
Après notre dossier «Maurice, poubelle à ciel ouvert», publié jeudi dans l’express, nous mettons, aujourd’hui, une deuxième couche... de débris de toutes sortes afin que l’on puisse, collectivement, se sensibiliser à la guerre contre la saleté qui nous envahit, et qui salit le jardin qu’était jadis notre pays. Sur lexpress.mu, on vous invite à nous faire parvenir vos photos également. Si en 2020, malgré nos efforts, on n’a pas pu venir à bout des ordures, il faudra redoubler d’efforts en 2021...
1. Qu’est-ce qu’il y a dans la tête de nos concitoyens, qu’ils se croient permis de jeter leurs détritus dans la nature, la rendant laide, la polluant, la défigurant ? S’ils choisissent de ne PAS vivre avec leurs saletés chez eux, POURQUOI croient-ils que les autres devraient vivre avec ces mêmes saletés, dans leur espace commun? Dans ces endroits que nous avons en partage?
2. L’île Maurice est une île croyante. À plus de 90 %, dit-on. Les divers croyants respectent un code, un livre sacré, des rituels différents, mais ils sont tous d’accord que le divin, Dieu, nous a donné la vie et qu’il y a une vie après la mort. SI DIEU NOUS A MIS DANS SON BEAU JARDIN DE LA NATURE ET QUE L’ON CROIT EN LUI, COMMENT PEUT ON LUI CRACHER A LA FIGURE, en salissant son jardin et croire qu’il ne nous demandera pas des comptes quand on sera mort ?
3. À chaque saison des pluies, nous avons des problèmes d’inondations, de débordements, de maisons envahies par les eaux. Alors, on construit des drains ! Pour des centaines de millions de roupies ! Mais à quoi servent ces drains si on s’en sert, par beau temps, comme des poubelles, ce qui fait que quand le déluge arrive, le drain est bouché et DONC déborde ?
4. Monsieur X a un peu de saleté incommodante chez lui ? De la nourriture gâtée, peut-être? Des couches bébés qui sentent (très, très) mauvais ? Des restes de «marbre» cassés, parce que Momine a souhaité des carreaux de meilleure qualité dans la cuisine ? Des bouteilles ? De vieux souliers ? Le «camion saleté» ne coopère pas ? Alors vite, un sac poubelle au mieux, un nœud serré, la voiture, un endroit discret… C’est réglé pour soi… Fout pas mal pour les autres ! Quelle belle mentalité ! Et si je jetais mon sac poubelle chez vous, la prochaine fois ?
5. Ah, la beauté des rivières, le tendre gargouillis de l’eau, le cristallin des petites cascades d’entre les rochers, la verdure aquatique, la promesse d’une petite pêche bucolique et relaxante . Vite ! Ajoutons-y un peu d’immondices, du plastique, des fonds de tiroir, des pneus usagés, de la nourriture avariée, un T-shirt décoloré ou déchiré… Ziska kan?
6. Des champs de canne plein la vue. Un tapis vert qui saoule le regard. Une robe qui étreint l’île et souligne sa beauté : jeunes repousses en décembre, adolescentes jusqu’à août, mûres et fardées de mauve délicat jusqu’à la récolte. Tiens! Et pourquoi ne pas innover et casser cette image pastorale ? Vous n’aimez pas ma merde en prime ? Vous ne voyez pas que ça fait très «couleur locale» comme le disait l’ancien ministre Ghurburrun et que c’est ÇA MÊME que le touriste recherche ? Vous croyez ?
7. Diantre ! Que l’on aime le bord de mer, le vent du large, le sable fin, la baignade, l’horizon propre et limpide…Alors pourquoi souiller tout ça ? Par négligence ? Par méchanceté ? En faisant étalage d’un comportement dégoûtant, ignoble, répugnant, polluant ; disons-nous que nous sommes, somme toute, nous-mêmes dégoûtants, ignobles, répugnants, polluants ? Nous valons peut-être mieux ?
8. Il n’y a pas que les individus ! L’industriel, le contracteur et parfois le camionneur a qui ceux-ci confient leurs détritus pour aller au dépotoir, vont faire des compromis ou vont s’arrêter en chemin. Question d’économie et de profit accéléré. Ces compromis mènent droit vers l’enfer !