Publicité

Pilotes en congé sans solde: le coup de gueule de Priya Doobaree, première Mauricienne commandant de bord

22 septembre 2021, 09:37

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Pilotes en congé sans solde: le coup de gueule de Priya Doobaree, première Mauricienne commandant de bord

«La compétence à Air Mauritius, comme dans le pays, n’est pas reconnue…» Le ton est donné. La première Mauricienne femme commandant de bord du transporteur national, qui figure parmi les 18 pilotes mis en congé sans solde pour une durée de cinq ans, se livre ouvertement, le coeur gros. Elle témoigne aussi de comment elle se relève.

Son parcours, chaudement applaudi, inspire. En tant que première Mauricienne à devenir commandante de bord à Air Mauritius (MK), en 2017, Priya Doobaree a sans aucun doute donné des ailes aux aspirant.e.s pilotes. Mais, celle qui est née au Botswana de parents mauriciens (père ingénieur et mère enseignante) et qui a fait ses études secondaires au collège Lorette de Curepipe et Quatre-Bornes, fait surtout la fierté de tout un pays en sachant, comme elle le dit si bien elle-même, qu’en Afrique, seulement 1 % des pilotes sont des femmes. 

Elle a entamé sa carrière à MK comme co-pilote sur ATR42 à 21 ans, suivant un programme de sélection après plusieurs années de gel des embauches. «C’est ma soeur, qui a travaillé deux ans comme personnel de cabine à MK, qui m’a parlé du programme de sélection de pilotes. Elle a aussi facilité ma présentation à certains pilotes», raconte la jeune femme. 

Toutefois, après avoir raté une promotion au poste de commandant, Priya Doobaree part déployer ses ailes ailleurs. Plus précisément, chez Jetstar Airways, à Singapour. C’est là-bas que ses compétences comme commandante sur l’Airbus A320 ont d’abord été reconnues. 

Il y a quatre ans, elle décide de répondre à l’appel de la direction de MK qui recrutait des pilotes mauriciens exerçant à l’étranger. «L’idée était d’offrir la chance à des Mauriciens d’ailleurs de revenir au pays pour servir la compagnie nationale. Donc, nous avons quitté des salaires et conditions de travail plus intéressants pour rentrer chez nous», se souvient, nostalgique, notre interlocutrice. Un cheminement qui, hélas, s’est brisé en mille morceaux en un claquement de doigts avec la mise sous administration volontaire de MK. 

Priya Doobaree est tombée de très haut en se retrouvant sur la liste des 18 pilotes mis sur la touche sans salaire pendant cinq ans. L’une des raisons qui ne convainc nullement : la vente des A319 et A340 que ces pilotes opéraient, comme décidé par le tandem d’administrateurs Sattar Hajee Abdoula et Arvind Gokhool. 

Désolation 

À ce registre, des voix déplorent que pendant que des Mauriciens qui sont revenus se mettre au service d'Air Mauritius sont écartés à cause du «last-in-first-out» mis en avant, des pilotes expatriés sont, pour certains, toujours en poste. En tout cas, Priya Doobaree, revenue au pays «pour être un “role model” pour les jeunes et les femmes à Maurice» – ce qu’elle estime important –, ne cache pas sa désolation. 

«Je suis triste que toute mon expérience et expertise n’aient jamais été demandées/ exploitée à Air Mauritius. J’ai postulé pour des postes à responsabilité, en vain. Je déplore que la compétence ne soit pas reconnue dans cette compagnie comme c’est un peu le cas dans le pays.» 

Lorsqu’elle dit expérience, elle fait aussi référence à ce qu’elle a acquis en travaillant pour le transporteur singapourien low-cost. «J’aurais pu aider la compagnie à mettre en place des mesures de réduction de coûts.» 

Fort heureusement, loin de se laisser abattre, elle tente de se remettre de ce coup de poignard dans le dos. «J’ai mis en place un peer-support program l’année dernière en pleine pandémie pour les pilotes de la Mauritius Air Line Pilots Association, avec l’aide d’une société en Angleterre ; et je supervise le fonctionnement.» 

Car la pilote est également psychologue et coach de formation. Elle détient un master en la matière depuis 2020. «Je me spécialise maintenant comme instructrice de premiers secours en matière de santé mentale et je fais également un MBA pour créer ma propre entreprise d’expertise-conseil», affirme celle qui travaille, depuis qu’elle a été mise en congé sans solde, comme mentor et experte pour une société en ligne basée en Angleterre. 

Une entreprise qui s’appelle Resilient pilot. Une appellation qui lui colle parfaitement à la peau.


Sa résilience traverse nos frontières

<p>AeroTime, passerelle numérique vers les professionnels de l&rsquo;aviation et autres parties prenantes, s&rsquo;est fait écho de la voix de notre compatriote durant le week-end. Priya Doobaree y évoque la psychologie de l&rsquo;aviation, le domaine auquel elle se consacre davantage depuis qu&rsquo;elle a été mise en congé sans solde. Elle reconnaît la valeur des programmes de soutien et explique qu&rsquo;il est important que les pilotes se soutiennent mutuellement pendant des crises comme celle que traverse MK.</p>

<div style="text-align:center">
	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/article/elle_etait_linvitee_daerotime_debut_septembre.jpg" width="620" />
		<figcaption><strong>Elle était l&#39;invitée d&#39;Aerotime début septembre.</strong></figcaption>
	</figure>
</div>

<p>&nbsp;</p>