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Direction du Parti travailliste: «Ramgoolam doit partir»

15 novembre 2019, 22:30

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Direction du Parti travailliste: «Ramgoolam doit partir»

Navin Ramgoolam doit partir. Le leadership du Parti travailliste doit changer de main. C’est ce qu’écrivent noir sur blanc, Yatin Varma et Rama Valayden. Le premier est membre du Parti travailliste (PTr) alors que le second a été, ces dernières années, très proche des Rouges. Une semaine après les résultats du scrutin 2019, marqué par la seconde défaite consécutive du leader, Navin Ramgoolam, ces deux proches du parti sont les premiers à se jeter à l’eau.

«(…) After the 2014 defeat, I tried a number of times, in vain, to reason the party as to the need for discipline, structures functioning properly and the need to present the Mauritius Labour Party as a credible alternative. (…) I was taken lightly, perhaps even ridiculed and told that in 2014 l’Alliance Lepep won by default and in 2019 the Labour Party would, in turn, win by default. I was even denied a ticket in 2019 because I dared to tell Ramgoolam earlier this year that he can stand as candidate, lead the party and any eventual alliance but he should not present himself as the prime ministerial candidate. Had he agreed, the election results would have been entirely different today», écrit l’ex-Attorney General, Yatin Varma.

Le même Yatin Varma qui a durant la campagne électorale été campaign manager de l’Alliance Nationale au n°7 (Piton – Rivière-du-Rempart), présidant même un congrès avec comme invité le leader rouge, au collège Universal à Rivière-du-Rempart le 30 octobre. Il a migré par la suite, prêtant main-forte aux candidats rouges-bleus du n°18 (Belle-Rose – Quatre-Bornes).

Aujourd’hui, il estime qu’il est l’heure que des gens du parti prennent des mesures drastiques. «I will simply remind Arvin Boolell and Anil Bachoo of Voltaire’s quote in La Mort de César : ‘Tu dors, Brutus, et Rome est dans les fers’.» Avant d’ajouter : «There was a time, when Ramgoolam was bigger than the party but today the party is bigger than him. The party should realize that it can survive and win without Ramgoolam…»

Pas le seul à blâmer

De son côté, Rama Valayden est d’avis que Navin Ramgoolam n’est pas le seul à blâmer pour cette seconde défaite consécutive. «The majority of the executive members are to be blamed as they have acted like cowards and the rest are simply cowards

Pour lui, dans l’intérêt du PTr, Navin Ramgoolam doit partir et il faut préparer la nouvelle génération en vue des prochaines élections villageoises et municipales. La nouvelle génération, dont les élus rouges comme Ritish Ramful, Shakeel Mohamed, Osman Mahomed et Fabrice David, cite Rama Valayden nommément. «(…) Let the youngsters sharpen their teeth and the Ramgoolam – Boolell and Bachoo can be discreet mentors… yes, discreet. Maybe even invisible for the sake of such a great party

Qu’en pensent justement les élus rouges ? Arvin Boolell, désigné par ses pairs comme prochain leader de l’opposition, pour commencer. Le principal concerné, que nous avons sollicité, hier, jeudi 14 novembre, campe sur sa position. Celle qu’il a adoptée dans un entretien publié dans nos colonnes, lundi. «Ne bousculons pas les choses. Il faut nous donner du temps à nous tous de respirer. Le PTr doit répondre à la demande de l’électorat tout en espérant qu’il n’y a pas eu de failles le jour du scrutin.» Il n’a pas souhaité en rajouter plus.

Et Shakeel Mohamed, est-il prêt à prendre le flambeau ? Celui qui assumera les responsabilités de Whip de l’opposition, se veut lui, dogmatique. «Non seulement je ne suis pas prêt mais je ne m’en sens pas capable tout simplement parce que cela ne m’intéresse pas d’être leader du PTr.» Sans compter, précise-t-il, que la question de leadership n’est pas d’actualité puisque le parti a un leader en place.

«Cinq ans de cela, j’avais réclamé un changement à la tête du parti mais une analyse à l’époque m’a démontré que ma réaction était davantage émotionnelle que basée sur la raison.» Pour Shakeel Mohamed, l’urgence aujourd’hui demeure «l’illégitimité d’un gouvernement Jugnauth qui dirige le pays avec 37 % de l’électorat avec un effet direct sur la vie de tous les jours des concitoyens».

«Le PTr n’appartient pas à un individu»

Quoi qu’il en soit, il nous revient, des milieux travaillistes, qu’indépendamment du verdict dans l’affaire des coffres-forts (NdlR, le jugement a finalement été en faveur de Navin Ramgoolam et son procès a été rayé) ou du temps que prendront les pétitions électorales que portera le PTr-PMSD soutenu par le MMM devant la justice, les choses devraient évoluer au PTr. Ce, avant la rentrée parlementaire ou après les vacances de fin d’année.

«Le PTr n’appartient pas à un individu. Pour la première fois, les choses évoluent même s’il est toujours question de caste et d’appartenance ethnique. Time is up pour Navin Ramgoolam. Plus il s’accroche, moins cela va l’aider», confie-t-on tout bas chez les Rouges.

Tout comme cette autre frange du parti qui estimait déjà, mais officieusement, durant la campagne, que Navin Ramgoolam doit passer les commandes à Arvin Boolell, dont la popularité a grimpé en flèche après sa victoire à la partielle de décembre 2017, s’il veut maintenir le parti à flot. Cette même frange était également consciente des ambitions d’un autre candidat rouge battu.