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Enquête judiciaire sur la mort de Kistnen: Yogida Sawmynaden prend Neeta Nuckchhed à contre-pied

9 juin 2021, 09:04

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Enquête judiciaire sur la mort de Kistnen: Yogida Sawmynaden prend Neeta Nuckchhed à contre-pied

«Jamais.» C’est le mot qui reviendra le plus souvent dans la bouche de Yogida Sawmynaden, dans l’enquête judiciaire sur la mort de Kistnen au tribunal de Moka, hier. Ainsi, l’ex-ministre affirme n’avoir jamais réclamé le remboursement des énormes sommes qu’il avait avancées à Kistnen. Une générosité qui dépasse l’entendement. Il n’a jamais eu de dispute avec son ex-agent Kistnen, contrairement à ce qu’ont avancé plusieurs témoins. En revanche, Yogida Sawmynaden soutient que c’est son frère Koomadha qui recherchait constamment Kistnen en le menaçant. Le député orange ajoutera même que ce dernier lui aurait fait part d’un complot ourdi par son frère, avec l’aide de son avocat, Me Roshi Bhadain, contre lui.

Il n’a jamais accordé de contrat à Kistnen, sauf des contrats de sous-traitance. Cependant, l’ex-ministre déclare qu’il a souvent recommandé Kistnen auprès de ses amis et cela, a-t-il tenu à ajouter, sans jamais chercher à savoir le montant et le contenu de ces contrats. Pourquoi cette précision ? Sans doute pour faire taire les mauvaises langues qui prétendaient que des chèques avaient été adressés à une certaine adresse à Port-Louis.

A-t-il envoyé Kistnen pour effectuer des travaux chez les parents de Neeta Nuckchhed? Réponse : non, il l’a juste recommandé. Et chez elle ? L’ex-ministre a beaucoup tergiversé avant de dire : «Je ne l’ai recommandé que pour coter auprès du Neeta Nuckchhed.» Eh oui, Neeta Nuckchhed exigeait des cotations ! Il n’a pas recommandé Kistnen pour un travail précis, s’est-il empressé d’ajouter, mais en général. Il a reçu beaucoup de reproches de certains amis auprès desquels il avait recommandé Kistnen. Aucune plainte de Neeta Nuckchhed ? Réponse négative de Sawmynaden.

Justement, Me Azam Neerooa, le représentant du DPP, a voulu savoir s’il est toujours en contact avec l’hôtesse de l’air. À cette question, l’ex-ministre s’est indigné en déclarant que c’est une affaire personnelle. Après l’intervention de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, Yogida Sawmynaden reconnaîtra qu’il a été en contact téléphonique régulier avec l’hôtesse de l’air. Et aucune rencontre physique depuis le décès du père de Sawmynaden en 2011, comme l’a dit Mme Nuckchhed ? L’ex- ministre tournera autour du pot en jouant sur les mots pour à la fin être d’accord avec la version de Neeta Nuckchhed. Mais après une question de Me Neerooa, il fera un virage à 180 degrés en contredisant l’hôtesse de l’air et en reconnaissant qu’ils se sont bien rencontrés après les funérailles de son père.

Bruits étranges

L’ex-ministre dit cependant ne pas se rappeler de la date de leur dernière rencontre, ni si c’était sur un vol. Devant ses pertes de mémoire, Me Azam Neerooa s’est montré impatient. C’est alors que son avocate, Me Narghis Bundhun, est intervenue pour protester contre le ton utilisé par le représentant du DPP envers son client. La magistrate a conclu toutefois que l’avocat du DPP a utilisé un ton acceptable. Ce n’est pas fini et décidément, il y avait beaucoup de tension dans l’air. Au tour de Me Neerooa de demander à la magistrate de rappeler à l’ordre l’ex-ministre qui aurait émis des bruits étranges derrière son masque…

Rencontre de haut vol

Finalement, l’ex-ministre avoue avoir croisé Neeta Nuckchhed sur le vol du 15 décembre 2019 en provenance de Paris. Il se rappelle que cette dernière voyageait comme hôtesse de l’air et non comme passagère mais il jure qu’il ne savait pas qu’ils allaient se rencontrer sur ce vol.

Si le leitmotiv de Yogida Sawmynaden le matin était «jamais», l’après-midi, c’était devenu : «Je n’étais pas au courant.» Il n’était pas au courant que dans le cadre du Covid, des contrats ont été alloués pour la désinfection de son bureau. «C’est le management du ministère qui s’en occupe», dira-t-il. Il n’était pas au courant non plus que Neeteeselec, la compagnie gérée par son amie d’enfance, s’engageait dans la désinfection, ni qu’elle avait obtenu le contrat de nettoyage de la STC. «Je ne m’ingère pas dans la gestion quotidienne de la STC.» On est prié de le croire.

En revanche, ce dont se souvient Sawmynaden, c’est qu’il a aidé Kistnen à coter pour les contrats de nettoyage des écoles au ministère de sa collègue Lee- la Devi Dookun-Luchoomun. Mais pour son ministère, jamais. Si l’ex-ministre maintient qu’il n’y avait aucune dispute, ni menace entre lui et Kistnen, il précisera toutefois que les relations avec ce dernier se sont refroidies lorsqu’il a appris, dira-t-il une première fois, que Kistnen était en bons termes avec son frère Koomadha et une deuxième fois en apprenant que Kistnen fréquentait Pouveden Souborroyen.

Enter Vinay Appanna

Yogida Sawmynaden a hésité et s’est embrouillé gravement lorsqu’il a parlé de Vinay Appanna. Il n’était pas au courant – défense de rire – que Vinay Appanna est le beau-frère de l’ex-directeur de la STC, Jonathan Ramasamy. Mais c’est après que les choses se sont compliquées pour lui. Après avoir affirmé que Kistnen a appris auprès de l’entourage d’Appanna que l’ex-ministre était l’ami de celui auprès duquel il recherchait du travail de sous-traitance, il ajoutera dans le même souffle, toujours en verve, que Kistnen l’avait auparavant approché pour qu’il touche un mot à Appanna. Mis devant cette contradiction par Me Neerooa, l’ex-ministre s’est perdu dans des explications et des dénégations qui n’ont convaincu personne malgré l’intervention de son avocate, qui a profité de cette intervention pour lui demander de ne pas (trop) parler. Heureusement, la magistrate sifflait la fin de la partie.

«Special appearance» d’Aruna Gangoosingh…

<p>Elle a fait une brève apparition dans la salle d&rsquo;audience avant le début de la séance, hier matin, et a déclaré tenir à voir et saluer Yogida Sawmynaden. &laquo;Alors Monsieur Sawmynaden, comment allez-vous, tou korek la, la justice suit son cours ?&raquo;, a-t-elle lancé à l&rsquo;ex-ministre du Commerce, qui lui a retourné la politesse, d&rsquo;un air amusé. Avant que la police n&rsquo;escorte la dame vers une autre pièce.</p>