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Arun Bhinda: «Nous sommes plus humains aujourd’hui…»

18 août 2019, 19:30

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Arun Bhinda: «Nous sommes plus humains aujourd’hui…»

La MSAW se retrouve une fois de plus au centre de polémiques. Entre rachat d’une clinique sise à Calodyne par un vétérinaire, abus de pouvoirs allégués pour ce qui est des employés, conflits d’intérêt ou encore «mismanagement» de la part des membres du «board», la liste est longue. Le «Chairman» balance et parle de changements drastiques.

La MSAW a combien de chiens sous son aile pour l’heure ?
Si on compte les grands et les petits, 121, selon les derniers chiffres disponibles. Y compris à Port-Louis et Rose-Hill.

Quelle est la capacité maximale de la MSAW quant à l’accueil d’animaux ?
On peut accueillir 300 chiens, en comptant le boarding, service que nous offrons à Rose-Hill. Avant, nous pouvions accommoder 420 chiens. Mais un rapport du ministère des Infrastructures publiques a démontré qu’un des blocs n’était pas opérationnel.

Combien d’employés compte la MSAW ?
À ce jour, nous sommes 54.

Depuis 2015, la MSAW met en avant une campagne agressive de stérilisation de masse. Qu’en est-il ?
Cela se fait à travers le pays. Et marche à merveille. De septembre 2015 à juillet 2019, 17 331 chiens ont été stérilisés.

Est-ce suffisant pour tacler le problème de chiens errants à Maurice ?
Non. Mais cela aide énormément. Pour pouvoir éradiquer ce problème en particulier, il faut avant tout éduquer la population et aussi conscientiser les jeunes. Il faut impérativement que les Mauriciens soient plus humains avec les animaux. Na pa zet bann bébé partou.

Qu’en est-il justement du nombre de chiens errants dans l’île ?
En se basant sur la dernière étude, quelque 70 000. Mais je dois être franc, nous avons dépassé la barre des 100 000. Pour les chats, il est difficile de donner un chiffre fiable. La raison étant qu’ils se déplacent beaucoup et s’ils ont élu domicile dans la cour domicile des gens, nous ne le saurons pas. Nous n’avons pas eu un rapport à proprement parler sur les chats.

Quid du «catch & kill» ? C’est toujours la «philosophie» de la MSAW ?
Il n’est pas question de catch & kill, mais plutôt du catch & euthanize. Je vous explique. Vous avez vous-même vu les vidéos qui ont circulé sur la Toile, il y a quelque temps. Ti pe trapé, baté, touyé. Maintenant, nous le faisons plus «humainement». Avec une salle spécialement aménagée et adaptée pour cela. Tous les chiens sont sous sédatifs avant d’être endormis. C’est sans douleur et sans souffrance.

Parce que les euthanasier, c’est humain ?
C’est triste je sais. Mais nous n’avons pas le choix. C’est la MSAW qui est appelée à faire le sale boulot. Ceux qui sont malades, blessés, sont euthanasiés. Ceux qui ont des problèmes de peau aussi. Mais aussi des chiens qui sont dangereux. Avant, on tuait également les chiennes qui attendaient des petits. Maintenant nous sommes plus humains. Nous séparons les mamans et les bébés à Rose-Hill. Nous les nourrissons et nous organisons des journées d’adoption pour que ces petits aient un avenir. Il y a aussi plusieurs cas où les chiens meurent d’euxmêmes, de tristesse ou de mal adaptation.

Comment fonctionne la MSAW ?
Il faut bien mettre l’accent sur le fait que nous ne faisons pas que capturer les chiens. Nous sommes aussi pour la protection des droits des animaux. Nous avons également nos cliniques qui opèrent à Rose-Hill et Union Park. Nous sommes aussi là pour éduquer la population quant au respect des animaux.

