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Les mains sales ? Qui nous...

4 juillet 2020, 08:02

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Connaissez-vous un politicien qui avouerait publiquement qu’il a les mains sales, trempées dans les eaux putrides de la corruption ? Qui viendrait de l’avant pour concéder avoir empoché une partie de ces Rs 700 millions de pots-de-vin, pourtant bel et bien payés entre Danemark et Maurice, dans le dos de la BAD ? Un leader politique qui expliquerait que cet argent était requis comme trésor de guerre des dernières législatives ?

En distribuant, à son tour, cet argent sale à des agents politiques qui pullulent nos quartiers… ces leaders politiques contribuent au pourrissement de notre société !

En revanche, nous connaissons plusieurs qui nous disent, en nous regardant droit dans les yeux, qu’ils ont les mains propres, qu’ils font du CSR, ou emploient des défavorisés. Ceux-là ont gagné le duel moral entre pragmatisme politique et pureté idéologique, et veulent imposer leur logique de survie à l’opinion, en infligeant même des leçons de moralité publique et de principes olympiques.

En l’absence d’une loi sur le financement politique, maintes fois réclamée et souvent écartée sur l’autel de la realpolitik, les leaders politiques censés diriger notre pays se voient obligés de se frotter avec des hommes d’affaires, trop souvent louches, avec qui ils font des arrangements dans notre dos.

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La série de dossiers contre PAD CO, dont plusieurs ont été publiés dans notre journal ces derniers jours, vient illustrer, s’il le fallait, la relation incestueuse entre certains milieux politiques pourris et ces compagnies qui détournent les contrats publics à des fins d’enrichissement illicite, en abusant des fonds publics, ou en pillant les terres de l’État. Sinon comment une compagnie qui traîne autant de casseroles que celle des Hao Thyn Voon arrive-t-elle encore à décrocher tant de contrats sous deux régimes différents et arrive presque toujours à éviter des sanctions, comme celle infligée, par exemple, à la firme danoise BWSC par la BAD ?

Pourtant nous avons en Ivan Collendavelloo, le père de l’ICAC, un avocat proche du pouvoir, susceptible d’aider les autorités à faire la lumière sur le scandale du CEB. Nous avons en Bérenger un leader politique qui se targue d’être différent des autres leaders. Alors pourquoi sont-ils devenus aujourd’hui des cibles alors qu’ils auraient pu, sur leur honneur, démasquer les corrompus du système politique dans lequel ils baignent… à contrecourant peut-être.

Ce n’est pas Collendavelloo ou Bérenger qui nous contredira quand nous affirmons que la loi par rapport aux dépenses électorales se révèle une farce qui ne fait plus rire. Quelle confiance peut-on accorder à un politicien qui ment par rapport aux sommes d’argent investies dans une campagne électorale ? Si à la base ils mentent, comment voulez-vous qu’ils redeviennent intègres par la suite… sur leur per diem ?

Maurice a besoin d’un sursaut. Alors que nous sommes sur la liste noire de l’UE, ce ne sont pas des lois sur le papier qui vont changer la donne. Ce sont nos pratiques quotidiennes et politiciennes qu’il faut revoir. Si PAD CO reste impunie par rapport aux documents bancaires falsifiés, il y a de quoi s’inquiéter… Pourtant la plupart des Mauriciens ont les mains propres ! Mais préfèrent devenir sourds, aveugles et muets !