Publicité

Rapport de PWC: la privatisation des services portuaires refait surface

28 novembre 2019, 21:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Rapport de PWC: la privatisation des services portuaires refait surface

Privatiser les services portuaires. Cette option est de plus en plus évoquée devant le manque actuel d’efficience de la manutention dans le port, service actuellement géré par la Cargo Handling Corporation (CHC). Cette situation se manifeste sous différentes formes : difficulté à constituer des équipes pour l’opération des portiques ; baisse d’efficience des portiques dont la performance, à un certain moment, a été bien en deçà du chargement/débarquement de 24,9 conteneurs par heure et par portique ; désorganisation dans le programme des navires ; départ de porte-conteneurs avec à bord des conteneurs destinés à être déchargés à Port-Louis ou sans les conteneurs en partance de Port-Louis.

La baisse de forme actuelle du service de manutention est largement attribuée à l’attitude des travailleurs. Une posture notée du côté de l’administration de la CHC et de certains opérateurs bénéficiaires du service. Dans ces milieux, on associe cette baisse d’efficience à un régime de relations industrielles «trop passives» à l’égard de la classe des travailleurs. «La seule solution, c’est de privatiser. Au moins, les travailleurs auront un cadre de travail qu’ils seront tenus de respecter scrupuleusement», soutient un opérateur. Un autre se demande pourquoi un projet de privatisation ou de partenariat privé-public dans lequel les principaux opérateurs bénéficiaires de la manutention se sont investis n’a pas abouti.

«Trop d’ingérences politiques»

Quant à l’opposition des syndicats à un tel projet, elle reste intacte depuis que l’option d’un contrat de gestion avec DP World Ltd de Dubaï a été envisagée. «Nous sommes farouchement opposés à la privatisation des opérations dans le port» avance Alain Edouard, président de la Port-Louis Maritime Employees Association (PLMEA). «Le gouvernement a investi énormément dans l’installation d’équipements modernes. Il est inacceptable de privatiser un service après que l’État a consenti un tel financement.» Il rejette avec force les allégations selon lesquelles les travailleurs du port sont responsables de la baisse d’efficience. «Nous sommes même parvenus à réaliser une performance qui s’articule autour d’une moyenne de capacité de déchargement/chargement de 24,9 conteneurs par heure par grue. Les travailleurs sont frustrés à cause des carences de la direction de la CHC.»

Un nouvel élément est venu alimenter les débats autour de la possibilité qu’un projet de privatisation ou de partenariat public-privé se matérialise. Le rapport d’une étude sur le port commandé à PricewaterhouseCoopers (PwC) aurait été remis au gouvernement. «Le gouvernement ne devrait pas hésiter à prendre le taureau par les cornes à la lumière de ce rapport», explique une source. «Il y a trop d’ingérences politiques dans les affaires portuaires. Au lieu de prendre des décisions fortes et courageuses, le gouvernement a tendance à tolérer des comportements incompatibles avec l’ambition d’un port qui se veut une passerelle incontournable dans cette partie du monde.»

Même si l’accès au contenu du rapport est impossible pour le moment, une analyse parue sur le site de PwC et intitulée Strengthening Africa’s Ports permet de déceler la tendance PwC en matière de développement des ports de la région africaine. Au chapitre consacré à la nécessité pour tout gouvernement de créer un environnement qui favorise, à court et moyen termes, l’efficience des opérations, PwC recommande comme modèle la prise en charge des services par des firmes privées.