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Parlement

Des suspensions à la pelle

9 mai 2024, 13:00

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Des suspensions à la pelle

Patrick Assirvaden a été suspendu après la motion du PM à l’Assemblée nationale.

Qui sera le prochain suspendu ? Les paris sont ouverts après que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a proposé une motion mardi pour la suspension de Patrick Assirvaden, le député du Parti travailliste. Ce dernier a dû quitter les travaux de l’Assemblée nationale et il ne sera pas non plus présent pendant les six prochaines séances. Le député rouge n’a pas voulu s’excuser, tout en maintenant qu’il avait eu raison de dire à la presse et dans une lettre adressée au speaker, Sooroojdev Phokeer, que ce dernier effectue le tirage au sort des questions parlementaires sans aucune transparence.

Depuis la reprise de cette session parlementaire en mars, Patrick Assirvaden est le quatrième élu de l’opposition à goûter à une suspension alors que le Parlement n’a siégé que six fois. Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan et Joanna Bérenger ont été suspendus par le speaker lors d’une séance houleuse, le 14 avril. Ils n’ont pas encore fait leur retour. Sooroojdev Phokeer a suspendu le leader du Mouvement militant mauricien ainsi que Rajesh Bhagwan pour six semaines, une suspension considérée comme une très lourde sanction. Joanna Bérenger, elle, a été suspendue pour trois séances. Peu après la suspension de ces trois députés, Patrick Assirvaden, également whip de l’opposition, a accordé un entretien à l’express dans lequel il a dit : «Le speaker a tout fait pour affaiblir l’opposition. Il en suspendra d’autres certainement prochainement. C’est sûr. Nous attendons semaine après semaine de voir quelle tête il coupera encore. Il faudra compter le nombre de têtes qu’il coupera dans l’opposition d’ici la fin de la session.»

Le Premier ministre a lui-même présenté la motion mardi. Auparavant, Sooroojdev Phokeer avait évoqué la 25e édition de l’Erskine May, parlant des suspensions à la Chambre de communes pour des contenus inappropriés dans une lettre qu’un député a envoyée au speaker. Ce point a motivé la motion de Pravind Jugnauth. Cependant, un habitué de l’Erskine May affirme que l’affaire que Sooroojdev Phokeer a évoquée est un précédent de la Chambre des communes datant de 1891. De plus, il y a eu de longs débats et la suspension a finalement été ramenée à uniquement une semaine. Il rappelle aussi que le Premier ministre s’est basé sur l’article 49 (8) des Standing Orders pour sanctionner Patrick Assirvaden. Dans cet article, il est écrit : «Nothing in this Order shall be deemed to prevent the Assembly from proceeding against any Member for any breach of order not specified herein or from proceeding in any other way it thinks fit in dealing with the breaches of order herein mentioned.»

Pour notre interlocuteur, ni le Premier ministre ni le speaker ne peuvent évoquer de breach of order, puisque Sooroojdev Phokeer s’est reposé sur une lettre privée qui lui a été adressée pour demander de sanctionner Patrick Assirvaden. Or, dit-il, le député ne l’a jamais rendue publique, mais c’est le speaker lui-même qui l’a fait en la déposant à l’Assemblée nationale.