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Dossier Chagos: pas d’assouplissement après l’élection de Johnson

24 juillet 2019, 21:00

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Dossier Chagos: pas d’assouplissement après l’élection de Johnson

Après son élection comme le leader du Parti conservateur hier, Boris Johnson sera nommé le nouveau Premier ministre de la Grande-Bretagne aujourd’hui. Les différents observateurs ne croient pas que le nouveau gouvernement britannique assouplira sa position vis-à-vis de Maurice, notamment sur le dossier Chagos.

Depuis que la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye a donné un avis favorable à Maurice, les relations sont plutôt froides entre les deux pays. Londres a même ignoré l’opinion de cette instance internationale. De plus, Boris Johnson est celui qui a poussé les Britanniques à voter pour le «Brexit». Il va sans dire qu’il mettra tout son poids pour que Londres quitte l’Union européenne (UE), avec toutes les conséquences économiques que cela pourrait avoir sur Maurice.

Sur le plan relationnel, l’ancien diplomate Vijay Makhan ne croit pas que le nouveau gouvernement britannique apaisera la situation. «On connaît la position de Boris Johnson sur les Chagos. J’ai peu d’espoir qu’il y aura un grand changement. Je crois plutôt qu’il gardera la ligne dure.» Toutefois, pour connaître l’intention du Royaume-Uni, il propose au gouvernement mauricien d’établir un contact avec le nouveau Premier ministre pour, au moins, savoir sa position.

De son côté, l’ancien ministre des Affaires étrangères Arvin Boolell n’espère pas non plus que Londres changera de position sur la rétrocession des Chagos. Il est d’avis que le nouveau chef du Parti conservateur aura tendance à s’aligner sur la position de l’Overseas Territories at the UK Foreign and Commonwealth Office, qui veut durcir le ton avec Maurice sur ce dossier. «Il faut savoir que Boris Johnson est l’ami de Donald Trump. Celui-ci s’est exprimé sur ce sujet. Je ne pense pas que le Premier ministre britannique déplaira au président des États-Unis.» D’ailleurs, peu après son élection, Donald Trump l’a félicité.

«Clivage»

Toutefois, Arvin Boolell craint plutôt que le nouveau gouvernement britannique créera un «clivage» entre les Chagossiens et l’État mauricien, en offrant des passeports britanniques à leurs descendants. Tout en leur donnant des formations adéquates pour s’adapter au mode de vie de la Grande-Bretagne. Sur le chapitre commercial et économique, l’ancien ministre des Affaires étrangères maintient que c’est un «dossier très complexe». Boris Johnson, étant un «hard brexiter», est prêt à quitter l’UE, mais s’il n’y a aucune loi votée.

«Nous avons beaucoup d’accords avec le Royaume-Uni pour l’exportation. C’est difficile pour lui de toucher à ces accords directement. En revanche, il pourra par exemple prétexter que Maurice ne respecte pas les lois internationales du travail dans nos usines ou encore que nos thons en boîte ne sont pas aux normes pour arrêter tout achat», souligne Arvin Boolell. Ces décisions pourraient être les conséquences des «déclarations irréfléchies» faites dans le sillage de la décision de la CIJ, martèle l’ancien ministre.

Cependant, une source proche de la diplomatie mauricienne affirme que Maurice compte beaucoup sur ces accords, peu importe qui est le Premier ministre. «Nous avons déjà analysé tous les scénarii. Le plus important, c’est de savoir dans quelles conditions Londres quitterait l’UE.»

Olivier Bancoult: «Aucun espoir»

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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/article/olivier_bancoult-dev.jpg" width="620" />
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<p style="text-align: justify;">Le leader du Groupe Réfugiés Chagos (GRC), Olivier Bancoult, ne place aucun espoir en Boris Johnson.<em> &laquo;C&rsquo;est le même parti, la même vision. Nous avions eu une discussion avec Boris Johnson en 2016. Il était ministre des Affaires étrangères et nous avait promis de faire avancer le dossier Chagos. Et puis, que s&rsquo;est-il passé ? Absolument rien. S&rsquo;il pouvait faire avancer les choses en notre faveur, il l&rsquo;aurait démontré depuis l&rsquo;époque&raquo;</em>, soutient-il.</p>

<p style="text-align: justify;">En 2016, Boris Johnson avait laissé une impression positive à sir Anerood Jugnauth qui s&rsquo;était, à l&rsquo;époque, entre- tenu avec lui en sa capacité de Premier ministre de Maurice.<em> &laquo;We will make it happen&raquo;</em>, avait déclaré Boris Johnson à sir Anerood Jugnauth. Olivier Bancoult avait d&rsquo;ailleurs assisté à cette réunion.</p>

<p style="text-align: justify;">Pour le leader du GRC, l&rsquo;espoir réside en un changement de régime politique. <em>&laquo;Nous avons vu de par les prises de position de Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste, qu&rsquo;il a une volonté d&rsquo;aider le peuple chagossien. Nous avons davantage d&rsquo;espoir en lui.&raquo;</em></p>