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Une stèle, un homme, une justice

16 octobre 2021, 11:00

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Avant la minute de silence, une poignée d’hommes et de femmes écoutent, les mains jointes, une prière, il y a aussi une stèle, des champs de canne qui se cambrent sous la brise, une photo, un homme, sa famille, ses proches, ses amis, ses avocats et des sympathisants, émus par son destin à la fin sinistre.

Retrouvé mort calciné il y a un an, Soopramanien Kistnen est devenu, bien malgré lui, le symbole d’une lutte acharnée pour faire émerger la vérité et triompher la justice. Une lutte contre les autorités, au coeur de l’Etat. Une lutte difficile mais essentielle.

L’affaire Kistnen donne froid dans le dos des plus braves.

Avec la mort terriblement suspecte et irrésolue de l’activiste MSM, proche de Yogida Sawmynaden, Soopramanien Kistnen, l’on a franchi une ligne rouge aux ramifications mafieuses. Et le temps passe, les assassins courent toujours, dans la nature…

Les terribles révélations qui remontent à la surface depuis ces douze mois viennent démonter et démontrer les liens qui existent entre le pouvoir et ceux qui gravitent autour du pouvoir et des institutions publiques. Elles jettent une lumière crue, en particulier, sur les relations entre ministres et leurs agents politiques, qui se croient souvent au-dessus des lois du commun des mortels.

Armoogum Parsuramen, ex-membre fondateur du MSM, «déplore encore une fois le traitement réservé à la famille de Soopramanien Kistnen, à laquelle aucun élu de la circonscription, ni aucun ministre, n’a rendu visite. Comment un parti digne de ce nom peut-il décemment agir de la sorte et oublier son propre agent ?»

A contrario, je salue Me Rama Valayden ainsi que toute l’équipe des Avengers, qui ont fait un travail exemplaire et extraordinaire afin que cette affaire ne tombe pas dans l’oubli et que justice soit faite. Je les salue pour le lourd combat sans relâche qu’ils mènent pro bono depuis un an maintenant. Car comme le disait Lois McMaster Bujold : «Les morts ne peuvent pas crier justice. C’est le devoir des vivants de le faire pour eux.»

En bref, l’affaire Kistnen est dans une large mesure un dangereux mélange de menaces, d’intimidations, de faux documents, d’appels d’offres pour des équipements médicaux durant le confinement 2020, avec la complicité experte de plusieurs ministères et de la State Trading Corporation, des compagnies, contrats et emplois fictifs, du trafic d’influence, de la corruption (petite et grande), de l’enrichissement illicite. Ce n’est pas fini : il y a aussi comme ingrédients le rôle ambigu de la police et l’état des caméras de Safe City, les agissements des gardes du corps, les dessous de table, les instructions criminelles qui viennent pratiquement, selon la formule consacrée, toujours d’en haut, les élections et les moeurs électorales, une justice à vitesses multiples… et une armée de chatwas…