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Il Papa, Una famiglia*

14 septembre 2019, 07:05

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Quand on fait du live, les caméras de la MBC s’avèrent de véritables couteaux mousana – c.-à.-d. à double tranchant. Alors que se profile la fin de cette tumultueuse législature, marquée par une série de scandales, d’enquêtes et de procès politiques, Pravind Jugnauth et ses apprentis-sorciers en com devraient faire gaffe. En voulant trop faire, ils risquent surtout d’auto-ternir la dynastie Jugnauth. Et partant, carrément s’autodétruire…

La messe est dite. La visite papale aura été un grand et beau moment dans son ensemble. Les plus positifs d’entre nous ont déjà mis en exergue ces moments forts de réconciliation nationale et d’éveil ou de prise de conscience aux enjeux de l’écologie, de la croissance inéquitable et de la jeunesse (dont le taux de chômage avoisine les 25 % !) Mais il y a eu, au moins, deux fausses notes qui ont émaillé ces moments privilégiés entre un pape et un peuple. Il s’agit d’incidents liés à la mise en scène d’une famille aux allures d’une monarchie tropicale.

D’abord à l’arrivée. Fin de l’accueil protocolaire. Sur le tapis rouge, le couple Jugnauth est pratiquement seul avec le souverain pontife. Qui a déjà salué le gratin du gratin mauricien et qui s’apprête à prendre place à bord d’une voiture en route vers Port-Louis. Les caméras de la MBC ne veulent rien rater et s’attardent donc, en conformité aux instructions reçues, sur le visage premier ministériel, visiblement fier de se tenir à quelques centimètres du Pope Star. Soudain, le visage de Pravind Jugnauth se crispe. On peut y lire une incompréhension qui se mue en un sourire embarrassé. Ce sourire est doublement évocateur…

Contre toute attente, le pape François vient de refuser de prendre place sur le siège arrière de la voiture blanche mise à sa disposition. Il préfère aussi les vitres baissées quand il s’installe à côté du chauffeur, afin de mieux voir et se faire voir par le peuple… Les caméras restent sur le couple Jugnauth qui, quelque peu décontenancé, regarde ce grand personnage s’éloigner dans cette voiture si simple, si petite, si banale. C’est un contraste saisissant entre nos petits puissants insulaires qui aiment se la jouer derrière les vitres fumées de grosses berlines allemandes (achetées avec nos roupies) et un authentique géant planétaire qui a compris que la taille d’une voiture doit être proportionnelle à la réalité économique d’un pays – si tant que l’on veuille donner l’exemple. Depuis, les réseaux sociaux s’enflamment et se demandent ce qui pourrait empêcher nos politiciens d’émuler le pape.

Deuxième incident. Alors que des dizaines de milliers de personnes (Mauriciens, Réunionnais, Rodriguais, touristes) ont attendu durant des heures, sous un soleil ardent, avec une feuille de palmier en main pour entrevoir le pape, deux familles ont monopolisé le pape à la State House, les Jugnauth et les Vyapoory. Si le président par intérim a cru bon d’emmener, entre autres, sa maman et sa fille, les Jugnauth ont fait encore plus fort. Papa-piti-madammama-tifis-bofrer-belser ont été immortalisés en train de recevoir des cadeaux du pape. Pourquoi eux et pas nous, se demande le petit peuple. Le pape François, perspicace, a dû saisir le niveau de nos dirigeants politiques qui pensent fami avant péi.

***

À n’en point douter, le non-lieu dans l’affaire Roches-Noires est un tournant de la présente campagne. Au lendemain de la victoire de 2014, de gros moyens avaient été mobilisés pour déstabiliser Navin Ramgoolam. Dufry avait été mis à l’index dans une tentative de détourner les commissions. Pour sauver sa peau, Rakesh Gooljaury avait été encouragé à trahir le leader du PTr et à se ranger derrière les Jugnauth contre des promesses multiples.

Mais malgré tout le matraquage médiatique de la MBC, et de la pléthorique presse pro-MSM, tout cela n’aura servi à rien. Ramgoolam non seulement est sorti indemne de cette histoire mais les Jugnauth, qui avaient promis de le jeter en prison, l’ont, peut-être, transformé en martyr. Onze procès sur douze rayés… qui a dit que Ramgoolam n’allait pas être «miraculé» ?

* Un pape, une famille