Nouvelle valse des maires. L’élection aura lieu la semaine prochaine. La City aura un nouveau gardien du patrimoine. Sous sa responsabilité : la seconde phase de la rénovation du théâtre municipal de Port-Louis. Et peut-être une pensée pour la Maison du Poète oubliée et le Café du Vieux Conseil, qui attend de trouver un repreneur.

À Port-Louis, le collier mairal a une histoire digne d’un roman. C’est Yvan Martial qui raconte, non sans une dose d’humour, ces péripéties dans sa chronique intitulée Il y a 25 ans. Il s’agit du collier offert à Louis Léchelle, le premier maire de Port-Louis. À l’époque, francmaçonnerie et gestion des affaires de la ville sont intimement liées. Son collier est un «chef-d’œuvre de joaillerie».

Louis Léchelle est maire de Port-Louis une première fois de 1850 à 1853. Il cède le fauteuil à Gabriel Froppier. Puis redevient maire – c’est le gouverneur général qui décide à l’époque – en 1856. Sauf que Port-Louis est frappé par une épidémie de choléra. Louis Léchelle, l’une des victimes, succombe le 28 avril 1856. En pleine épidémie, le maire est enterré au cimetière de l’Ouest avec son collier.

L’administration fait une croix dessus jusqu’au décès, cette fois, de l’épouse de Louis Léchelle, en 1885, soit 29 ans après son mari. Sa volonté d’être enterrée à ses côtés est respectée. Les fossoyeurs retrouvent alors le collier du maire. Le précieux objet est restitué à la ville. Entre-temps, elle a fait un autre collier pour le maire.

«D’abord, le noble refus de porter un collier valorisé par Louis Léchelle. À l’autre extrémité, l’appréhension de porter un objet, provenant d’une sépulture, effectuée en pleine épidémie de choléra. Capons ne grattent pas le dos du malheur», ironise Yvan Martial.

Le collier de Louis Léchelle est remisé. Il faut attendre 1962 pour que le maire, Raymond De- vienne, fasse preuve «d’un franc courage en proclamant sa ferme intention de porter le collier de Louis Léchelle que d’aucuns tenaient pré- cédemment pour mofine. Il inaugure ainsi l’ancienne Salle des Fêtes Louis-Léchelle, rue de la Poudrière», rappelle Yvan Martial. Cette salle a, par la suite, été démolie pour faire place au Garden Tower, en face du Jardin de la Compagnie, à l’emplacement de ce qui était jadis le cimetière de l’Enfoncement. C’est d’ailleurs sur le chantier du Garden Tower que sera retrouvée la pierre tombale du Père Gabriel Igou, qui se trouve aujourd’hui à la cathédrale Saint-Louis.

En 1998, le lordmaire Luc Marie a signa- lé à la police la disparition de deux colliers. Celui en or massif de Louis Léchelle et le collier de l’adjoint au maire.