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Dr Marie-Christine Piat: «Combien de temps allons-nous encore perdre en arrêtant de vivre pour essayer de ne pas mourir ?»

12 avril 2021, 21:30

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Dr Marie-Christine Piat: «Combien de temps allons-nous encore perdre en arrêtant de vivre pour essayer de ne pas mourir ?»

Dans le décompte quotidien «cas positifs», aux nouvelles angoissantes qui défilent en instantané, prenons le temps de réfléchir. Prenons de la distance par rapport à ce confinement, cette crise qui est bien plus que sanitaire. La Dr Piat, bien que médecin, estime qu’il faut laisser l’immunité naturelle faire son chemin. Le virus va continuer sa progression et ses mutations, quoi que nous fassions. Nous ne pouvons pas évoluer en bulle stérile à entretenir nos peurs. Cette crise pourrait être une véritable opportunité pour les autorités de forcer chaque citoyen à prendre en main sa santé non seulement contre le Covid-19, mais pour tout le reste. Ou quand philosophie et médecine s’allient…

Vous avez fait plusieurs vidéos sur Facebook dès l’année dernière, pour demander à regarder la réalité en face. «L’être humain tout le temps doit s’adapter à son environnement pour s’adapter aux microbes (…) vivre veut dire accepter la mort tôt ou tard.» Étonnant venant d’un médecin. Maintenez-vous ces propos malgré le retour du Covid-19 ?
Non seulement je les maintiens, mais avec un peu plus d’un an de recul sur la pandémie, je me sens confortée dans mes propos. Chez nous, à Maurice, j’ai du mal à parler de «retour du Covid», dans la mesure où la fermeture des frontières n’a fait que mettre en «quarantaine annuelle» tout le pays, empêchant ainsi la circulation et la propagation du virus au sein de la population durant cette période.

Ce qui ne nous a donné qu’une protection temporaire, la preuve : nos frontières étaient encore fermées avec une quatorzaine stricte et des tests de dépistage répétés, mais le virus s’est malgré tout «faufilé» à travers les mailles de ces mesures d’isolement strictes.

On ne peut pas empêcher la marée de monter. Vu ses caractéristiques : contagiosité importante, formes majoritairement asymptomatiques et mutations rapides, il suivra simplement son circuit de propagation d’un humain à l’autre jusqu’à ce qu’il finisse par rencontrer des résistances mises en place par notre système immunitaire. Depuis que l’Homme existe et pour que l’espèce survive, il a toujours dû s’adapter au monde extérieur et non l’inverse. Croire que nous allons pouvoir vivre indéfiniment dans une bulle stérile, c’est oublier notamment deux choses :

1. Que l’être humain est fait pour vivre, et non pas survivre, en relation avec son milieu : ses semblables et la nature à laquelle il est soumis même s’il l’utilise pour évoluer.

2. Que le contrat signé par nos parents au moment de notre conception comprenait deux closes indissociables : notre naissance et notre mort… avec ou sans Covid-19.

«Chacun est responsable de sa santé en premier», affirmez-vous. Comment y arriver ?
Imaginez la plus belle voiture que l’on vous donnerait en vous disant : «Elle est à toi, fais-en ce que tu en veux, comme tu veux.» Quelle chance ! Mais quelle responsabilité aussi ! Pensez-vous que je la laisserais dormir dans le garage jusqu’à ce que la batterie se décharge et qu’elle ne puisse plus prendre en marche ? Que je remplirais son réservoir avec du sirop de canne 100 % bio en y mélangeant des huiles de vidange ? Que je ne la laverais pas régulièrement à l’extérieur comme à l’intérieur ?

Pensez-vous que si un voyant rouge s’allumait pour me signaler qu’il manque de l’eau dans le circuit de refroidissement, j’écraserais ce voyant afin de ne pas être embêtée par cette lumière qui s’allume subitement ? Pensez-vous que si elle tombait en panne, après avoir écrasé le voyant rouge, je la laisserais au milieu du chemin sans appeler la dépanneuse pour la déposer quand même chez le garagiste malgré ma négligence ?

Mes réponses sont dans les questions : en médecine, on parle de «capital santé». Mon corps est un capital ; combien plus précieux que la plus belle voiture du monde. Pourquoi ferais-je avec mon corps ce que je ne ferais même pas avec un tas de ferraille ? Comment y arriver est simple et à la portée de tous :

· Faire de l’exercice régulièrement.

· Manger des choses saines que la nature nous donne. Sans compter que notre île est bénie : pluie, soleil, richesse de la terre, tout pousse !

· Se reposer.

