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Et après dix jours de trêve ?

21 juillet 2019, 07:34

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Si un parti politique, disons comme le PTr, le MSM, ou le MMM devait «caser» Bradley Vincent et Alicia Kok Shun, nos deux premiers médaillés d’or, dans l’une des 20 circonscriptions du pays, ce serait où selon vous ? À vrai dire, il n’y a pas grand choix.

La logique qui dicte la liste des candidats est diamétralement opposée à celle qui récompense les sportifs. Dans un parti politique, la méritocratie n’est pas aussi importante que l’appartenance ethnique ou clanique. Dans une discipline sportive, les efforts et le dépassement de soi sont plus importants que la puissance de mon patronyme ou l’épaisseur de mes comptes en banque.

On l’a vu, on le voit, et j’ai bien peur qu’on le voie encore : au sommet de l’État, Ameenah GuribFakim, qui touche une grasse pension à vie, financée par vous et moi, a été choisie comme présidente de la République, grandement, en raison de sa communauté – mais aussi à cause de sa proximité avec l’avocat d’Alvaro Sobrinho. La meme logique s’applique pour le MSM Barlen Vyapoory – qui représente, apparemment, les tamouls de Maurice au Château du Réduit, alors qu’il y a des milliers de Mauriciens bien plus qualifiés que lui, mais qui, par le hasard de la naissance, ne sont pas issus de la lignée dravidienne…

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 Dans la rue hier, quelqu’un m’a hélé : «Alor Nad, nou trouvé ou pa pé ekrir editoryal? Ou pé fer enn trev politik akoz Jeux des îles?»

Mais c’est impossible de faire une trêve politique, car la politique est partout, à chaque coin et recoin du pays. Le débat public est incessant et important. Une trêve ne peut s’imposer quand le Mauricien lambda entend les discours sur le joyau de Côted’Or (dont le coût de construction est passé de Rs 1 milliard à presque Rs 5 milliards) mais voit qu’on fait jouer nos visiteurs sur un stade George V gorgé d’eau boueuse. Une honte. Depuis le temps qu’on savait qu’on allait organiser, pour la troisième fois de notre histoire, les Jeux des îles ! Pourquoi ne peut-on pas servir une pelouse digne de Wembley aux joueurs ? Pourquoi doit-on assister à l’accouchement aux forceps du stade de Côted’Or à quelques jours de l’ouverture ? Pourquoi tout est pressé et s’emballe : les Jeux, le Metro Express, les alliances politiques, les élections générales…

 Le hic, c’est que les discours qu’on entend autour et sur les Jeux des îles s’opposent aux tractations dans les coulisses pour s’allier politiquement. On marchande les têtes, les castes, les profils comme si on échangeait du bétail. Toi, Kee Cheong, tu devrais peut-être aller au 20, et toi, Renganaden, sûrement, au numero 8 pour remplacer Yogida, alors qu’Alain Aliphon, giflé et traité de voleur dans la rue, pourrait être sacrifié sur l’autel des jeux de Gilles L’Entêté. Ce dernier n’est pas, ici, récompensé comme cycliste, mais comme agent.

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«Bous to lag… !» Cette phrase d’un sir Anerood Jugnauth de plus en plus vulgaire avec l’âge, lancée à Adrien Duval, aurait pu être interprétée comme le clap de fin des négociations entre le MSM et le PMSD. Mais non. Pour deux raisons. D’abord SAJ a été écarté de la sphère décisionnelle du MSM depuis qu’il est devenu «Mentor». Puis, c’est que contrairement à Paul Berenger, qui pèse et sous-pèse chaque phrase qu’il lance en public, le papa de Pravind est un impulsif, qui crache son venin sans crier gare et sans penser aux retombées. Li kas dan ta! 

Alors que certains se prononcent pour une trêve, les parlementaires ont bien du mal à cacher leur nervosité dans l’hémicycle. Beaucoup d’entre eux nous ont confié qu’ils naviguent dans un flou total, incapables de nous dire quelles seront les alliances de demain. «Bizin dimann leader mem sa!» En attendant, ils se menacent et appellent cela «trêve». La belle affaire. 

Dans un tel climat, où les Jeux des îles sont devenus une couverture pour des alliances préélectorales, il est normal que le Political Financing Bill et le Constitution (Amendment) Bill No XIII de 2019 soient passés à la trappe. Au décompte des voix cette semaine, la majorité a obtenu 44 votes sur un total de 68 députés. Du côté de l’opposition, 20 ont voté contre, il y a eu une abstention (Danielle Selvon) et trois députés étaient absents de l’hémicycle. Selon Paul Bérenger, le Premier ministre et la speaker ont fauté par rapport à la «division of votes», alors qu’on savait bien qu’une majorité de trois quarts était requise pour ces deux projets de loi. Pravind Jugnauth ne connaît-il pas les Standing Orders, encore moins les subtilités d’Erskine May ? Faut dire, par ailleurs, que pinceau en mains gantées, le Premier ministre et ministre des Finances mérite une médaille comme peintre, mais un carton rouge pour sa campagne de nettoyage trop politisée pour convaincre.

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«However, out of respect for the chair, I am formally informing you that I will not move the motion standing in my name in today’s order paper since I refuse to condone such unfairness.» Le chef de file du Parti travailliste (PTr), Shakeel Mohamed, a abandonné sa motion de «no confidence» car il ne fait pas… confiance à la speaker. Il a fait parvenir une lettre en ce sens à Maya Hanoomanjee, candidate battue aux dernieres legislatives et dont la fille, celle qui ne vend pas des biscuits, pourrait briguer un mandat, nous dit-on.