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ATM out of service

15 octobre 2021, 11:00

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D’où sortiront les Rs 6,5 milliards nécessaires pour financer la note salée du Pay Research Bureau (PRB) qui s’étale sur 18 mois, soit de janvier 2021 à juin 2022. Hier, tout sourire, Pravind Jugnauth, entouré de ses ministres qui applaudissaient, s’est flatté de sa décision de tout payer d’un coup, au lieu de le faire en deux tranches, comme préconisé par le PRB, afin d’amortir le coût de la révision salariale pour la fonction publique, les corps parapublics et les collectivités locales.

Si le Premier ministre n’a pas précisé comment le gouvernement financera tous ces milliards (le Budget 2021-2022 avait prévu uniquement Rs 1,7 milliard pour cet exercice, tant attendu depuis l’an dernier), il a, cependant, promis qu’on ne va pas emprunter pour financer les dépenses courantes en général, les salaires en particulier. Il n’a pas 36 000 solutions : à défaut de ne plus pouvoir compter sur la Banque de Maurice (voir plus loin), il ne peut que détourner les fonds destinés à des projets qui n’ont pas démarré à cause du Covid-19, d’autant que l’échéance est courte : novembre pour la lump sum (représentant les arrérages depuis janvier) et décembre pour la nouvelle grille salariale et autres mesures qui vont ravir les fonctionnaires – n’en déplaise à quelques syndicats qui semblent vivre dans un autre monde, tant leurs revendications, alors que «le pays est à genoux», semblent être coupées de la réalité économique et des indices de productivité.

Pourtant, tous ces cadeaux, over and above le Wage Assistance Scheme et le Self Employed Assistance Scheme, n’auraient rien d’électoraliste, selon Pravind Jugnauth : les prochaines législatives sont dans trois ans (soit en 2024) et le prochain rapport du PRB est prévu pour 2026. À noter que le Premier ministre n’a pipé mot des élections municipales, apparemment imminentes, mais a pris soin de souligner que les employés du secteur privé, dont le sort dépend d’un autre mécanisme (normalement aussi «indépendant» que le PRB), ne seront pas en reste. Et ce, même si à ce stade, on n’a pas encore cerné l’impact de la Contribution sociale généralisée, pierre d’achoppement, entre le secteur privé et le gouvernement, laissée pour l’instant entre les mains du judiciaire.

Parmi les options de financement, on voit mal le gouvernement recourir, une fois encore, à son ATM préféré : la Banque de Maurice (BoM). Car l’état récapitulatif des Asset and Liabilities de la Banque centrale interpelle, qui se retrouve avec une base de capital négative.

Le rapport annuel de la BoM pour l’exercice se clôturant en juin 2021 devrait être publié d’ici novembre. Comme l’exige la loi, une version auditée du bilan sera soumise au ministre des Finances pour diffusion aux membres de l’Assemblée nationale. Le public aura, espérons-le, une idée de l’état réel de la situation financière de la BoM à la fin juin 2021, audité professionnellement et honnêtement par ses auditeurs externes.

Les mauvais choix de la BoM durant les deux dernières années portent désormais leurs fruits – très amers. La BoM a write off Rs 60 milliards en 2020-2021 (ce qui inclut la conversion en avances de bénéfices futurs faits au gouvernement). Cette générosité vient corser l’addition pour la Banque centrale.

Primo, il incombe au gouvernement de recapitaliser la BoM. Mais le gouvernement est lui-même sérieusement endetté. Une option serait que le gouvernement emprunte de la BoM elle-même, pour recapitaliser la BoM. Si le gouvernement faisait cela, son endettement augmenterait encore plus. Cette option n’est apparemment pas envisagée par le gouvernement. Deuxio, la BoM pourrait utiliser les ressources de son Fonds de réserve spécial (SRF) pour se recapitaliser. Mais le SRF a été épuisé par le gouvernement. D’où viendrait l’argent ? La voûte ? Cela irait à l’encontre de l’esprit de la BoM Act.

Les titulaires de comptes offshore ne pouvant pas sauver la BoM, l’auditeur externe de la BoM proposera-t-il de nouvelles astuces afin de ne pas impacter le déficit budgétaire du pays ? Novembre n’est pas loin…