· Avoir de l’hygiène pour son corps : non seulement se nettoyer l’extérieur mais aussi l’intérieur, à l’eau, tout en arrêtant de le gaver comme nous le faisons en mangeant et en buvant trop et mal.

· Consulter un «garagiste du corps» : un professionnel de la santé, quand j’ai un symptôme qui apparaît afin de dépister et de traiter un mal qui se développe.

Mon corps m’appartient, c’est moi qui le conduis. Et s’il tombe en panne malgré tout, ce n’est ni la faute du gouvernement, ni de l’OMS, ni du professionnel de la santé, ni de mes parents… C’est à moi d’en prendre soin, de me faire aider, si nécessaire. C’est ma responsabilité.

Je n’ai parlé ici que de l’aspect physique, mais il est impossible d’occulter la dimension psychique et émotionnelle, indissociable de la santé du corps et qui repose sur notre vie intérieure et notre vie relationnelle. À chacun aussi de nourrir cet espace.

«À quoi nous sert la santé si nous vivons seuls, la solitude nous tue plus que la maladie», dites-vous. En effet, la santé ce n’est pas que le Covid-19. Vous semblez en avoir une vision assez large. Quelle en serait votre définition ?
Celle du philosophe André Comte-Sponville car c’est celle que je préfère depuis que je l’ai découverte. La santé n’est pas la valeur suprême mais un bien, certes le plus précieux dont nous disposons, mais pas un but en soi. Elle nous permet d’en faire usage pour accéder aux vraies valeurs qui sont la liberté, la solidarité, la fraternité, la générosité, le courage, la justice et par-dessus tout l’amour.

Placer la santé au-dessus de tout revient à nier ce qu’il y a de plus important dans la vie. Bien qu’étant médecin, jamais je n’ai dit à mes enfants : «Vous devez vivre pour votre santé», mais plutôt, «débrouillez-vous pour essayer le plus possible de vivre dans l’amour». Et à quoi peut bien servir l’amour si on est obligé de vivre coupé des autres ?

Pendant les grandes famines, les gens ne mourraient pas de faim à proprement parler mais des maladies qui prospéraient à cause de l’affaiblissement de leur système immunitaire. La privation de vie émotionnelle et sociale attaque également le système immunitaire, en le soumettant à un stress chronique. Les bébés privés d’interactions ne se développent pas normalement. Les personnes âgées privées de relations ont tendance à se laisser mourir tout doucement. Cette descente s’appelle le «syndrome de glissement». «La solitude nous tue plus que la maladie» n’est pas qu’une formule choc. C’est aussi de la médecine.

La crise sanitaire n’en serait-elle pas une ? Est-ce une crise socioéconomique ou d’un autre genre ?
C’est une crise qui dépasse largement la santé ! Les experts, médecins, chercheurs, scientifiques ne sont pas d’accord entre eux et donnent un spectacle angoissant pour des gens qui ont besoin d’être rassurés.

C’est une crise de la mondialisation, un virus apparu en Chine qui a envahi l’Europe en un clin d’œil.

C’est une crise économique dont les retombées feront plus de morts que le Covid-19 lui-même. Selon les Nations unies, en septembre 2020, le coronavirus fera basculer 96 millions de personnes dans l’extrême pauvreté en 2021. Combien de personnes cela va-t-il tuer ? Tous les ans, 9 millions de personnes meurent de faim, dont 3 millions d’enfants. En face, 2,5 millions de morts du Covid en 16 mois avec une moyenne d’âge de 81 ans en France, par exemple, et la planète s’est arrêtée. À titre de comparaison encore, 4 millions de personnes meurent par an à cause des particules fines. Cela n’empêche pas les gens de prendre leur voiture tous les jours. 7 millions de personnes meurent du tabac chaque année sans qu’aucun gouvernement n’interdise aux gens de fumer.

C’est une crise du pouvoir des médias, puissants capteurs d’attention qui deviennent des régulateurs émotionnels avec l’instantanéité de l’information. Elle tourne en boucle en diffusant des messages extrêmement anxiogènes.

C’est une crise de responsabilisation individuelle et collective et du report de celle-ci sur les autorités pour garantir notre capital santé.

C’est une crise du système capitaliste rongé par des conflits d’intérêts sur des enjeux financiers colossaux et parfaitement illustrés par les mouvements boursiers avant même la sortie des vaccins.

C’est une crise de la bonne gouvernance entachée de conflits d’intérêts entre les décideurs à casquette scientifique, les pouvoirs publics et certains acteurs économiques de la santé.

C’est une crise du leadership partout où le politique s’efface derrière la parole médicale, avec les influences qu’elle subit et les désaccords qui la brouillent, au lieu de rester le garant d’une vision holistique de la société, de rester capable d’arbitrer avec sagesse les multiples aspects socio-économiques de cette situation.

