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Leçons particulières: des enseignants se font jusqu’à Rs 300 000 par mois…

19 février 2019, 22:20

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Leçons particulières: des enseignants se font jusqu’à Rs 300 000 par mois…

«Nous sommes au courant du phénomène des leçons particulières qui augmentent et nous travaillons dessus. Des efforts considérables seront entrepris afin de s’assurer que tous ceux concernés s’acquittent des impôts perçus sur les revenus provenant de cette activité», déclare à l’express, le directeur de la Mauritius Revenue Authority (MRA), Sudamo Lal. 

Il ajoute que depuis un moment, l’instance a pris des dispositions pour encourager enseignants et tous ceux qui donnent des leçons à déclarer leurs revenus liés à ce business, sur les formulaires d’impôts. Cette mesure a été accompagnée d’une vaste campagne de sensibilisation, surtout à l’attention des enseignants. 

«La MRA est également en contact avec les responsables d’établissements scolaires. C’est le cas dans le primaire, où nous demandons la liste de tous les instituteurs qui donnent des leçons à l’école», souligne-t-il. 

«C’est un fait, on note une véritable reprise des leçons particulières. La démarcation de certains établissements secondaires, les nouvelles Star Schools, y sont pour quelque chose. La compétition n’a pas été éliminée.»

Les employés de la MRA récoltent également des informations précieuses «sur le terrain». «Il n’est pas si simple d’obtenir des informations mais nous ferons de sorte qu’une partie considérable de ceux qui donnent des leçons soit en règle», indique Sudamo Lal. 

Qu’est-ce qui explique ce regain de popularité des leçons particulières ? Bien que la réforme éducative prône «une éducation holistique», la réalité est tout autre. En cause : les différents examens et critères de sélection introduits dans l’enseignement primaire comme dans le secondaire. D’abord, le Primary School Achievement Certificate, incompris par les parents. Mais surtout, les leçons particulières ont pris une nouvelle ampleur vu l’attribution des collèges. C’est l’avis de Vinod Seegum, président de la Government Teachers Union. 

«C’est un fait, on note une véritable reprise des leçons particulières. La démarcation de certains établissements secondaires, les nouvelles Star Schools, y sont pour quelque chose. La compétition n’a pas été éliminée», avance-t-il. Et de préciser que les tarifs pour les leçons à la fin du primaire oscillent entre Rs 400 et Rs 600 par élève. 

Il y a également ces instituteurs qui choisissent de donner des leçons à deux voire trois groupes d’élèves par semaine. Ce qui fait dire à Vinod Seegum qu’avec ce business à temps partiel, des instituteurs peuvent facilement se faire Rs 30 00 par mois. 

Les revenus perçus des leçons particulières sont encore plus importants dans le secondaire. Si auparavant, la «rat race» débutait en Grade 9 (anciennement Form III), afin de concourir pour le School Certificate et le Higher School Certicate, à présent la compétition se fait ressentir dès le Grade 7 (ex-Form I). Pour cause, à partir de l’année prochaine sera introduit le National Certificate of Education, un examen national hautement compétitif pour le Grade 9, qui permettra aussi l’admission dans les académies. 

Selon Ally Yearoo, président de l’Education Officers Union, au moins 40 % des enseignants du secondaire donnent des leçons régulièrement en jours de semaine. Tous ne déclareraient pas leurs revenus, ou alors, que le strict minimum. 

Quid des tarifs demandés ? «En ce qui concerne les Grades 7 à 9, les prix varient entre Rs 300 et Rs 500 par matière. Par rapport aux élèves en Grade 12, ils paient autour de Rs 600 pour des matières qui ne comptent pas de sessions pratiques», avance-t-il. Pour les matières qui nécessitent la pratique, il faut compter entre Rs 1 000 et Rs 1 200. «Je connais des enseignants qui se font jusqu’à Rs 300 000 par mois en donnant des leçons à outrance. Certains le font trois fois par jour. Soit, le matin, avant le boulot, 6 heures à 7 h 15, de 15 h 30 à 17 heures et de 17 heures à 19 heures», affirme Ally Yearoo. 

Il soutient que cette tendance se maintiendra aussi longtemps que la demande des parents se fera ressentir. Ces derniers n’hésiteraient pas à dépenser jusqu’à Rs 10 000 par mois pour des leçons particulières au secondaire.