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Énième insulte à notre intelligence !

10 janvier 2021, 11:59

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Cette indécente invasion policière dans les rues de la capitale, ces restrictions de la circulation des citoyens aux alentours de la cour, ce déploiement ostentatoire de plusieurs unités, SSU, SMF, GIPM et force régulière, accompagnées de tireurs d’élite – qui allaient faire feu sur qui ? –, démontrent jusqu’où les dérives autoritaristes nous ont conduits.

Nous voici donc spectateurs impuissants à assister à une utilisation abusive de notre force policière par ceux qui se croient grands seigneurs et à qui toutes les démesures sont autorisées. Ainsi, pour permettre à un ministre de la République convoqué en cour de s’y rendre, décision fut prise de fermer une partie des routes en limitant l’accès à d’autres. Ce, pour bien s’assurer que cet élu et sa garde ne soient pas dérangés par des citoyens venus manifester pacifiquement, en guise de soutien à la veuve Kistnen !

Faut-il rappeler que cette dernière réclame juste des réponses à une question légitime à laquelle le ministre, qui se trouve aujourd’hui dans le box des accusés, n’a toujours pas jugé utile de répondre ? Qui est celle de savoir pour quelle raison elle s’est vue attribuer le titre de Constituency Clerk, alors qu’elle affirme n’avoir jamais touché le moindre salaire à cet effet. 

Toute cette incroyable démonstration de force, jeudi, illustre l’image d’un pays qui a basculé dans un État policier, alors qu’on se croyait en démocratie. Et que nous dit-on pour justifier l’injustifiable ? Que la police avait eu des informations faisant accroire qu’il y aurait du désordre à Port-Louis (dixit le DCP Hemant Jangi sur les ondes de Radio Plus vendredi matin). Et à un autre haut gradé de la force policière (Ramsurrun) d’insulter davantage notre intelligence (toujours sur cette radio privée) en se demandant «si nounn trouve ki finn arive lor Capitole», à Washington, et «si nous, les Mauriciens, nou anvi ariv bann sitiasion parey» ?

Est-ce à dire que le gouvernement a peur de la rue ou instrumentalise-t-il la police pour provoquer une frayeur inutile en terrorisant les manifestants et en faisant croire à une potentielle dangerosité de la part de ceux qui donnaient de la voix pour réclamer justice ? N’y avait-il donc pas d’autres options pour assurer la sécurité du ministre (son arrivée en véhicule blindé, l'utilisation d’un autre parking…) que celle de fermer une partie de la capitale, tout en envoyant des tireurs d’élite ?

Pourtant, nous sommes dans un pays où la preuve fut faite par deux fois que des citoyens peuvent manifester pacifiquement dans les rues de Port-Louis et celles de Mahébourg en poussant des cris forts, munis de pancartes, sans pour autant qu’il y ait besoin de la présence de snipers !

Si le gouvernement a toujours essayé de minimiser l’importance de cette force citoyenne, ne voilà-t-il pas qu’un député (Nuckchady, circonscription no 9) a jugé utile de qualifier ceux qui étaient à Port-Louis d’insignifiants et d’ingrats ! Ainsi, ce parlementaire de la majorité se signale non pas par sa présence au Parlement – ça se saurait si sa participation était remarquable – mais en tenant des propos méprisants envers les sympathisants de la veuve Kistnen.

Aux yeux de ce député, ceux qui s’étaient massés aux alentours de la cour sont des insignifiants et des ingrats parce que, dit-il, «enn ta pe gagn benefis ar gouvernman, enn ta pe gagn pansion – kot zot lespri patriotik ete» ? Croit-il qu'il se sacrifie pour ceux qui méritent leur pension ? Est-ce qu’il sait qu’il parle là de l’argent des contribuables, qu’il n’y a aucune faveur accordée et que les fonds publics – desquels il est payé – n’appartiennent pas à l’État ? Que ce député sache que, contrairement à ceux qui fréquentent l’entourage du pouvoir, tout n’est pas qu’une affaire de fric ! Ce n’est pas parce qu’une partie de la population a le droit légitime de recevoir sa pension que les citoyens doivent se taire devant dérives et injustices.

Si Nuckchaddy, depuis qu’il fait partie de la majorité, croit qu’il peut défendre l’indéfendable, que lui et ses camarades comprennent que les vrais patriotes sont ceux dont les consciences ne sont pas à vendre !