Publicité

Meurtre de Kistnen: qui l'a tué et qui est le commanditaire ?

12 septembre 2021, 20:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Meurtre de Kistnen: qui l'a tué et qui est le commanditaire ?

Si l’enquête judiciaire sur la mort de Kistnen a permis de savoir que l’agent du MSM ne s’est pas suicidé mais a été assassiné, elle a aussi donné des indications sur ceux à qui cette mort aura servi. Pourquoi et comment l’a-t-on tué ? Retour sur ce crime digne d’un roman policier.

Bien que l’enquête judiciaire ait révélé les dessous d’autres agissements notamment au niveau des achats sous le Covid- 19 – agissements qui mériteraient en eux-mêmes, selon plusieurs personnes, une commission d’enquête – on était toujours dans le flou en ce qui concerne l’identité de celui ou de ceux qui ont ‘exécuté’ Soopramanien Kistnen. Et pour lier le meurtre aux personnes qui l’auraient commandité, il est essentiel d’appréhender les auteurs du crime. Et voilà que Me Rama Valayden déclare connaître les noms de ceux qui ont fait le ‘sale boulot’. Des noms qu’ils a transmis à nul autre que le commissaire de police lui-même. Ce dernier, en ferait-il bon usage ?

La police, maîtresse du jeu ?

L’ancien juge de la Cour suprême, Vinod Boolell est d’avis qu’il ne faut pas oublier qu’au tout début, quand le corps de Kistnen avait été découvert, la police a rapidement conclu que le défunt s’était suicidé. «Il a fallu la persévérance du représentant du Directeur des poursuites publiques, Me Azam Neerooa et des Avengers pour détruire la thèse du suicide. Si le DPP renvoie le dossier à la police, espérons qu’on aura une enquête approfondie et surtout indépendante.»

L’ancien juge rappelle également que le DPP, Me Satyajit Boolell, avait déclaré en 2016 que «la police enquête dans les affaires criminelles et dispose d’une entière liberté dans ses investigations». Ce qui fait dire à l’ex-juge Vinod Boolell que finalement, c’est la police qui détient les cartes et le seul juge est l’opinion publique.

Commanditaires et assassins

Pour ‘descendre’ Kistnen, les commanditaires auraient normalement besoin de personnes sans scrupules, vu surtout la manière dont l’ex-agent a été tué. Ces assassins, s’ils sont arrêtés, révèleront-ils l’identité de celui ou ceux qui leur a/ont donné les instructions pour commettre ce crime ? Le Senior Counsel, Me Yousuf Mohamed, nous explique que pour cela, il faut d’abord que ces assassins plaident coupables et donnent tous les détails du crime et aussi l’identité de celui ou ceux qui ont commandité cet assassinat. «S’ils plaident assez tôt et aident la police, leur sentence pourrait aussi être réduite en conséquence, dépendant de la gravité du crime. C’est le juge qui en décidera», nous dit Me Yousuf Mohamed.

Un autre avocat fait valoir qu’il faut d’abord que la police les arrête. Et même s’ils le sont, «il se peut aussi que les présumés assassins plaident non-coupables, ce qui rendra difficile la tâche de découvrir l’identité des commanditaires». Un ancien enquêteur affirme que la police pourrait aider, si elle le veut, pour que les accusés plaident coupables afin de permettre de retrouver les ‘cerveaux’. «Je ne dis pas que la police doit les torturer ou les menacer. Non, il y a des moyens de les convaincre notamment en brandissant des preuves qui les conduiront en prison pour le restant de leur vie.» Tout en ajoutant que si la police fait le contraire et ne rassemble pas les preuves et ne se montre pas convaincante face aux accusés, «cela poussera ces derniers à plaider non-coupables».

Est-ce que les commanditaires, eux, pourraient révéler l’identité des exécuteurs ? «Bien sûr que oui. Mais le feront-ils ? D’ailleurs, plaideront-ils coupables ?» se demande un avocat. Pourraient-ils être déférés aux Assises, rien qu’avec les éléments réunis dans l’enquête judiciaire ? «Cela dépend du DPP. A noter que la loi vient d’être amendée pour permettre que les commanditaires d’un crime soient déférés directement aux Assises par le DPP, sans passer par l’étape d’enquête préliminaire.» Et de nous expliquer que normalement, c’est une enquête préliminaire qui déterminera si des commanditaires ou même les présumés assassins seront déférés aux Assises ou non. Cependant, l’avocat, un ténor du barreau, rappelle que c’est à la police de rassembler auparavant les preuves, car «les preuves obtenues lors d’une enquête judiciaire, contrairement à celles obtenues d’une enquête préliminaire, ne sont pas recevables en cour d’Assises ou intermédiaire».

Confidences dangereuses

Selon nos dernières informations, Soopramanien Kistnen faisait tellement confiance à un puissant homme d'affaires proche du Top Chef de LaKwizinn qu'il lui confiait tous les déboires qu'il avait eus avec Yogida Sawmynaden. Sans savoir que ces informations étaient régulièrement refilées a l'ex-ministre. Qui avait d'ailleurs, par le biais de son garde du corps, menace Kistnen. Ce qu'ignore cet homme d'affaires, c'est que Kistnen, selon son habitude, avait tout dit au sujet desdites confidences à un de ses amis.

What next?

Beaucoup se demandent ce qui se passera maintenant que l’enquête judiciaire est terminée. Dans l’interview qu’il nous avait accordée le 4 janvier 2020, l’ex-juge Vinod Boolell nous expliquait que c’est maintenant à la magistrate Divya Mungroo-Jugurnath de rédiger son rapport qu’elle enverra alors au bureau du DPP. Celui-ci décidera alors s’il faut et qui il faut poursuivre. Et il avait souligné que c’est à la police de recueillir les preuves pour éventuellement préparer l’acte d’accusation. Et si la police traîne les pieds ou regarde ailleurs ? A cela, l’ex-juge avait affirmé que «la police est tenue de suivre les directives du DPP et d’avoir recours à une enquête approfondie». Pour un avocat, toutefois, même si la police a besoin du DPP, «on a vu que la police a continué à mener son enquête en parallèle mais à l’opposé de la direction prise par cette enquête judiciaire. On a même vu la police refuser d’exécuter certaines instructions reçues». Une guerre des institutions en perspective ? L’avocat ajoute que le commissaire de police est sous contrat et qu’il n’est pas tenu de suivre les instructions venant ‘d’en haut’...