Combien de chiens sont capturés par jour ?
Il n’y a pas de chiffre exact. Ça peut être 15, 10, 3 ou même 0 à certains endroits. Ceci dit, je peux vous assurer que la capture des chiens est une nécessité. Nous ne l’avions pas fait pendant deux mois, et le nombre de requêtes que nous avons eues de la part des Mauriciens sur les radios, de la police et de plusieurs ministères a explosé !

Et les chiens qui ont leurs maîtres et qui sont quand même capturés par la MSAW ?
Il est faux de dire que les maîtres n’ont que trois jours pour venir récupérer leurs chiens. Mais le plus tôt, le mieux c’est. Nous utilisons désormais les réseaux sociaux pour informer les gens, leur dire où nos vans sont passés, si jamais ils veulent récupérer leurs chiens.

Sinon, le budget de Rs 15 millions pour la stérilisation est-il suffisant ?
Non, cette somme n’est pas destinée qu’à la MSAW. Elle est partagée avec plusieurs ONG qui font aussi la stérilisation.

Vous êtes avocat de profession. Vous aimez les animaux, vous ?
Pour faire ce métier, bien sûr que oui ! Je me suis moi-même personnellement rendu dans les blocks où l’on garde les chiens capturés. Ena ti ankor ek zot lasenn. Monn tir enn par enn ! Ce n’est pas parce qu’ils sont là qu’ils doivent être traités avec cruauté. J’ai moi-même deux chiens et dans la cour, chez moi, avec mes proches, nous en avons 10 en tout.

Au lieu d’euthanasier, pourquoi ne pas envisager la création d’un sanctuaire pour animaux ?
L’idée est là bien entendu. Nous souhaitons travailler avec plusieurs ONG pour qu’elle puisse se concrétiser. Mais cela prendra un peu de temps.

Bon, parlons des nombreux scandales qui secouent la MSAW. Avec les lettres qui atterrissent en ce moment même chez plusieurs instances, dont l’ICAC, concernant toutes sortes de polémiques, qu’avezvous à dire ?
Je vais être franc. Quand j’ai pris les rênes de la MSAW, il y a un an (NdlR, le contrat est d’une durée de deux ans) il y avait pas mal de mismanagement, rien ne fonctionnait. Beaucoup de personnes ne faisaient pas leur travail correctement. Il n’y avait pas de head of departments. Il n’y avait pas de contrôle. Quand des employés s’absentaient du travail, personne ne le savait. Tou ti anba lao.

Qu’avez-vous fait ?
Pour y mettre de l’ordre, nous avons dû mettre en place des sub-committees, où tous les employés ont été entendus. Pendant une visite surprise en janvier, nous avons découvert l’enfer que faisaient vivre quelques employés aux chiens qu’ils capturaient. Alors qu’une cage pouvait accommoder 16 chiens, ils y mettaient 40. Quand ils les nourrissaient, ils ne prévoyaient de la nourriture que pour les 16 chiens… Lezot pa ti pe gagn manzé.

L’hygiène alors ?
Pitoyable. Alors que l’on devait nettoyer les cages trois fois par jour, des employés ne le faisaient qu’une seule fois. Les gamelles étaient recouvertes de «goémon».

Qu’en est-il des employés qui ont maltraité ces animaux ?
Quatre d’entre eux ont été suspendus. Ils ont comparu devant un comité disciplinaire.

Qu’en est-il des allégations, quant à ce vétérinaire qui travaillait chez la MSAW et qui a racheté la clinique à Calodyne ?
Pour ce qui est de la clinique de Calodyne, il est faux de dire qu’il y a eu conflits d’intérêts. Nous faisons des pertes conséquentes de plus de Rs 500 000 par an. Ce n’était plus viable. Les documents le prouvent. Le vétérinaire en question avait déjà démissionné avant de la racheter.

Que faut-il faire pour qu’il n’y ait plus de polémique à la MSAW ?
Plus d’effectifs pour que l’on puisse nous occuper correctement des animaux. D’ailleurs, la MSAW recrute en ce moment. On fait appel aux personnes intègres. Nous voulons aussi tout informatiser pour plus de transparence et de clarté.