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Guerre des clips et bijoux de famille

15 juin 2019, 07:24

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En décembre 2014, le peuple avait «viré» grandement à cause d’un clip montrant Navin Ramgoolam et Paul Bérenger se contredisant. On était dans l’ère «Viré Mam». 

En 2019, le nombre de clips politiques a décuplé. Et cette fois-ci, c’est le MSM et son partenaire qui sont devenus la risée des producteurs de clips locaux. Ceux-ci tranchent tellement avec les images complaisantes de la MBC et de certains organes de presse propagandistes qu’ils rencontrent un succès viral.

Si au départ les protagonistes étaient les politiciens, désormais, les citoyens se mettent en scène, en parodiant le dernier discours du Budget, dont deux mesures qui déchaînent les passions parmi les jeunes. 1) Pourquoi seuls les fonctionnaires ont droit à la compensation de Rs 1 000 ? Et quid des travailleurs du privé? Leurs efforts et leur vote ne comptent pas? 2) Que peut-on acheter aujourd’hui avec les Rs 30 de compensation que Pravind Jugnauth jette aux pêcheurs alors que le pays aspire à développer une économie bleue ? Trois cigarettes ? Deux paires de dholl-puri ou deux rotis bred sonz ? Un minn bwi touni ? Un bol de halim ? Un 0,5 de gazeuse ? Un ticket d’autobus PortLouis-Rose-Hill (sans le retour !) ? Une topette de rhum ? Un petit paquet de biscuit (Sinatambou s’y connaît) ? Même pas un morceau de poisson salé…

Maintenant comparez cela, sur fond musical, au per diem d’un Ken Arian, Barlen Vyapoory, Renganaden Padayachy et vous avez de quoi faire tomber ce gouvernement, comme Viré Mam l’avait, jadis, fait…Vit-on une période de Ré-Viré Mam ?

Les grands discours qui citent Piketty n’accrochent pas. Le public se souvient que les Jugnauth avaient dit ‘out’ pour le projet de métro mais ont dit ‘oui’ une fois au pouvoir. Le public voit que SAJ voulait stopper les constructions d’infrastructures routières car «il y avait des commissions énormes», mais constate que Nando Bodha construit encore plus. Le public ne comprend pas pourquoi l’ancien Premier ministre, qui n’avait jamais évoqué le passage par l’«imposte» de son fils, avait déclaré la guerre aux gaspillages (comme détaillés dans les rapports de l’Audit) et n’a rien pu faire. 

Enfin, le taux de croissance n’a jamais pu dépasser les 4 % alors qu’on nous avait vendu du + 5 % et bien moins de scandales (pour lister ceux-ci, en ordre chronologique, j’aurai besoin de deux pages entières !)... 

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Le communiqué de la Banque centrale affirme que l’utilisation des réserves pour financer la dette publique avant l’échéance de juin 2021 est une pratique internationale. Mais aucun pays n’est mentionné. Aucun exemple n’est donné. Ce serait bien que l’on nous dise à quel(s) pays la BOM fait-elle référence ? S’agit-il uniquement de l’Inde de Modi ? Ou d’un pays où sévit un régime totalitaire comme le Zimbabwe de Mugabé ?  

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«We will also dispose of certain non-strategic assets to reduce the level of government debt.» C’est ce que l’on peut lire au paragraphe 196 du discours du Budget 2019-2020. Alors la question qui s’impose mais qui reste sans réponse : c’est quoi encore ces «non-strategic assets» ? Et comment et à qui seraient vendus ces biens de l’État, c’est-à-dire nos bijoux de famille ? Un gouvernement en fin de législature a-t-il le droit moral d’entreprendre de vendre le patrimoine national ?

Dans la page Tribune de l’express d’hier, un lecteur – Perspicax – nous rappelle qu’en 2000 le gouvernement travailliste, pourtant en fin de règne, avait suspendu les négociations de la vente des parts de Mauritius Telecom car on était à quelques semaines des élections... Par éthique. Est-ce précisément ce qu’il manque, outre le déficit de compétences et le surplus de népotisme, au gouvernement des Jugnauth ?