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Sports adaptés: la part belle aux handisportifs mauriciens

4 septembre 2023, 16:02

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Sports adaptés: la part belle aux handisportifs mauriciens

Brandy Perrine a été chaudement applaudie à Madagascar.PHOTO : MINISTÈRE DES SPORTS

Ils ont réussi à fièrement hisser le drapeau national, en réalisant quasiment un sans-faute dans toutes les épreuves auxquelles ils ont participé à Madagascar. Que ce soit en natation ou en para-athlétisme, ces jeunes sportifs en situation de handicap ont su mettre en évidence l’étendue de leurs compétences.

Ils n’ont pas hésité à plonger tête première dans la piscine de Vontovorona ou Ans. On se souvient encore de nageurs, tels que Najiibah Joomun, Lachana Marday, Muhammad Suffian Ropun ou encore Scody Victor, semblables à des torpilles, remportant haut la main les différentes épreuves. La même détermination était présente chez ceux qui concouraient en para-athlétisme : Mélissa Prudence, Loïc Durhône, Anndorra Asaun, Jean François Sénèque, Brigila Clair, Eddy Capdor, Ashley Telvave, Yovanni Philippe, Brandy Perrine et Cédric Ravet. Tous étaient comblés de voir ou d’entendre l’hymne national résonner dans le stade d’Alarobia.

Derrière tous ces athlètes chevronnés se trouvent également des entraîneurs dévoués, à l’instar de Jean Marie Bhugeerathee. Même s’il n’a pas pu se rendre à Madagascar, en raison de ses engagements avec la Ligue de Diamant à Zurich en compagnie de Noémi Alphonse, il a veillé à continuer à prodiguer ses précieux conseils aux athlètes. «À travers les réseaux sociaux, je suis les différentes épreuves. L’autre jour, lors du lancer du poids, j’ai aidé Jean François Sénèque à améliorer sa technique de lancer. J’ai en effet appelé mon fils Loïc Bhugeerathee, qui se trouvait sur place. (NdlR, ce dernier participe à la course des non-voyants aux côtés d’Anndorra Asaun sur 100 mètres).Il a transmis le message.»

Implication et accompagnement

Cette réussite n’est pas le fruit du hasard. Les séances d’entraînement acharnées ont été essentielles pour obtenir de tels résultats. «Il n’y a qu’un mot pour exprimer ce que je ressens : fierté. Voir tous ces athlètes donner autant d’eux-mêmes est vraiment gratifiant.» Jean Marie Bhugeerathee tient à exprimer sa reconnaissance envers le ministère des Sports pour son soutien inestimable dans leur quête d’excellence. «Nous ne pouvons pas oublier High Level et Horizon Paris 2024 qui accomplissent un travail exceptionnel.» Cependant, le travail est loin d’être achevé. Le Comité paralympique de Maurice, dédié à l’accompagnement des athlètes en situation de handicap, nourrit l’espoir de développer d’autres disciplines. «Nous aspirons à promouvoir le para lutte, le para escrime et le para volley, entre autres. Mais cela ne peut se réaliser sans un soutien financier adéquat. Le président Jean-Marie Malepa, la secrétaire Hewlett Nelson et Hervé Runga sont toujours dévoués pour que tous puissent progresser.» C’est pourquoi le soutien des entreprises privées serait grandement apprécié...

Cependant, Jean-Marie Bhugeerathee n’est pas le seul à découvrir des talents. Il en va de même pour Giuliano Ameer. Entraîneur depuis plus de 20 ans, il parvient à repérer le potentiel chez les jeunes en situation de handicap. «Ils ne sont pas autrement capables; ils sont tout simplement capables. Il suffit de croire en eux.» Néanmoins, il dénonce le manque d’activités destinées à ces jeunes en situation de handicap. «Je ne suis pas là pour accuser qui que ce soit, mais organiser une seule activité par an pour les élèves en situation de handicap mental au sein des établissements scolaires ne suffit pas. Qu’en est-il de ceux qui ne fréquentent plus l’école ? Prenons l’exemple de Yovanni Philippe, médaillé de bronze aux Mondiaux de Paris.

Selon l’entraîneur, il est essentiel de valoriser tous les athlètes et de ne pas se concentrer uniquement sur une seule personne. *«Il ne faut pas se fixer uniquement sur une personne, mais apporter un soutien aux autres qui s’efforcent également de réussir dans les épreuves sportives. Il est également nécessaire de mettre en place davantage de structures pour soutenir ceux qui se consacrent au sport. «Un jeune qui va à l’école doit également trouver du temps pour ses séances d’entraînement. Pour une personne qui travaille, il est encore plus difficile de consacrer du temps à son sport. Les autorités devraient aider ceux qui représentent l’île à trouver un équilibre.»

Assurément, il est indéniable que derrière chaque médaille se cachent d’énormes efforts déployés par les athlètes. Muhammad Suffian Ropun, médaillé d’or au 50 m nage libre chez les malentendants, en est un exemple éloquent. «Je m’entraîne six fois par semaine et à l’approche des Jeux, nous avons intensifié nos séances avec des entraînements matin et après-midi. Nous nous préparons pendant des mois, voire des années, pour quelques précieuses secondes de compétition.» Ce jeune homme de 23 ans avait à cœur de défendre son titre acquis en 2019 à Maurice et a mis en œuvre tous les moyens nécessaires pour y parvenir. «Je peux affirmer, qu’au fil des éditions, le niveau de la compétition ne cesse de s’élever. En observant les autres concurrents, j’ai réalisé que la tâche serait ardue.»

Cependant, une fois dans la piscine, le nageur s’est entièrement concentré sur son objectif. «Je visais également l’amélioration de mon propre record et je suis fier d’avoir réussi.» Aujourd’hui, il poursuit un autre rêve qu’il espère réaliser. «Je nourris le rêve de décrocher une médaille d’or aux Jeux paralympiques ou aux Championnats du monde.» Et nous ne pouvons que lui souhaiter que ce rêve se concrétise...