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Polémique: les «mari deals» de Vinash Gopee

1 août 2021, 21:00

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Polémique: les «mari deals» de Vinash Gopee

Des centaines de millions obtenues de la MIC et de la SBM, des contrats publics à gogo et des terres de l’État, sans parler des Pas géométriques. Mais il y a plus…

Cet homme d’affaires et entrepreneur est décidément bien vu par le pouvoir. À tel point que des terrains ont été transférés de Mauritius Post et d’une autre institution à Vinash Gopee. On nous explique comment Landscope, qui possède un terrain de trois arpents à Ebène, et le ministre de tutelle d’alors, auraient exercé des pressions sur la Mauritius Post pour que ce dernier renonce à son projet de construction de son siège social sur le terrain qui lui avait été accordé en 2002. Ainsi, faute de «développement», le bail sera résilié.

Chez Mauritius Post, on affirme que l’institution était à court d’argent et ne pouvait pas s’embarquer dans un projet de construction. N’aurait-elle pas pu emprunter d’une banque pour développer ce terrain bien situé ? La Poste, qui est actionnaire de MauBank, n’aurait-elle pas d’argent alors que l’on parle d’excès de liquidités et de taux d’intérêt bas ? «Non, on ne voulait pas s’engager dans cette aventure.» Quant aux clients potentiels pour louer une partie de l’immeuble, pourquoi ne pas en avoir trouvé parmi les institutions publiques ? Pas de réponse…

«Zot mem doné, zot mem pran»

Faute de moyens, La Poste n’aurait-elle pas pu faire, comme Avinash Gopee, alias Vinash ? Celui-ci a obtenu à travers une de ses sociétés, PSH Investment, Rs 600 M de la State Bank of Mauritius (SBM) pour construire un immeuble sur ce terrain repris de Mauritius Post. C’est en tout cas ce qu’affirme Xavier Duval. Rs 200 M supplémentaires de la Mauritius Investment Corporation (MIC) même si des immeubles sont vides à Ébène. Et pour les clients ?

Pas de problème, l’Economic Development Board (EDB) est là pour être locataire de quatre étages pendant 10 ans.

Mais quelle sécurité a offerte PSH Investment à la SBM contre ces Rs 600 M ? Pas grand-chose si ce n’est le terrain et l’immeuble pas encore construit. Mais il faut rembourser cet emprunt à la SBM, aussitôt le chantier achevé et loué. Comment faire ? Une brillante idée a germé dans les têtes pensantes de LaKwizinn. Pourquoi la SBM ne loue-t-elle pas quelques étages de PSH Investment ? Ainsi, cette dernière n’a pas besoin de rembourser. Cette idée, Vinash Gopee l’a eue et l’a améliorée. Selon nos informations, la SBM ne louera pas mais achètera trois étages à Rs 40 M l’étage ! En même temps, cette banque a déjà un siège social et elle est en train de fermer les succursales et départements non rentables. Nous avons adressé un courrier à ce propos à la SBM qui a promis de revenir vers nous avec des réponses.

«Pa moi sa, li sa»

Contacté, Giandev Motea, CEO de La Poste, ne veut rien dire. Par ailleurs, Naila Hanoomanjee nous a seulement fait comprendre que ce n’est pas elle qui a signé le bail à Gopee. Qui a signé alors ? On nous a redirigé vers le chairman de l’époque de Landscope, Gérard Sanspeur. Celui-ci nous explique que la demande de Gopee a été présentée au board accompagnée de l’instruction venant d’en haut qui disait qu’il fallait l’approuver. «C’est dans ces conditions que j’ai signé le bail après que le conseil d’administration comprenant Naila Hanoomanjee a donné son approbation.»

Bonnes affaires

Ce genre de deal où l’on prend au public pour donner aux petits copains et copines, on en a déjà connu. L’affaire Sicom Tower, par exemple, où un certain Gooljaury a obtenu un emprunt de SICOM pour construire cette tour sur un terrain de l’État et la louer ensuite à… SICOM. La directrice de SICOM n’avait trouvé rien de mal à ce genre de cadeau. Même deal avec entre la SBM et des bureaux à Chancery House dans les années 90. «C’est une vieille idée qui est constamment améliorée», nous dit un ancien cadre de la SBM. Un homme de loi, de son côté, nous a fait la réflexion suivante : «Gageons que si une telle question est posée au gouvernement, le ministre récitera les générosités passées. Plus ça change, plus c’est pareil. Même pire.»