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Père Jean-Claude Veder: «la censure du message du Cardinal Piat était une atteinte à un droit humain»

26 mars 2022, 19:16

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Père Jean-Claude Veder: «la censure du message du Cardinal Piat était une atteinte à un droit humain»

Affirmative Action (l’AFAC) ne décolère pas. Ce mouvement d’action civique veut situer les responsabilités par rapport à la censure du message de Noël 2021 du Cardinal Maurice Piat et connaître l’identité du coupable et de son donneur d’ordre. L’AFAC ne digère pas non plus le montage de la MBC par rapport à sa manifestation du 10 février et condamne les maladresses de langage de son directeur général. Elle exige des excuses aux Mauriciens de foi catholique et par extension à tous les Mauriciens, qui paient la redevance télé.

Affirmative Action (AFAC) s’en va à nouveau en guerre contre la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) par rapport au message charcuté de Noël 2021 du Cardinal Piat. Jeudi, l’AFAC a déposé une autre pétition au bureau du Premier ministre, au siège de la station de radiotélévision nationale à Moka et à d’autres institutions. Le fait que cette intervention ait été rediffusée dans son intégralité le 29 décembre et que le directeur général de la MBC ait déclaré qu’il a enquêté et pris des sanctions, est-ce insuffisant pour l’AFAC ?

Nous avons fait deux pétitions, une en ligne et une autre en présentiel et c’est notre troisième manifestation contre la MBC. Nous poursuivons notre action parce que nous considérons la censure du message du Cardinal Piat comme une atteinte à un droit humain fondamental, qui est celui du droit à l’information. D’autant plus que la MBC est une chaîne publique, qui fonctionne avec l’argent des contribuables. Rediffuser le message après notre protestation ne nous satisfait pas. Surtout que ce message a été diffusé un 29 décembre, date qui n’est pas symbolique pour les Catholiques. Ce message aurait dû passer le 24 au soir, la veille de Noël, ce qui lui aurait donné tout son sens ce jour-là. Nous considérons aussi que le message du Cardinal, qui a été censuré, ne comportait aucune attaque envers qui que ce soit. Il ne faisait que relier un contexte difficile que nous traversons tous en ce moment à son impact sur les foyers mauriciens. Je dois dire aussi que ce n’est pas la première fois que le message du Cardinal passe sous les ciseaux de la censure. Qu’est-ce qui motive cette censure ? Qui l’a faite ? Pourquoi ? Les chefs religieux ont toujours prôné la paix sociale. Le Cardinal Piat comme le Cardinal Margéot ont toujours été des citoyens, qui ont œuvré pour le bien du pays. Qu’ont-ils fait de mal ?

Pourquoi cette pétition sous forme de lettre déposée jeudi ?

Les Catholiques ont été doublement offensés et blessés : d’une part quand la MBC censure le message de leur chef hiérarchique, et d’autre part, comme pour add insult to injury, le Premier ministre promeut M. Ramsurrun comme directeur général. Dans un tel contexte conflictuel, comment pouvons-nous comprendre un tel geste du chef du gouvernement ? Est-ce qu’il veut nous montrer que «Vous pouvez toujours manifester mais c’est moi qui décide» ? C’est inadmissible dans un état démocratique et dans un état de droit. Nous affirmons que le Premier ministre ne nous a pas écoutés. C’est pour cela que nous venons avec cette pétition, qui lui est directement adressée car la MBC tombe sous sa tutelle, avec copie à la MBC, au président de la République et à l’Independent Broadcasting Authority.

Que souhaitez-vous au juste obtenir avec cette pétition ?

Nous demandons justice et réparation. M. Ramsurrun a fait savoir que c’est une affaire interne à la MBC et que des sanctions ont été prises contre la personne qui a censuré. Mais est-ce vrai ? Qui est le bouc-émissaire ? A ce jour, nous ne savons pas qui est le fautif et qui est le véritable coupable. Entretemps, les contribuables continuent à payer une institution sans qu’il y ait aucune redevabilité, principe essentiel de bonne gouvernance. Nous concevons que la MBC opère comme une compagnie. Cependant, nous affirmons aussi qu’étant une entité publique, elle est redevable envers ceux qui contribuent à son fonctionnement. Cet élément d’entité publique rend l’affaire encore plus grave car à la suite des derniers agissements de la MBC, nous nous posons la question concernant les compétences des personnes, qui prennent des décisions à la tête de nos entités publiques.

