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Kavy Ramano: «Je suis convaincu que tous les militants se rassembleront pour une cause commune»

22 août 2019, 21:00

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Kavy Ramano: «Je suis convaincu que tous les militants se rassembleront pour une cause commune»

Le député indépendant explique la raison de son adhésion au MSM. Et s’emporte lorsqu’on lui demande si celle-ci est le prix politique qu’il paie pour son rôle dans l’affaire Britam.

Pensez-vous assurer un siège au n°18 Belle-Rose – QuatreBornes à l’alliance que formera le Mouvement socialiste militant (MSM) aux prochaines élections générales ? 
L’accord qui a été annoncé lundi fait suite à plusieurs conversations que j’ai eues avec Pravind Jugnauth et que je considère comme des séances de travail pour des projets pour la ville de Quatre-Bornes tout comme pour le pays. Je travaille avec une équipe qui est présente aux quatre coins du n°18 et je suis conscient qu’une équipe du MSM y est également présente. Je vais m’assurer qu’il y a une véritable synergie entre nos deux équipes. Et, assurer un trois zéros dans cette circonscription puisque le but, c’est d’avoir une majorité électorale pour constituer le prochain gouvernement.

À quand remontent les premières tractations entre Pravind Jugnauth et vous ? 
(Il hésite) Je n’ai pas la date précise mais cela remonte à quelques mois, cette année.

Qu’est-ce qui motive un député indépendant de l’opposition à se ranger du côté de ce qu’il reste d’une alliance du gouvernement sortant ? 
Quand on juge le bilan d’un gouvernement, on le juge sur un bilan global, tout le long de son mandat. Il y a eu certes quelques scandales mais ceux-ci ont été sanctionnés par l’opinion publique. Il y a aussi eu certaines actions courageuses prises par le gouvernement, comme la revendication de l’intégrité territoriale mauricienne en ce qui concerne les Chagos ou encore la déclaration des avoirs, des fonctionnaires notamment.

Puis, en tant que militant on ne peut rester insensible aux mesures sociales comme la Negative Income Tax, le salaire minimum, l’éducation supérieure gratuite. Et, en tant que militant de gauche, je ne peux pas rester insensible au Workers’ Rights Bill et à l’Employment Relations Bill ainsi qu’à la hausse de la pension de vieillesse.

Ou est-ce le prix politique que vous payez pour votre rôle dans l’affaire Britam, qui a fait l’objet d’une commission d’enquête ? (NdlR : Kavy Ramano a été le notaire et l’«escrow agent» de la transaction de la vente des actions de Britam) 
(Il s’emporte) Je trouve cette question insultante et cela insulte l’intégrité de la personne. Il faut savoir faire la différence entre la profession d’une personne et l’homme politique. J’ai des clients du gouvernement et de l’opposition. Je me suis toujours comporté comme un professionnel responsable. Je me demande s’il n’y a pas une motivation rédactionnelle de l’express dans cette question. Je considère que le sens de l’éthique s’applique pour l’homme politique et pour les journalistes.

Permettez-moi aussi de poser une question en guise de réponse : est-ce que vous avez quoi que ce soit à me reprocher en tant que professionnel dans la vente Britam ? Alors pourquoi un amalgame aussi insultant ?
(NdlR : On lui a réitéré qu’on pose cette question parce qu’il a été le notaire de la vente des actions de Britam. Une affaire qui fait l’objet d’une commission d’enquête.)

Et, pour revenir aux scandales, quels sont ceux que vous n’avez pas oubliés ? 
On a pris connaissance des scandales qui ont entraîné la démission de certains ministres. Il y a également des poursuites entamées en cour. Sans vouloir m’immiscer dans les affaires judiciaires, j’espère qu’à la lumière des verdicts de la cour, des leaders politiques sauront prendre la décision qui s’impose.

Visez-vous un portefeuille ministériel si l’alliance dont vous allez faire partie remporte les législatives ? 
Mon engagement dans la politique remonte à plus de 35 ans. Ma première députation date de 2010. C’est pour vous dire que la députation ou décrocher un poste ministériel n’est pas ma priorité. Je fais de la politique par conviction et par volonté de se mettre au service du pays.

Quel ministère aurez-vous souhaité décrocher ? 
Je ne vais surtout pas prendre les choses de façon hypothétique. Ma volonté, c’est de contribuer à une équipe et d’apporter ma contribution pour l’avancement du pays. Je ne suis pas à la recherche d’une quelconque nomination.

Vous n’allez pas refuser un poste ministériel ? 
Je ne vais pas dire non. Au nom de mon pays, je suis prêt à assumer toutes les responsabilités qui se présentent à moi.

Vous avez dit que d’autres partis vous ont approché. Lesquels ? 
Il y a eu des contacts pris par pas mal d’amis qui ont souhaité voir des possibilités de collaboration. Toutes ces options ont été discutées dans notre instance à Quatre-Bornes. Je suis peut-être député indépendant mais je travaille en équipe. D’ailleurs, la collaboration avec le MSM est une option favorisée par notre instance.

Cette instance que vous évoquez ressemble beaucoup à l’école du Mouvement militant mauricien... 
En effet. C’est tout à fait normal. C’est un peu cette culture politique dont nous nous sommes imbibés pendant plusieurs années. Des délégués venant des quatre coins du n°18 siègent au sein de notre instance et cela nous permet d’avoir le feeling de toutes les strates de la région quatre-bornaise avant de prendre des décisions collectives.

Vous dites que vous restez député indépendant de l’opposition jusqu’à la dissolution du Parlement. Allez-vous poser des questions embarrassantes au gouvernement maintenant que vous avez confirmé votre adhésion prochaine au MSM ? 
Oui, j’assumerai pleinement mon rôle dans l’opposition. Cette année constitue la fin de ce présent mandat législatif. J’ai été élu. Je siège dans l’opposition depuis les élections générales de 2014. Il n’est pas question pour moi de cross the floor et passer dans les rangs du gouvernement. J’ai siégé tout ce temps dans l’opposition malgré ma démission du MMM. Cette collaboration avec le MSM va se faire après la dissolution du Parlement pour les prochaines élections générales.

Steve Obeegadoo et Françoise Labelle, vos deux amis du MMM, vous emboîteront-ils le pas au sein de l’alliance avec le MSM ? 
Je ne connais pas la décision des camarades Obeegadoo et Labelle mais je suis convaincu que tous les militants politiques qui ne sont pas insensibles à l’avancée démocratique du pays et à celle de la classe ouvrière et d’autres laissés-pour-compte de la société se rassembleront pour une cause commune.