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Pouvoir d’achat: familles nombreuses vs ventres vides

7 août 2022, 21:00

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Pouvoir d’achat: familles nombreuses vs ventres vides

Des milliers de Mauriciens peinent à joindre les deux bouts à cause de la cherté de la vie. Si la situation est chaotique au sein des foyers, si l’on doit faire des calculs savants pour ne pas se retrouver sans le sou, au sein des familles nombreuses, l’équation est encore plus compliquée.

Avec la flambée des prix, il est de plus en plus difficile pour des familles de joindre les deux bouts. La situation est encore plus dure pour une famille nombreuse. Sarah-Jane Dram, mère de sept enfants, âgés de deux à 17 ans, raconte comment sa famille fait face à la cherté de la vie.

En novembre 2021, cette jeune femme âgée de 33 ans a fait un accident vasculaire cérébral. Depuis, sa main droite et son pied gauche ne fonctionnent pas normalement, bien que sa situation de sante s’améliore. Ne pouvant travailler pour contribuer aux besoins de la famille, leur situation financière s’est aggravée. Elle nous confie qu’actuellement elle attend un retour du ministère de la Sécurité sociale pour une pension. Avant ce problème de santé, Sarah-Jane Dram était femme de ménage. «Lorsque je travaillais, on me payait en fin de journée. Je travaillais trois fois par semaine. Cela me permettait de faire des courses pour les deux prochains jours. Et mon époux faisait les courses lorsqu’il recevait son salaire le week-end.»

Aujourd’hui, seul son époux travaille pour subvenir aux besoins de la famille. Pour faire face à la flambée des prix, il doit effectuer plusieurs travaux, tels que jardinier, maçon ou offrir son aide à des éleveurs. «C’est très difficile bien que nous ayons parfois l’aide des organisations non-gouvernementales. Avant le Covid-19, nous n’étions pas dans cette situation. Nous travaillions, nous faisions de notre mieux. Avec l’augmentation du coût de la vie et le fait que je ne peux plus travailler, la situation a empiré. Mais nous faisons tout ce qu’on peut pour que les enfants ne dorment pas le ventre vide», nous confie cette mère de sept enfants.

Les courses à crédit

La majorité des achats se font à crédit à la boutique du coin. Et les dettes sont remboursées dès que son époux est payé. La famille se rend au supermarché uniquement quand ils ont pris connaissance de promotions et pour l’achat de produits surgelés quand ils peuvent se le permettre. Cette habitante d’Albion fait ses courses en fonction des produits prioritaires comme le riz, le lait surtout pour son petit de deux ans, les grains secs, le sel et les boîtes de conserves les plus abordables.

Certains produits ont dû être éliminés de sa liste de courses et le volume d’autres produits a dû être réduit. «Il y a certains produits que je n’achète plus comme le beurre ; j’ai réduit le nombre de sachets de grains secs que j’achetais et j’achète une bouteille d’huile comestible à la fois. Nous ne pouvons plus acheter du poulet, de la viande. C’est trop cher. Acheter un poulet ou de la viande avec Rs 300 ne suffira pas pour toute la famille. À la place, nous achetons des saucisses, du poisson en conserve, tel que les sardines ou pilchards.» Comme la famille est nombreuse, elle doit acheter des aliments à la fois bon marché et qui permettront à toute la famille de manger. Étant à neuf, explique Sarah-Jane Dram, les courses au coût de Rs 3 000 ne durent pas une semaine. Elle se voit donc obligée de varier les repas. «Ena zour manz diri, macaroni ou dipin, fer minn Apollo pou varié bann manzé an term pri. Si nou manz zis diri li pou kout tro ser.»

Des légumes une fois par mois seulement

La famille Dram n’achète des légumes qu’en fin de mois pour un budget de Rs 300 à Rs 400, soit une seule fois le mois. «Les autres jours nous achetons des oignons, du thym ou de la pomme d’amour afin que les plats aient quand même du goût. Par exemple, pour pouvoir manger du riz avec des lentilles rouges sans accompagnement. Pa kapav fer otreman, di moman ki nou pa al dormi lestoma vid (…) Et je dois dire que mes enfants sont coopératifs. Ils ne sont pas gourmands et comprennent qu’il faut partager.»

D’autre part, avec la hausse du prix du transport en commun, tous les besoins sont effectués autant que possible dans le quartier. Ils ne sortent qu’en cas d’urgence. Comme personne à la maison n’est bénéficiaire des Rs 1 000 de la Contribution sociale généralisée, Sarah-Jane Dram se dit que recevoir un bon d’achat pour acheter l’essentiel comme le riz et le lait serait un soulagement. «Une aide n’est jamais de refus, même si c’est peu. Si tir lésansiel lor nou fré, ti pou enn gran led pou lafami. Par examp, si nou éna diri, nou gagn dé papay, nou kapav kwi nou manzé… Il nous faudrait un soutien pour acheter de la nourriture.»