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Dr Shameem Jaumdally: «Utilisons le meilleur vaccin pour protéger les plus vulnérables»

16 septembre 2021, 21:53

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Dr Shameem Jaumdally: «Utilisons le meilleur vaccin pour protéger les plus vulnérables»

Le sujet de la vaccination continue d’être au cœur des débats. La dose de rappel et l’âge des habitants à vacciner, entre autres, font toujours polémiques. uestions au... Dr Shameem Jaumdally, virologue

Il existe tout un débat sur l’âge de la vaccination. Pensez-vous que les jeunes de moins de 17 ans doivent se faire vacciner ?
Des essais cliniques ont démontré que la vaccination n’est pas sans danger. Toutefois, les adolescents de 14 à 17 ans ont une meilleure réaction immunologique que les adultes vaccinés. Je pense que le vaccin Pfizer que Maurice compte utiliser pour ces jeunes devrait être administré aux personnes les plus vulnérables. Plusieurs pays comme les Seychelles ont préféré s’en servir comme booster après avoir utilisé le Sinopharm. La vaccination des adolescents n’est pas justifiée car ils ne développent pas de maladie sévère mais ceux ayant des comorbidités peuvent toutefois se faire vacciner.

Un jeune de 20 ans a été vacciné par l’AstraZeneca avant de décéder. Ses proches pensent que cette injection est la cause de son décès. Existe-t-il une étude qui situerait l’âge approprié pour l’utilisation d’un vaccin spécifique.
Ce jeune était en bonne santé. Je pense que son décès peut être lié à la vaccination. Des études et des données révèlent des risques minimes d’événement thrombotique ou d’ordre inflammatoire pour le cœur après l’injection de vaccins à base de vecteur viral comme AstraZeneca ou Johnson and Johnson. On sait que le risque de mourir du Covid-19 est plus élevé que de mourir après une vaccination. Le décès de ce jeune homme est malheureux mais il faut avoir conscience qu’aucune intervention biomédicale n’est sans risque. Toutefois, aucune association entre l’âge et le vaccin n’a réellement été établie.

Seriez-vous pour une troisième dose de vaccin ?
Je suis plutôt partisan pour une booster dose (vaccin de rappel) pour ceux qui en ont vraiment besoin. Néanmoins, il faut avoir une stratégie. Avec le variant Delta, on remarque que ceux âgés de 40 ans à monter et ceux ayant des comorbidités, qu’importe leur âge, sont les plus ciblés, on pourrait leur injecter une dose de rappel. Toutefois, il faudra être sélectif car la distribution des vaccins se doit d’être équitable à travers le monde.

Pensez-vous que la mixture des vaccins est recommandée ?
Des essais cliniques permettent de déceler les effets indésirables et de nous éclairer sur certains vaccins. Pour ce faire, des doses de Pfizer ont été injectées à des personnes vaccinées à l’AstraZeneca ou Johnson and Johnson. D’autres sans passer par des essais cliniques ont opté pour Pfizer comme vaccin booster et l’ont prodigué à ceux ayant déjà été vaccinés par Sinopharm. C’est le cas des Seychelles ou des Émirats arabes unis. Ils n’ont pas attendu d’obtenir des données plus précises, mais connaissent les risques. Après des discussions avec des scientifiques et des fabricants de vaccins, ces pays ont choisi Pfizer comme vaccin de rappel. Je ne crois pas qu’il faille s’en inquiéter, mais il faut rester sélectif. Et si nous avons le meilleur vaccin, il faut s’en servir pour protéger les plus vulnérables.

L’OMS semble pessimiste sur le fait que la vaccination puisse combattre l’épidémie. Pouvez-vous nous donner votre avis sur la question ?
La vaccination ne semble pas être suffisante pour arrêter la transmission. La présence des variants le prouve car ces derniers arrivent à percer la protection vaccinale. À mon sens, il faudrait garder la vaccination pour les personnes les plus vulnérables. Mais, il faudrait également revoir les habitudes surtout concernant les gestes barrières. En ce qui concerne les activités sociales, les mariages, baptêmes, services religieux, des changements doivent avoir lieu. L’avenir ne semble pas être sous les meilleurs auspices mais nous devrons nous servir de notre compréhension du virus pour rebondir.