C’est une crise de la démocratie, révélée par la léthargie des citoyens à travers le monde, devant l’intensité des privations de liberté et l’étonnante pauvreté des bases scientifiques qui auraient pu les justifier.

Tout ceci révélant in fine une crise profonde de notre société qui recherche le risque zéro.

Le débat sur la gestion du Covid-19 devrait-il être scientifique, médical, ou ne peut-il finalement n’être compris que par la philosophie ?
Cela va faire bientôt 16 mois qu’on a entendu parler du Covid-19 pour la première fois. Au début, personne ne connaissait les caractéristiques du virus et tous les chefs d’État ont avancé en tâtonnant. Aujourd’hui avec le recul, les études cliniques, les preuves statistiques et les données épidémiologiques à l’appui ne suffisent toujours pas à mettre en place une stratégie sanitaire pour recommencer simplement à vivre.

Le corps médical est divisé sur la gestion de la maladie. Une fausse étude sur un médicament actif sur le Covid a réussi à être publiée dans la plus grande revue médicale du monde, The Lancet, à comité de lecture scientifique extrêmement sévère. La gestion de la pandémie a besoin aujourd’hui de plus de sagesse que de scientifiques dont les ego se battent pour tenter d’imposer chacun leur opinion qui n’est pas toujours basée sur des faits.

Vous semblez avoir une réflexion assez décalée par rapport à la pensée «mainstream» des praticiens de santé. Les médecins, hormis ceux qui prennent la parole le plus souvent dans les médias, forment-ils un groupe homogène derrière ces derniers ou sont-ils plus nuancés ?
Après 30 ans d’expérience, comme disait Jean Gabin à 75 ans : «Je sais qu’on ne sait jamais.» C’est pour cela qu’aujourd’hui encore je passe une grande partie de mon temps à suivre la recherche, à lire des études, à écouter des conférences d’experts. Je n’ai pas choisi d’arriver à des conclusions décalées ! Elles sont issues de toutes ces données.

Au-delà de cela, j’associe à toute cette démarche académique une démarche spirituelle qui me conduit à plus de sérénité face à la maladie et à la mort. Je n’ai pas peur des microbes et j’essaie de profiter du moment présent pour ne rien regretter si je voyais arriver la mort ! Ce sont ces connaissances et cette sérénité que je voudrais mettre au service des patients et à qui veut l’entendre. L’important est de rester cohérent avec soi-même. Cette parole discordante, je la partage heureusement avec beaucoup de mes confrères même si notre voix est moins audible car moins véhiculée par les médias mainstream.

Notre système de santé pourrait-il ne pas tenir si on laissait le virus suivre son cours avec une immunité naturelle ?
Il faut se baser sur des données qui sont celles recueillies 16 mois après le début de la pandémie.

1. Nous avons affaire à un virus très contagieux, mais qui reste asymptomatique, c’est-à-dire qui passe inaperçu, en moyenne dans deux tiers des cas.

2. Comme tout virus, il mute et il a déjà muté au moins quatre fois.

3. Nous ne pourrons pas vivre indéfiniment les frontières fermées. Maurice a d’ailleurs toujours été une terre de passage avant même la Compagnie des Indes au 17e siècle.

4. Même frontières fermées avec quatorzaines et tests de dépistage répétés, le virus a réussi à se propager.

5. L’OMS dit, le 12 octobre 2020 : «Le confinement n’est pas une solution durable en raison de ses importantes répercussions économiques, sociales et sanitaires.» Nous en sommes à notre second avec déjà des retentissements économiques catastrophiques pour notre pays.

6. Les personnes âgées et celles porteuses d’autres maladies sont plus à risque de développer une forme grave, comme pour tous les autres virus et microbes en général.

7. La stratégie vaccinale n’est pas une baguette magique. Elle montre ses limites dans le monde entier : insuffisance de doses, difficultés logistiques, principe de précaution avancé par ceux qui ne souhaitent pas se faire vacciner face à des essais cliniques inachevés, contre-indications chez certains patients, pas d’études chez les plus de 65 ans, inefficacité sur certains variants.

Tout cela indique que nous aurons des difficultés à sortir de la crise avec les procédures actuelles. En revanche, une approche qui laisserait à chaque médecin soigner en son âme et conscience, avec les protocoles qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs, augmenterait nos chances de sortir de cette crise.

