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Débats budgétaires: Duval demande au board de la Banque centrale de se montrer indépendant

13 juin 2019, 14:23

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Débats budgétaires: Duval demande au board de la Banque centrale de se montrer indépendant

La première partie du discours sur le Budget de Xavier-Luc Duval s’est achevée sur une requête au conseil d’administration de la Banque de Maurice. Le leader de l’opposition lui a demandé de se montrer indépendant, sous-entendu, en n’autorisant pas le gouvernement à puiser dans les réserves de la Banque centrale pour rembourser la dette publique, comme annoncé par Pravind Jugnauth dans le Budget, lundi.

Xavier Duval intervenait dans le cadre des débats budgétaires, qui ont débuté ce jeudi 13 juin, à l’Assemblée nationale. Il a pointé le risque que comportait de transférer les réserves de la Banque centrale (Rs 18 milliards) au Trésor public : la faillite de la Banque de Maurice. Pour simplifier, car cet argent, qui appartient de surcroît à ses créanciers, n’est pas «physique» mais sur papier. Il peut fluctuer. Il peut servir, dans des circonstances exceptionnelles, à protéger la roupie. La loi (Bank of Mauritius Act) ne prévoit pas que le gouvernement puisse y puiser pour une bonne raison.

Promesses non respectées

Autre grand axe du discours du leader de l’opposition : l’échec du gouvernement à respecter ses promesses, faites, notamment dans son premier Budget, celui de Vishnu Lutchmeenaraidoo et par sir Anerood Jugnauth dans la Vision 2030. 

Principale critique : l’impossibilité pour le pays de sortir de la «middle income trap». Et pour Xavier Duval, rien dans le Budget 2019-2020 ne permet d’affronter ce défi, aucune stratégie. «Le Budget ne fournit pas d’analyse, pas de stratégie, pas de solution. Ses seules solutions, ce sont les subventions.» Pour le sucre, le tourisme etc.

L’échec s’est révélé sur plusieurs plans : 

  • - La croissance, qui stagne à 3,8 % au lieu des 5,5 % promis.
  • - La hausse des revenus, de la richesse des habitants (le produit intérieur brut par habitant n’est que de Rs 11 000).
  • - Le relèvement du secteur manufacturier et industriel (la croissance dans l’industrie est passée de 18 % à 12 %).
  • - La fausse baisse du chômage. Même si le taux est à 6,9 % de la population active, ce chiffre est faussé car il est dû aux 22 000 personnes qui ont quitté le marché de l’emploi. Il cite encore la promesse de création de 100 000 emplois de SAJ. «L’an dernier 14 000 personnes de moins ont été embauchées.» Egalement cause d’inquiétude, la faible proportion de femmes actives, sous les 50 %, et le sous-emploi des jeunes.
  • - Le système éducatif ne fournit pas un enseignement de qualité. Le niveau au School Certificate a baissé, les jeunes ne développent aucun sens de l’ambition.
  • - Le logement social : seules 704 maisons ont été livrées. 10 000 avaient été promises.
  • - La réduction de la pauvreté : Xavier Duval cite une étude récente du Collectif Rivière-Noire sur l’envers du décor. Qui dit que la situation s’est aggravée ces dernières années.
  • - Echecs sectoriels : dans le sucre, sans plan de survie ; dans le textile qui connait des pertes d’emploi ; dans les services financiers ; dans les technologies de la communication et de l’information ; et dans les exportations. A ce sujet, il s’est amusé de citer en exemple Prem Koonjoo, dont le secteur, celui de la Pêche, est le seul, d’après GNews, publication du gouvernement, est le seul qui ait connu une croissance des exportations de 2015 à 2018. 
  • Dernier secteur en perdition sur lequel le leader de l’opposition s’est plus longtemps appesanti, le tourisme. Il estime qu’il ne fallait pas subventionner des marchés comme la Chine, qui ne s’intéressent pas à l’océan Indien de toute façon. Il faudrait avant tout s’attaquer au problème du «produit», Maurice. Le rendre à nouveau attractif. Il a à nouveau appelé à freiner la construction d’hôtels ou d’en créer autrement, avec d’autres concepts.
  • - Dernier point problématique avant la Banque centrale : le changement climatique. Il faut moins polluer, y accorder davantage de fonds, mieux traiter les victimes des inondations ou autre…

La suite après le déjeuner…

 

Dans la deuxième partie de son discours, Xavier Duval a demandé plus de transparence dans les chiffres de la dette publique. Il a également abordé la question de la réforme électorale. Il a plus particulièrement demandé d’amender la Constitution afin que les citoyens de pays membres du Commonwealth ne puissent plus avoir le droit de vote au bout de deux ans de résidence à Maurice.

Au sujet de l’octroi de l’augmentation de Rs 1 000 aux fonctionnaires, il a l’impression que le gouvernement crée deux classes de travailleurs. «On ne peut pas avoir un Budget ciblé, on ne peut pas diviser le pays.»

Quant à l’augmentation de Rs 30 pour l’allocation de mauvais temps aux pêcheurs, elle est «inadéquate». «Ils nous nourrissent

Il a exprimé son inquiétude pour la situation économique à Rodrigues, rappelé que le câble à fibre optique MARS n’est toujours pas connecté aux foyers, Internet rame toujours. «Le modèle économique rodriguais doit être repensé, on ne peut pas continuer avec uniquement le secteur primaire de l’agriculture

Puis, il a terminé avec ce qu’il avait mis en place (bunkering, cinéma etc.) et dont le gouvernement actuel bénéficie et la lourde tâche qui attend le prochain gouvernement, puisque les élections sont pour bientôt. «Construire un pays ce n’est pas que du béton, mais surtout des gens.»