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Impair diplomatique: quand Bobby Hurreeram met les pieds dans le plat

5 août 2022, 18:00

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Impair diplomatique: quand Bobby Hurreeram met les pieds dans le plat

Dès qu’il ouvre la bouche ou prend la parole en public, c’est l’euphorie sur la Toile. Des dizaines de vidéos, mèmes et publications sont partagés quotidiennement à son sujet. Et certainement pas pour le féliciter. Pourtant qualifié à ses débuts comme quelqu’un de relativement «humble», que s’est-il passé dans la tête de Bobby Hurreeram depuis ? 

La semaine dernière, son interview sur les ondes de Top FM a propulsé Bobby Hurreeram au rang de «star de ce qu’il ne faut pas dire». Sa prise de position dans l’affaire «sniffing» fait couler beaucoup d’encre. Le ministre des Infrastructures nationales et du Développement communautaire a ainsi laissé entendre, face à un Bhai Habib très en verve, que l’ex-CEO de Mauritius Telecom, Sherry Singh, «a livré notre pays mains et pieds liés à Huawei (…)» En arguant que presque 100 % de tous nos équipements de télécommunications appartiennent à un seul fournisseur… Le ministre orange a dès lors embarqué la Chine dans ce scandale qui ébranle son gouvernement actuellement. 

Suite à quoi, Zhu Liying, ambassadeur de Chine à Maurice, a réagi face aux allégations d’espionnage faites par Hurreeram. Il a été catégorique en disant que Maurice a tort d’accuser Huawei. L’ambassadeur est revenu sur les attaques contre cette société, qui semble être la nouvelle ligne de défense du gouvernement. Zhu Liying a affirmé que la Chine n’a nullement l’intention de remplacer l’Inde et que ce n’est pas à lui de clore cette affaire-là. «C’est à la partie mauricienne. Moi, je fais tout pour défendre les intérêts de mon pays. Chacun fait son travail…» 

Bobby Hurreeram a donc visiblement commis un grave impair diplomatique. Quelles seront les retombées de cette affaire ? «Nul ne le sait pour le moment. Mais Bobby a tendance à trop l’ouvrir sans réfléchir. Il est impulsif et tous subiront peutêtre sa bêtise», expliquent certains de ses «collègues». Un ex-parlementaire orange, qui a côtoyé l’actuel député de la circonscription n°12 (Mahébourg/Plaine Magnien) ne comprend pas comment Hurreeram en est arrivé là. «Je l’ai connu à ses débuts au sein du MSM. C’est une transformation totale. Celui qui était attentif, coopératif et humble n’est aujourd’hui qu’un vulgaire personnage sur le plan politique.» Selon notre source, Bobby Hurreeram s’occupait même de l’aile jeune du parti orange et s’était fait très rapidement une place au parti soleil. «Mais depuis qu’il est ministre, koumadir so lipié népli tous later aster.» 

À vrai dire, quand on parle de gaffes, d’incidents et polémiques, le nom de Bobby Hurreeram est souvent cité. Le plus récent a été cette fameuse phrase sur les ondes de Top FM toujours, vendredi dernier, où il a soutenu que «l’île (Agalega) est appelée à se développer et pourrait devenir une… zone balnéaire». Les internautes s’en sont donné à coeur joie sur les réseaux sociaux allant même jusqu’à se demander si Agalega se transformera en Ibiza version océan Indien. Puis, comment oublier son lapsus au Parlement qui lui avait valu le ‘non gaté’ de ‘minis Dizef’. Sa phrase, «on ne peut pas faire des oeufs sans casser des omelettes (sic)», est ainsi devenue culte. 

Copieusement hué 

Des altercations et des prises de bec, il y en a eu aussi. En juin 2020, en plein travaux parlementaires, Bobby Hurreeram s’est vivement énervé et n’a pas hésité à lancer au député travailliste Shakeel Mohamed : «Si to piti torpa anou al CID», le tout accompagné de gestuelles de la main. Puis un an plus tard, soit en juin 2021, il y a de nouveau eu une altercation entre les deux hommes en début de soirée dans la lunch room de l’Assemblée… Selon Shakeel Mohamed, ce serait une blague sur Betamax qui était à l’origine de ce déferlement de colère de Bobby Hurreeram qui, visiblement, n’avait pas saisi le côté humoristique du geste de Mohamed. Il l’avait même insulté et les deux ont failli en venir aux mains. Le député rouge avait porté plainte à la police. 

Plus récemment, c’est Nawaz Noorbux, directeur de l’information de Radio Plus, qui a eu maille à partir avec le député orange. Ce dernier réclamait un face-àface avec Nawaz Noorbux, arguant que l’affaire «sniffing n’est qu’un complot entre Sherry Singh, Nawaz Noorbux et Bruneau Laurette pour déstabiliser le pays». Le journaliste avait relevé le défi mais Bobby Hurreeram a finalement choisi de battre en retraite, faute de lieu «neutre» selon lui… 

Par ailleurs, quand Bobby Hurreeram n’est pas en train de flatter son Premier ministre qui, selon lui, est «le meilleur que le pays ait connu», quand il n’est pas en train de critiquer «l’insolence de l’opposition», il ne rate pas une occasion pour provoquer la colère de ses mandants, comme ce fut le cas au Citizens Advice Bureau de Plaine-Magnien en avril, où il avait été copieusement hué. 

Bobby Hurreeram aime par ailleurs être vu sur TikTok, comme en témoignent ses vidéos, comme celle faite le jour de la présentation du Budget. Il est également sur Instragram. Mais avant cela, il a fait son entrée en politique avec le Mouvement républicain (MR), fondé par Rama Valayden. Il est même en première ligne, le 19 mars 2004, quand le MR organise une manifestation contre les dommages de Rs 45 millions reçus par le Sun Trust après la rupture du contrat du ministère de l’Éducation. Toutefois, un an plus tard, Bobby Hurreeram se rapprochait du MSM et de Pravind Jugnauth plus précisément. 

«Grossièreté» 

Lors des élections de 2010, Bobby Hurreeram est candidat sous la bannière du PTr-MSMPMSD et se classe sixième. En 2014, il est élu en première position au n°12. Il sera secrétaire parlementaire privé puis Chief Whip, avant d’être promu Deputy Speaker. Il sera réélu en 2019 dans la même circonscription et aura cette fois-ci plus de chance et est nommé ministre. Une belle réussite pour celui qui a fait des études en «management», marketing et en relations publiques… Si l’on se fie à son compte LinkedIn, il a été pendant quelques années Sales and Marketing Manager au sein d’une entreprise de télécommunications. 

Rama Valayden fait partie de ceux qui le connaît le plus. Comment perçoit-il le changement chez Bobby Hurreeram ? «Il est parmi ceux que nous avons formés au MR, les Hurreeram, Ken Arian et autres Veeramundar. Il était un très bon orateur et avait l’art de parler mais c’est dommage, il a tout gâché par sa grossièreté et ses coups sous la ceinture.» Selon l’avocat, le conseil qu’il a à donner à Bobby Hurreeram est le suivant : «Li pé rant dan trou, mo dir li aret fouyé. Ek sa mo pé dir li koumma enn kamarad…»