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Accident de Mapou: après le choc, la désolation

16 janvier 2019, 20:30

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Accident de Mapou: après le choc, la désolation

«Mo péna parol pou espress mo dézolasion pou sa kinn arivé là. » Roodrasen Boodhoo, l’oncle de Rajkamal (Kushal) Boodhoo, résume tout le ressenti de ces familles brisées après l’accident de Mapou. Les funérailles de deux des victimes ont eu lieu ce mercredi 16 janvier après-midi à Fond-du-Sac et à Plaine-des-Papayes, pour Adarsh Jeeneea.

Une sortie de route, un incendie et quatre décès. C’est ce qui s’est passé aux petites heures de mardi 15 janvier à Mapou. Une BMW conduite par Adarsh Jeeneea, un cuisinier de 22 ans, a percuté un arbre et a pris feu. Pris au piège, ses trois passagers et lui ont péri.

Quatre familles sont anéanties par cette tragédie. Les victimes Rajkamal Boodhoo, connu comme Kushal, un policier de 25 ans, Adarsh Jeeneea, Desigen Nulliah, un étudiant de 24 ans, et Bibi Yusriah Ruhomally, une sagefemme de 22 ans travaillant à l’hôpital Jeetoo, avaient des projets plein la tête. Kushal Boodhoo aurait fêté ses cinq ans de service au sein de la force policière hier.

Un jeune habitant de Rivière-du-Rempart a été entendu par des policiers de Piton à titre de témoin. Il a confié avoir participé à une partie de pêche à Poste-Lafayette en compagnie des quatre victimes. Il est retourné à Rivière-du-Rempart aux alentours de minuit. La mère de Yusriah Ruhomally a, elle, déclaré aux enquêteurs que sa fille était amie avec Kushal Boodhoo.

 
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Flammes

Il était 1 h 06 mardi. Un véhicule du poste de police de Piton était en patrouille sur la route Royale de Mapou. Il se dirigeait vers l’autoroute. Soudain, une voiture qui roulait à plus de 140 km/h l’a dépassé. Après avoir parcouru une distance de 300 mètres, les policiers ont vu la BMW rouge percuter de plein fouet un arbre à gauche de la route.

Le feu s’est, immédiatement, déclenché dans le véhicule. Les flammes étaient si puissantes que ces policiers n’ont pu s’approcher du véhicule ou utiliser un extincteur. L’alerte a été donnée et les sapeurs-pompiers de Piton ont été mandés sur les lieux dans les minutes qui suivent.

Entre-temps d’autres policiers du poste de police de Piton, ceux de la Divisional Supporting Unit et de l’Emergency Response Service se sont aussi déplacés sur le lieu de l’accident. Cette partie de la route a été fermée à la circulation.

Tout indiquait, selon les premiers policiers qui étaient sur place, que les victimes qui étaient à bord de la BMW étaient inconscientes après cette collision, car il n’y avait aucun mouvement visible ou de cris à bord. Après que le feu a été circonscrit, les sapeurs-pompiers ont découvert les quatre corps brûlés dans le véhicule qui n’était plus qu’un amas de tôle calciné.

Prélèvements

Des éléments du Scene of Crime Office sont arrivés sur le lieu de l’accident quelque temps après. Après que le lieu de l’accident a été examiné, les quatre corps ont été retirés et transportés à la morgue de l’hôpital du Nord.

Les cadavres ont par la suite été transférés à la morgue de l’hôpital Jeetoo pour les autopsies. Celles-ci ont été pratiquées par le Dr Sudesh Kumar Gungadin et le Dr Maxwell Monvoisin, respectivement chef du département médical de la police et Principal Police Medical Officer. Ils ont attribué les décès des trois hommes à une asphyxie alors que Yusriah Ruhomally est morte à la suite de ses multiples blessures.

Des prélèvements ont également été effectués sur les victimes pour des analyses toxicologiques. Des officiers du Forensic Science Office de Réduit étaient aux District Headquarters de Piton pour examiner la BMW calcinée, remorquée à cet endroit.

L’enquête est menée au poste de police de Piton, sous la supervision de l’assistant commissaire de police, Kishore Dawoonarain, Northern Divisional Commander.

 

(De g. à dr.) Adarsh Jeeneea, Kushal Boodhoo, Desigen Nulliah et Yusriah Ruhomally ont été pris au piège dans la voiture en proie aux flammes.

Adarsh Jeeneea rêvait d’ouvrir son restaurant

Adarsh Jeeneea est parti avec son rêve : celui d’ouvrir un jour son propre restaurant. Le jeune de 22 ans exerçait comme cuisinier à l’hôtel Azuri à Roches-Noires. Après avoir fait son School Certificate, il s’était joint à l’École hôtelière pour se spécialiser dans la cuisine. Il vouait aussi une passion à sa voiture, une BMW qu’il avait achetée.

Adarsh Jeeneea avait un frère. L’oncle de son père, Balram Jeeneea, 74 ans, est très attristé. Adarsh, confie-t-il, était un jeune débrouillard. Comme les autres membres de sa famille, souligne le septuagénaire, sa mère Sadna est inconsolable. Son père qui était parti pour la Tunisie le 7 janvier afin de travailler dans une usine de textile comme Quality Controller regagne le pays ce matin.

Kushal Boodhoo, «Un policier modèle»

Au domicile des Boodhoo à Fond-du-Sac, c’est l’incompréhension. Jayraj Boodhoo, 59 ans, un caporal, a du mal à accepter la mort de son fils, Rajkamal Boodhoo, dit Kushal. Hier, son fils devait fêter ses cinq années au sein de la police. Le jeune de 25 ans, qui aspirait à devenir sergent, était un policier modèle, dit son père. Il s’inspirait beaucoup du quinquagénaire qui compte 40 ans de service, le sollicitant pour des conseils. «Il était obéissant et discipliné.» Il avait deux soeurs et un frère. Lundi après avoir terminé son service à 15 heures, Kushal Boodhoo est rentré chez lui. En début de soirée, il a quitté la maison. Il avait l’habitude de faire des sorties avec ses deux amis, Desigen Nulliah et Adarsh Jeeneea, raconte son père.

Desigen Nulliah allait étudier à l’université

Desigen Nulliah, 22 ans avait dit à sa mère qu’il sortait avec des amis. Sivalingum Nulliah, 50 ans, son père, raconte que son fils, un passionné de mécanique, devait entamer des études à l’université de Maurice cette année. Ce père de deux enfants explique que son fils était irréprochable et qu’il a été fauché à la fleur de l’âge. «Li ti enn bon zanfan li pa ti éna oken vis. Li ti byen pros ar so la fami», confie Sivalingum Nulliah.

Yusriah Ruhomally identifiée par un porte-clés

À la morgue à l’hôpital Jeetoo, une atmosphère lourde et pesante se faisait sentir. La mère de Bibi Yusriah Ruhomally, une Nursing Officer de 22 ans, au sein de l’établissement, éclate en sanglots après avoir procédé à l’identification du corps de sa fille. C’est l’un de ses collègues, qui lui avait offert un porte-clés en cadeau, qui a confirmé son identité. Les collègues de Bibi Yusria Ruhomally étaient venus apporter leur soutien à sa mère. Cette dernière, abattue, n’a souhaité rien dire. Les quelques proches qui accompagnaient la mère de la jeune femme expliquent que Yusria Ruhomally s’était fiancée récemment.