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Restaurants à Grand-Baie : Les opérateurs mauriciens perdent le Nord

27 mars 2011, 00:00

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Restaurants à Grand-Baie : Les opérateurs mauriciens perdent le Nord

Patch & Parrot, Le Sarasin, Le Rivoli, Mamma Mia, Beach House, Bay Lounge, BotteGuita, Fratelli... Les habitants de la côte nord parlent d’invasion. Ce sont là quelques noms des nombreux restaurants gérés par des étrangers à Grand-Baie. Ces derniers y gèrent des commerces. Du plus en vogue au plus inimaginable. Du restaurant au salon de toilette pour chiens. Enquête.

Ils sont Français et accusés du viol collectif d’une jeune Mauricienne dans la nuit du samedi 19 mars. Lionel Richard Pierre Maisak, 38 ans, Régis Fernand Van Cauteren, 39 ans, et Patrick André Genier, 41 ans, interpellés le mercredi 23 mars par la Central Investigation Division de Goodlands, seraient, en fait, restaurateurs à Pointe-aux-Canonniers. Ils y tiennent un restaurant qui est, en ce moment fermé, car les gérants sont en détention provisoire.

Ces Français ne sont pas les seuls à opérer un commerce sur la route principal du littoral Nord. Des étrangers, principalement des ressortissants français, mais aussi des Sud-africains, des Italiens et même des Américains, se retrouvent aujourd’hui propriétaires, actionnaires majoritaires ou gérants dans le secteur de la restauration dans le nord de  l’île, à savoir, Pointe-aux-Canonniers, Grand-Baie et Pereybere.

Lors de notre enquête, nous nous sommes concentrés sur la restauration, car rien qu’en comptabilisant à partir du rond-point de Pointe-aux-Canonniers, aux périphéries de l’hôtel de luxe Royal Palm à Grand-Baie, nous avons pu constater qu’une bonne centaine de restaurants, cafés, pizzerias, pubs et autres Coffee Shop, y ont été autorisés. Ces commerces ont poussé comme des champignons aux abords de la route côtière. Les étrangers en sont propriétaires de la majorité.

Certains aux façades attrayantes invitant à un peu de standing, d’autres plus maladroits, non-équipés, sans aire de stationnement avec des  clients se  garant là où ils le peuvent. Nous nous sommes aussi rendus compte que des snacks appelés « restaurants », mais proposant moins de 40 couverts, n’avaient ni toilettes individuelles, ni même cuisine appropriée, laissant se demander comment ils ont décroché leur permis d’opération.

« Les Français et les Sud-Africains sont de plus en plus nombreux dans cette partie de Grand-Baie. Et le plus agaçant, c’est que beaucoup ne sont pas dans la conformité. Ce qu’ils appellent les restaurants, n’ont même pas de cuisine froide. Ils n’ont qu’une petite cuisine chaude, aucune sécurité alimentaire et aucun respect de la loi », s’insurge un entrepreneur local.


Avant d’ajouter que les Mauriciens ne sont pas xénophobes. Par contre, il tient à souligner que de plus en plus, les locaux sont en train de se retrouver étrangers sur leur sol. Et cela pourrait avoir des conséquences.

Parmi les nouveaux venus du côté des restaurants, notons le Café AV16 tenu par un Français, Patch & Parrot, avec à la tête des Sud-Africains, la crêperie Le Sarasin, propriété d’un Français, le L57 tenu par un autre Français, Le Goût du Large, dont les gérants sont en détention pour viol allégué, le Rivoli et Mamma Mia, avec des Italiens, le Before, dont le propriétaire est Sud-africain, le Beach House avec des Sud-Africains. Et la liste est encore plus longue dans le centre même du village balnéaire :  Bay Lounge, BotteGuita, Fratelli...

Un habitant de Sottise Road à Grand-Baie, qui a été employé par des restaurateurs étrangers va même jusqu’à avancer que certains d’entre eux ont choisi de poser leurs valises à Maurice, après avoir fait des coups tordus dans leur pays : « Je sais de quoi je parle car j’ai travaillé avec quelques-uns d’entre eux et ces gens-là sont prêts à payer n’importe quel prix pour arriver à leurs fins », allègue-t-il.

D’autre part, une employée exerçant dans un restaurant où le patron est Italien, soutient elle, que la clientèle comprend principalement des touristes Italiens : «Il est coutume que les ressortissants d’un pays séjournant à Maurice, privilégient la cuisine de chez eux et encore un restaurant de leur compatriote », raconte-t-elle.

Notons que c’est la Tourism Authority qui émet les licences aux operateurs, qui visent une clientèle composée de touristes. Sollicitée pour une réaction, une employée confie qu’un restaurant doit comprendre une aire de stationnement, des toilettes individuelles, un minimum de 40 couverts, un espace dédié à la plonge et une cuisine appropriée.  « Après que le postulant ait rempli un formulaire à la Tourism Authority et déposé une somme de Rs 1 000, les officiers vont étudier le dossier avant une visite des lieux par le service sanitaire, les pompiers et la police. Par la suite, la demande nécessitera l’approbation du comité qui siège une fois la semaine », explique-t-elle.

Manifestement, les normes ne sont pas respectées. Au vu de ce que nous avons constaté, on peut se demander si les inspections mentionnées par la préposée de la Tourism Authority ont bien eu lieu.

Une Française, tenant un restaurant de «60 couverts», selon ses dires, à Pointe-aux-Cannoniers, témoigne qu’elle s’y est installée depuis 18 ans. « Je suis parmi les plus anciens de ce côté et il suffit que les clients soient contents pour qu’ils reviennent », explique-t-elle.

A la question de savoir pourquoi elle n’a pas respecté le règlement qui prévoit que tout restaurant doit avoir une aire de stationnement appropriée, elle répond, agacée et en haussant le ton : « Il y a toute la rue pour que les gens puissent se garer. Je ne suis pas la seule à ne pas avoir de parking. Allez voir si les autres en ont ! ». L e ton péremptoire employé par la Française en dit long sur la qualité de ses rapports avec ses voisins Mauriciens.

Ce qui est ressenti comme une invasion crée une ambiance peu sereine. Les relations entre opérateurs mauriciens et étrangers ne sont pas empreintes de cordialité. Parfois, ce phénomène dégénère et atteint les clients. On se rappelle la bagarre entre supporteurs francophones et anglophones venus assister à la retransmission de la Coupe du Monde de Football dans l’un de ces restaurants, l’année dernière.

Cependant, il n’y a pas que la restauration qui intéresse les étrangers. Ils sont partout, disent les opérateurs mauriciens. Du shopping à l’immobilier, en passant par le night-life, les casinos, les soins et beauté, les activités nautiques, les galeries d’art, pour finir par le lavage de voitures et .... le toilettage pour animaux. Les petits entrepreneurs étrangers  ratissent large.