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Air Mauritius: fin du voyage pour 137 employés
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Air Mauritius: fin du voyage pour 137 employés
Des larmes et le coeur gros pour certains. Colère et angoisse pour d’autres. Ce sont dans ces états que 137 employés d’Air Mauritius (MK) ont tiré, bien malgré eux, leur révérence, vendredi 31 juillet. Ces derniers sont officiellement à la retraite anticipée à partir d’hier, samedi 1er août, après 400 mois de bons et loyaux services pour la grande majorité d’entre eux. Les administrateurs Sattar Hajee Abdoula et Arvind Gokhool de la firme Grant Thornton ne leur ont pas laissé de choix depuis la mise sous administration volontaire de la compagnie aérienne nationale le 22 avril.
De ces départs, l’on retiendra des cris de désespoir tombés dans l’oreille de sourds. Heureusement que des écrits – comme ceux dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre depuis le 19 juillet et restée morte depuis – restent.
Dans cette correspondance, l’auteur qui figure parmi les 137 nouveaux retraités de MK, raconte comment il a reçu une lettre «under protest» avec une proposition de retraite anticipée.
Il dénonce la manière de procéder de Grant Thornton sur la base du temps de service, soutenant que plusieurs personnes, dont des couples qui gagnaient leur vie au sein de MK, et qui ont démarré leur carrière jeunes, se retrouvent aujourd’hui à la retraite à seulement 53 ans.
L’auteur de la lettre attire aussi l’attention sur la pension que les retraités devraient toucher. Celle-ci, poursuit-il, sera en fait 50 % du salaire. «Dans notre cas, c’est basé sur le salaire de base de décembre 2018 et si on fait le calcul sur notre take home pay, c’est bien moins.»
L’employé va plus loin : «We have been robbed of our career in a brutal way. Many of us have invested in further education and have acquired additional qualifications during our years of service. We have been robbed of our accumulated annual leave, accumulated sick leave and other benefits», écrit-il.
Dans la foulée, ce dernier se demande qui les embauchera à leur âge et en plein pandémie de Covid-19. «Nous avons travaillé dans l’aviation et il n’y a aucune autre compagnie aérienne à Maurice», déplore-t-il. «Qui paiera pour les emprunts bancaires contractés pour les études de nos enfants et à d’autres fins. Est-ce normal de payer des emprunts avec notre lump sum ?» s’insurge-t-il.
De plus, selon cette missive, le paiement du lump sum et de la pension n’est toujours pas garanti. «Vous trouvez cela normal d’être mis à la retraite forcée à cet âge, alors que beaucoup doivent travailler pour aider leurs enfants ? Mettez-vous à notre place, Monsieur le Premier ministre, vous êtes dans notre tranche d’âge. Pourquoi nous avoir mis à la retraite forcée alors qu’une baisse des salaires était envisagée pour protéger l’emploi», se demande cet employé qui crie à l’injustice. Il est d’avis que l’avenir de MK aurait certainement été mieux géré par un comité composé d’anciens cadres et d’une partie de la direction actuelle du transporteur.
Auparavant, il a aussi dénoncé la campagne «infecte» dans la presse pour montrer les salaires mirobolants que perçoivent des employés d’Air Mauritius. «Comment peut-on comparer le salaire perçu par des pilotes à celui d’un comptable par exemple ? Ce ne sont pas les mêmes responsabilités ou encore des allégations que des salaires pèsent trop lourd pour la compagnie, alors que la masse salariale a représenté 17 à 18 % des dépenses de la compagnie durant les cinq dernières années et au cours desquelles, des bénéfices de Rs 1 milliard ont été publiés», ironise l’auteur.
L’humiliation jusqu’au bout
<p>Jeudi, à la veille de leur dernier jour comme membre du personnel, des employés contraints à la retraite ont été sommés d’aller rendre les valises, uniformes, badges, chaussures et autres effets appartenant à MK, au bureau à Plaisance. Certains ne sont pas partis considérant que si pendant plus de 30 ans, leur employeur a pu dépêcher des minibus pour aller les récupérer chez eux au beau milieu de la nuit pour les emmener au travail, ils peuvent très bien aller chercher ce qui leur appartient à domicile.</p>
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