Cette crise pourrait être une véritable opportunité pour les autorités de forcer chaque citoyen à prendre en main sa santé non seulement contre le Covid-19, mais aussi pour tout le reste. Avec cette responsabilisation individuelle d’une part et la connaissance du virus qui nous a déjà dicté ses règles, la meilleure chose serait effectivement de laisser le virus suivre son cours, afin que la population puisse développer une immunité naturelle.

Chez les autres virus, elle est en général beaucoup plus robuste car elle confère une protection contre les variants alors que celle apportée par n’importe quel vaccin ne cible que certaines souches virales. Dans le cas du Covid-19, des études sont en cours pour comparer la protection par immunité naturelle versus immunité vaccinale. L’hypothèse à redouter le plus serait la nécessité d’une vaccination de masse à l’émergence de chaque nouveau variant puisque ce virus nous a montré à quel point il mute. Nous rentrerions alors dans une boucle infernale, difficilement gérable et très onéreuse d’abonnement aux vaccins que nous pourrions appeler «Covid-Flix» !

Or, notre système de santé est très bien entraîné pour faire face à ce genre de propagation microbienne. Maurice a éliminé la malaria et les autorités sanitaires continuent avec énormément de professionnalisme et de compétence le traçage de cette maladie qui peut redémarrer chez nous à n’importe quelle minute. Ce n’est pas pour ça que nous fermons nos frontières. Rappelons-nous l’épidémie de Chikungunya. Nous l’avons tous attrapé ou presque. Je me souviens de patients entrant en consultation à quatre pattes.

Oui, nous avons perdu des compatriotes et chaque vie humaine compte. Mais nous mourons aussi de crises cardiaques, d’AVC, de cancers, de tabagisme, d’accidents de la route… Il n’y a pas que le Covid qui tue ! Montaigne disait : «Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant.» Nous sommes mortels, ne l’oublions pas. Combien de temps encore allons-nous perdre en arrêtant de vivre pour essayer de ne pas mourir ?

Quelles seraient les solutions ?
Responsabiliser, responsabiliser, responsabiliser. Se servir du Covid-19 pour lancer une politique de santé publique basée sur la prise en charge de son capital santé : éducation, information. Par exemple : tous les jours, on me demande conseil sur les vaccins. Chacun doit faire son choix éclairé et en assumer les conséquences. Dans ce cas précis, la vaccination n’empêche ni la contamination, ni la contagiosité, mais simplement les formes graves de la maladie, donc l’argument de la «vaccination altruiste» ne peut être utilisé. Chacun est vraiment en face de ses responsabilités et de sa balance personnelle bénéfice/risque, et l’État n’a pas à être responsable des choix de chacun.

Faut-il ouvrir les frontières ?
Sans aucun doute. Prolonger cette situation ne va faire que nous affaiblir un peu plus tous les jours. Le virus, quant à lui, va continuer sa progression et ses mutations quoi que nous fassions. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer.

Pourquoi n’est-il plus question de traitement mais uniquement de vaccination ?
C’est une des grosses absurdités de cette pandémie ! Très vite, les Chinois ont fait des essais avec l’hydroxychloroquine, une molécule vielle de 70 ans et très peu onéreuse pour traiter la malaria. Un des plus grands infectiologues au monde, le professeur Didier Raoult, en France, a montré les preuves de son efficacité quand elle est instaurée tout au début de la maladie. Associée à un antibiotique et du zinc, ce traitement a fait l’objet de 170 autres essais cliniques avec des résultats positifs de par le monde. Un autre traitement peu cher, vieux et très répandu, l’ivermectine, a également fait les preuves de son efficacité à tous les stades de la maladie : en préventif, au début et même en phase sévère. Tout cela est bien entendu scientifiquement documenté, sinon je n’en parlerais pas.

Voilà donc au moins deux molécules vieilles, sûres, efficaces et bon marché qui sont à notre disposition mais dénigrées par certains pays, préférant confiner et prendre des mesures de restriction extrêmement liberticides en ne proposant que la vaccination comme solution à la maladie ou alors des molécules extrêmement onéreuses comme le Remdesivir (dont 500 000 doses ont été achetées le 8 octobre 2020 par l’Union européenne au laboratoire Gilead à 2 070 euros le traitement par patient), alors que l’OMS a publié, le 20 novembre 2020, une recommandation contre l’administration du Remdesivir.

Pourquoi ? Je ne sais pas… Nous pourrions être un exemple mondial de libération, de responsabilisation, de confiance. En ces temps où notre île souffre de beaucoup de maux, cela pourrait redorer notre blason. La santé suivra car, comme le dit le philosophe Frédéric Lenoir, «vivre ce n’est pas attendre que l’orage passe mais c’est apprendre à danser sous la pluie» ! Alors, recommençons à chanter et danser !