sur «send». Et beaucoup presque au même moment. Il était donc parfois très difficile de déterminer qui avait fait un envoi avant les autres.

Pour mettre fin à cette course à l’échalote, il a été convenu, le 18 mars 2022, entre l’opposition et la majorité, que désormais toutes les questions seront envoyées non pas à une heure, minute ou seconde précise, mais entre 9 heures le mardi et 14 heures le mercredi. Et le choix des Parliamentary Questions (PQs) et PMQTs qui passeront avant les autres se fera au tirage au sort. Chaque question se voit attribuer un numéro et c’est ce numéro qui sera utilisé selon la clause 3 de l’accord du 18 mars 2022. Il faut savoir que plus la question, surtout la PMQT, est en tête de liste, plus elle aura la chance de passer vu que, comme on le sait, le PM ne répond parfois qu’à une seule ou au plus à deux PMQTs. Et concernant les PQs, si elles se retrouvent à la fin, elles risquent de ne pas passer.

Lorsque Patrick Assirvaden, Aadil Ameer Meea et Ehsan Juman sont allés au Parlement mardi, ils se sont rendu compte que le numéro sorti en premier et qui devrait, en vertu de la clause 3 de l’accord du 18 mars 2022, passer en premier comme PMQT ne correspondait pas au numéro de la question. Non. Mais à une autre liste sur laquelle est inscrit ce «code» à côté du numéro de la question. Et cette liste n’est accessible à personne, sauf au speaker. On ne sait pas si le speaker joue franc-jeu ou s’il ne change pas l’ordre des questions. Nous l’avons appelé mais son téléphone était éteint.

Plus grave. Un membre de l’opposition se rappelle que l’ancien whip de l’opposition, Patrice Armance, n’assistait pas tout le temps au «tirage au sort». Et il ne se faisait pas remplacer. Lorsqu’il y assistait, il ne se faisait pas accompagner. Quand nous l’avons appelé hier, Patrice Armance nous a promis de nous rappeler plus tard lorsqu’il a appris que nous voulions lui en parler. Mais il n’est pas revenu vers nous. De notre côté, nous y reviendrons.