Cette démarche de l’AFAC a-t-elle la bénédiction de la hiérarchie catholique ?

L’AFAC est un mouvement d’action civique. Elle est autonome de la hiérarchie catholique, même si en son sein il y a trois prêtres catholiques. Tant que nos droits fondamentaux seront bafoués, nous allons réagir. Car nous considérons qu’un être humain, qui est discriminé, mérite qu’on lui accorde notre attention. C’est une lutte au nom même de notre appartenance à l’Evangile du Christ. Donc, le combat d’AFAC n’est pas contraire au combat de Jésus, qui a toujours lutté pour les droits de la personne humaine. Ce combat que nous menons est le même que mène, à son niveau, le Cardinal Piat.

Vous estimez que les Mauriciens dans leur ensemble ont été humiliés. A quoi le voyez-vous ?

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’est la maladresse de M. Ramsurrun, qui a comparé la MBC à Marie-Madeleine. Toucher à un personnage biblique pour se tirer d’affaire a été bien mal reçu par les Catholiques, surtout que nous sommes en Carême. D’autant plus qu’il a véhiculé une idée fausse sur une sainte très vénérée et qu’il a fait un amalgame entre la femme adultère et Marie Madeleine. Nous pouvons lui pardonner de ne pas connaître nos livres sacrés mais attention à la manipulation pour faire dévier du vrai problème. Par la suite, il y a eu une manipulation d’images au niveau de la MBC dans la retransmission du journal télévisé du 10 février 2022. Il y a eu une tentative délibérée de censurer et de manipuler cette manifestation d’AFAC, non seulement en diffusant d’anciennes vidéos où des membres de l’Eglise catholique font les éloges de la MBC, mais aussi en prenant une position de désinformation. En faisant ce montage impliquant le Cardinal Piat et les deux vicaires généraux, à savoir le père Maurice Labour et le père Gérard Sullivan, la MBC a projeté une image opposant le diocèse aux actions d’AFAC, par conséquent, celles des pères Mongelard et Fabien. Nous prenons cela très au sérieux car ces images sont une humiliation publique pour les prêtres Mongelard et Fabien mais aussi pour tous les Mauriciens de notre République. Cela projette une fausse image de division au niveau de la hiérarchie de l’Eglise catholique et de ses membres, ce qui est inacceptable. La MBC a récidivé dans la manipulation d’images et d’information lors du journal télévisé du dimanche 20 mars quand le journaliste, en reprenant l’émission de Carême sur la lettre pastorale du Cardinal, a laissé entendre que le Cardinal «tape» sur la presse et vante les prouesses du gouvernement. Ce qui est inacceptable et pas digne d’une institution publique.

Si vous n’obtenez pas satisfaction de la part de la MBC, que comptez-vous faire ?

Notre combat continue. Nous ferons tout pour que nous soient communiqués tous les détails de ladite enquête sur la censure du message de Noël du Cardinal Piat. Ce qui inclus, mais ne se limite pas à quand l’enquête a débuté, qui sont les responsables, qui a siégé sur le comité de la MBC pour les besoins de l’enquête. Nous exigerons que des explications nous soient données du directeur de la MBC à la suite de la censure du message du Cardinal Piat, de même que pour ses propos déplacés et pour ce montage vidéo du 10 février 2022. Nous attendons que le directeur en question reconnaisse qu’il a eu tort de tenir ces propos à la suite de la manifestation du 10 février 2022 et qu’il présente des excuses publiques au Cardinal et à tous les catholiques de la République de Maurice, qui ont été blessés dans leur foi, leur religion mais aussi à la population mauricienne, qui a été désinformée par la station nationale de radiotélévision. Si toutefois, nous n’obtenons pas satisfaction nous verrons la marche à suivre en temps et lieu. Aujourd’hui, c’est l’Eglise catholique, qui est touchée et blessée mais si nous continuons à nous taire, la MBC pourrait poursuivre sa pratique antidémocratique envers d’autres religions et d’autres institutions.