Publicité

Comment le DCP Jangi a déjoué les plans des avocats de Simla Kistnen

13 janvier 2021, 19:59

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Comment le DCP Jangi a déjoué les plans des avocats de Simla Kistnen

Les signes ne trompaient pas. Quand Simla Kistnen a été appelée par le CCID samedi dernier pour qu’elle raconte tout sur l’affaire du Constituency Clerk à la police, cette question avait taraudé ceux qui suivent de près la Private Prosecution logée par la veuve de Soopramanien Kistnen : «Pourquoi, alors que la Private Prosecution bat son plein, la police s’est-elle soudainement réveillée ?» Ce que personne ne savait à ce moment-là, c’est que le Deputy Commissionner of Police (DCP) Heman Jangi, le chef du CCID s’était même déplacé jusqu’au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) en fin de semaine dernière pour lui donner des garanties.

Heman Jangi, le chef du CCID n’était pas présent hier mais mardi dernier.

La rencontre a été révélée hier au troisième jour de la comparution de Yogida Sawmynaden par Me Abdool Raheem Tajoodeen, représentant du DPP. «The DPP had a meeting with DCP Jangi of CCID who assured that investigation in that matter is fast progressing, enquiry will be completed soon and the file sent to the DPP. The office of the DPP is hence of the view that this matter could be adjourned pending outcome of investigation before proceeding further. We propose a date as from 28th of January», a-t-il résumé. C’était une demi-surprise, car déjà la veille, les avocats de Simla Kistnen avaient eu vent de cette proposition éventuelle du DPP. Ce qu’ils ne savaient pas, par contre, c’est que la magistrate, Zeenat Cassamally allait y agréer. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé.

«Nous sommes en pleine plaidoirie, votre honneur», s’est exclamé Rama Valayden. «Il nous faut des garanties fermes. Yogida Sawmynaden sera-t-il interrogé ? Quand ? Est-ce que ce sera under warning ? Nous prendrons position uniquement si nous avons ces garanties. Autrement nous nous dirigeons vers une confusion totale», s’insurge-t-il. Roshi Bhadain et Yousouf Mohamed lui sifflent une autre phrase qu’il reprend : «If my client didn’t lodge this Private Prosecution, we wouldn’t have been where we are now. Now that we have started, Police suddenly, out of the blue, started investigation. ICAC is suddenly calling my client for a statement. We fear that we are being taken for a ride. This might turn out into a mockery of justice.»

Simla Kistnen est arrivée avec ses avocats.

La magistrate observe, prend des notes, et écoute la réponse de Raouf Gulbul, avocat de Yogida Sawmynaden: «Mon confrère ne devrait pas faire abstraction de la présomption d’innocence. Une enquête doit être juste. Quel policier peut donner ces garanties ? Qui peut dire que mon client doit être appelé under warning ? Is this how rights are observed in this country ?»

Après une courte pause réflexion, la magistrate rend sa décision : «D’accord pour le renvoi. Nous verrons fin janvier où en est l’enquête policière.» Me Sanjeev Teeluckdarry tente un dernier forcing. «Je vous demande, votre honneur, de reconsidérer votre décision. Nous sommes en pleine plaidoirie. Finissons au moins les plaidoiries sur la motion actuelle (NdlR: l’admissibilité de l’accusation provisoire).» Mais Zeenat Cassammally est intransigeante : «This court has taken a decision and we shall abide to it.» La séance est levée, et pendant que Yogida Sawmynaden et ses avocats prennent carrément la fuite via les bureaux administratifs de la cour, les avocats de Simla Kistnen vocifèrent leur colère. «Il a fallu qu’on travaille dans l’enquête judiciaire pour que la police vienne avouer que c’est un meurtre et non un suicide. Aujourd’hui, il a fallu qu’on entre une Private Prosecution pour que la police décide d’enquêter. La police ne peut rien faire sans nous ?» s’exclame Roshi Bhadain.

«Donc, vous ne croyez pas dans les garanties que le CCID a données au DPP?» lui demande-t-on. Laconique, le visage fermé, l’avocat conclut : «Mo pa kroir dan narien sof Bondié !» Sanjeev Teeluckdharry qui devait lui aussi plaider hier et qui n’a pu le faire est tout aussi outré. «Le DPP avait pris l’engagement dans la Private Prosecution de Bruneau Laurette dans l’affaire Wakashio de demander à la police une enquête rapide. Presque six mois se sont écoulés et c’est le statu quo. Azordi dan case Kistnen kan linn dimann sa ranvwa la, DPP pé zwé sové !» Mais un autre avocat du groupe qui s’est autoproclamé «Avengers» veut bien ajouter un peu d’eau dans son vin. «La magistrate ne s’est pas complètement débarrassée de l’affaire. Elle a fixé une date (NdlR, le 29 janvier) pour voir où en est l’enquête policière et surtout pour continuer les plaidoiries. C’est embêtant, mais donnons à la police sa chance. L’affaire n’est pas finie», résume un Anoup Goodary un tantinet plus optimiste que ses confrères.