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Chagos et Agalega: 47 ans après, les mêmes mensonges?

9 août 2022, 18:00

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Chagos et Agalega: 47 ans après, les mêmes mensonges?

En 1975, l’ex-président américain Gerald Ford faisait les mêmes «promesses» concernant les Chagos… Les mêmes que Pravind Jugnauth aujourd’hui, au sujet des Indiens et d’Agalega…

C’est le Senior Counsel Sanjay Bhuckory, féru d’histoire, qui a déterré cette conversation qui a eu lieu entre le président américain d’alors, Gerald Ford, et une délégation mauricienne, le 30 septembre 1975 à la Maison-Blanche. La délégation était composée de sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR), Satcam Boolell, Beergoonath Ghurburrun et Pierre Guy Balancy, l’ambassadeur de Maurice aux États-Unis, à l’époque. La rencontre n’avait duré que 30 minutes mais elle est riche en enseignements sur la géopolitique.

En 1975, la guerre froide était à son apogée et les Américains voient des communistes partout. D’ailleurs, lors de cette rencontre, Gerald Ford livrait ses états d’âme et expliquait comment son pays avait empêché le gouvernement de gauche de Soekarno de se maintenir au pouvoir en Indonésie, alors que ce dernier glissait vers le communisme. «What we did is help in Indonesia and elsewhere to prevent the rush of Communism.» Et SSR de rétorquer : «The Communists […] are now exploiting Diego Garcia.»

No offensive use

Quand sir Satcam Boolell demande à Gerald Ford, «what is actually happening in Diego Garcia», celui-ci assure que «what it is is just a landing field and a better harbor. It is not for offensive use, but just to let planes land and ships dock». Malheureusement, nous n’avons pas les témoignages sur le langage corporel des participants à cette rencontre. La délégation mauricienne a-t-elle cru Gerald Ford ? On se rappelle que c’est de la base de Diego Garcia qu’ont dé- collé les bombardiers américains en route vers l’Iraq en 2003, l’objectif étant alors de déloger Saddam Hussein.

«What it is is just a landing field and a better harbor. It is not for offensive use, but just to let planes land and ships dock.»

En tout cas, pour Me Sanjay Bhuckory, la réponse de Gerald Ford en 1975 ressemble étrangement à celle de Pravind Jugnauth, 47 ans, après concernant Agalega. Il a donné pratiquement les mêmes explications lors de sa réponse à la Private Notice Question du 26 et 28 juillet. Sauf qu’en 2022, c’est notre Premier ministre qui s’est fait le porte-parole de son homologue indien.

Île sans cocotiers

Mais il y a plus. Retour dans le passé. Lorsque sir Satcam a voulu savoir si les Chagossiens trouveraient du travail sur la base militaire où tous les cocotiers avaient été rasés, le président Ford lui promet : «We will look into it.» En créole : «Nou ava gété.» Autre surprenante ressemblance avec 2022, dites-vous ?

Ce qui interpelle aussi, c’est la raison pour laquelle le président américain voulait savoir, en 1975, combien d’îles nous avons. À la réponse de SSR : «There are three main ones, with some smaller ones», on se demande si Gerald Ford réfléchissait déjà à ce qui pouvait être fait d’Agalega, ne serait-ce que par l’entremise d’un autre État ami des deux parties, américaine et mauricienne.

En attendant, il est loin le temps où l’on parlait de l’océan Indien comme d’une zone de paix. C’était entre les années 70 et 90. Et pourtant, depuis, il y a eu la chute du mur de Berlin et une baisse des hostilités entre la Russie et l’Occident. Cependant, avec la montée en puissance de la Chine, les animosités ont repris, tout au moins en Mer de Chine et dans l’océan Indien. Et Maurice s’est non seulement prêté à ce jeu mais il semblerait que le pays a déjà choisi son camp…